Dans une correspondance venant du département de l’Education nationale, il ressort que le lycée public de Bourem porte désormais le nom d’Aïchata Alassane Cissé dite Chato. Ce qui confirme la décision de l’autorité intérimaire du cercle qui tenait à cela. Pour leur part, des forces vives contestent l’annonce ministérielle et exigent « l’annulation pure et simple » de la décision.
« Monsieur le Président, j’accuse réception de votre décision N°006/A.I.C.B/2022 du 29 décembre 2022, par laquelle vous nous informez de la nouvelle dénomination du lycée public de Bourem qui prend désormais le nom de ‘’ lycée public Aïchata Alassane Cissé dite Chato de Bourem’’ », confie-t-on dans la correspondance ministérielle adressée, le 3 janvier dernier, au Président de l’autorité intérimaire de Bourem. « Il me plait de vous féliciter pour les efforts que vous déployez pour le développement du lycée de Bourem. Je vous exhorte à poursuivre la mobilisation de tous les acteurs et partenaires de l’école, pour apporter les réponses appropriées aux défis qui se posent à l’éducation dans le cercle », lit-on dans le document signé par Kinane Ag Gadeda, secrétaire général de Mme Sidibé Dédéou Ousmane, ministre de l’Education nationale du Mali. Cette information, censée mettre un terme aux tergiversations et discussions autour du lycée, reste contestée par des forces vives. Ces dernières trouvent que cette correspondance, adressée à l’autorité intérimaire, « n’est en réalité qu’un accusé de réception utilisée sur les réseaux sociaux, pour faire croire que c’est un acte administratif officialisant le baptême du lycée au nom de Chato ». Une simple lecture de cette lettre montre à suffisance qu’il ne s’agit, selon les Forces vives dirigées par le Dr. Bonkana Maïga, « que d’un simple accusé de réception comme l’exige la courtoisie administrative ».Lequel ne constitue en aucun cas l’officialisation du baptême, ajoute-t-on. Le mouvement estime qu’il y a beaucoup d’incohérences, voire un manque de rigueur dans la démarche de l’autorité intérimaire du cercle. Le baptême d’un établissement public ne saurait être pris autant à la légère. « Nous ne l’acceptons pas. Dans des messages vocaux qui circulent, des personnalités semblent confirmer un chantage fait par la personnalité politique en question : le baptême du lycée à son nom en échange de l’électrification du lycée et autres dons. C’est inadmissible », ressort-on dans le communiqué publié ce jeudi, 12 janvier 2023, par le camp Bonkana. La tendance énonce attirer l’attention des plus hautes autorités sur le danger pour la cohésion sociale que présente ce passage en force des autorités intérimaires du cercle. Et de déclarer : « Nous réaffirmons notre demande d’annulation pure et simple de la décision unilatérale qui n’a fait objet d’aucun consensus ».
Des divisions au sein de la société
Rappelons qu’en date des 10 et 11 janvier, deux tendances se réclamant des forces vives de Bourem ne cessaient de se prononcer sur la problématique. Pendant que les membres d’une tendance soutenaient la décision de l’autorité intérimaire du cercle sur la question, l’autre camp jugeait ladite décision d’illégitime. Il s’agissait, en clair, de la tendance dirigée par le Dr Bonkana Maïga, et celle chapeautée par certains leaders de Bourem. Dans un procès-verbal datant du 9 janvier 2023, des responsables se réclamant des forces vives annonçaient avoir tenu une assemblée générale pour soutenir la décision de l’autorité intérimaire. « Le 9 janvier 2023, s’est tenue une assemblée générale des forces vives de Bourem, au domicile du chef de village de Bourem, pour apporter un démenti d’une prétendue force vive de Bourem, qui s’oppose à attribuer au lycée public de Bourem le nom d’Aïchata Alassane Cissé dite Chato ». Parmi les signataires du PV attestant la tenue de l’assemblée figure Amadou Mahamane Touré, maire et chef de village de Bourem ; Jahou Mahamane Touré, président autorité intérimaire du cercle, Albakaye Ould Alhassane, président de la commission éducation de l’autorité intérimaire de Bourem… Pour sa part, la tendance Bonkana a contesté la tenue de toute assemblée générale par lesdits responsables. Via un communiqué publié le 11 janvier, ce camp s’opposait à la décision « unilatéralement » prise par l’autorité intérimaire, pour baptiser le lycée au nom d’Aïchata Alassane Cissé dite chato. « Nous, forces vives, citoyens du cercle de Bourem, épris de justice et de cohésion sociale, vecteurs et acteurs de paix, informons l’opinion locale, nationale et internationale de notre indignation face à la lecture d’un procès-verbal d’une assemblée générale, tenue précisément le 9 janvier 2023 au domicile du chef de village et maire de la commune chef-lieu du cercle, signé par une prétendue force vive de Bourem soutenant la décision de l’autorité intérimaire datant du 29 décembre 2022 ». Des propos de la tendance Bonkana Maïga, aucune assemblée générale n’a été organisée ni avec « la prétendue force de vive, ni avec les autres composantes de la société civile, avant la décision de l’autorité intérimaire. Nous mettons au défi les autorités intérimaires de nous fournir un quelconque PV d’une assemblée générale sur ce sujet ».