La célébration du 14 janvier comme journée de la souveraineté retrouvée est un évènement plein de sens pour la transition malienne. Cette journée scelle une alliance entre les autorités maliennes et le petit peuple, ces millions de citoyens qui ont démontré dans la rue leur adhésion à la vision des militaires et des civils qui gouvernent le pays depuis l’évincement en mai 2021 de Bah Ndaw de la présidence de la République avec son Premier ministre Moctar Ouane.
Les raisons de la popularité de la transition résident dans la façon dont l’opinion publique et les autorités convergentes sur le plan de la gouvernance. D’abord, le 14 janvier 2022 a montré que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) et leurs partenaires ont commis une grosse erreur en imposant des sanctions économiques et financière contre le Mali. En réalité, la CEDEAO n’a jamais été du côté du peuple malien qui se battait contre un système de gouvernance en déphasage avec la perception des citoyens fatigués d’une guerre imposée.
Les partenaires de la CEDEAO, à savoir les pays de l’Union Européenne, ont travaillé contre les choix stratégiques des autorités maliennes. Or, les militaires qui ont évincé Bah N’Daw du pouvoir ont inscrit leur agenda dans le parachèvement du soulèvement populaire qui a conduit au coup d’Etat contre IBK. La France a surtout combattu les militaires parce que ces derniers voulaient se rapprocher davantage à la Russie pour obtenir des armes et du matériel militaire que les Occidentaux ont toujours refusé aux Maliens sous IBK.
Assimi Goïta, président de la transition, est devenu populaire lorsque les Maliens ont vu des armes et des avions militaires russes sur le tarmac de l’aéroport Modibo Keïta de Senou. Ces acquisitions ont été des éléments déclencheurs de l’embargo que la CEDEAO et l’Union économique et monétaire ouest africaine(UEMOA) ont imposé au Mali. Le mot d’ordre des auteurs des sanctions, c’étaient la fin du partenariat militaire et économique entre le Mali et la Russie.
Les Maliens ont particulièrement mal pris les déclarations d’intimidation de la part du présent Français Emmanuel Macron à la veille de l’embargo. Ce dernier a clairement déclaré qu’il allait demander aux dirigeants de la CEDEAO de punir le Mali pour son choix de faire affaire avec les Russes. Les ministres français de la Défense et des Affaires étrangères ont également joué un rôle déterminant dans la dégradation des relations entre le Mali et ses voisins. Florence Parly, alors ministre française de la Défense, avait eu le culot de déclarer à Dakar que les Russes ne doivent pas être déployés au Mali, qu’il s’agisse des soldats ou de la milice Wagner.
La pression de l’ancienne puissance coloniale et de la CEDEAO ont renforcé le sentiment nationaliste chez les Maliens. Tout se passait comme si les autres devaient choisir les partenaires du Mali à la place des Maliens. La population a donc bien accueilli l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali, la fermeture des médias France 24 et RFI, entre autres décisions de représailles de la part des autorités de la transition.
Mais une des raisons de la confiance de la population aux autorités actuelles réside dans l’équilibre entre les forces du changement et les militaires. En choisissant Choguel Kokalla Maïga comme Premier ministre, Assimi Goïta a fait le choix de rester fidèle à l’esprit du soulèvement populaire ayant mis fin au régime d’IBK. Le Premier ministre n’allait pas tarder à convaincre les Maliens et les panafricanistes avec son discours à la tribune des Nations Unies en 2021.