Le temps suffira-t-il pour effacer des archives le reliquat des crimes imputables à l’ancienne junte de 2012. En moins d’une année de leur prescription totale, la question continue d’être mis sous le boisseau. Mot n’en a été pipé, en tout cas, lors du procès tenu au pied levé au détour d’une certaine Loi d’entente nationale. Cette dernière a été notamment assortie, pour les besoins de la cause, d’un règlement à l’amiable en bonne et due forme avec les familles et ayants-droits des victimes, lesquels ont accepté des compensations matérielles et financières contre un renoncement à venger la perte de proches. Il s’agit, comme il est loisible de le comprendre, du dossier des 23 bérets sauvagement assassinés et recueillis dans les fosses communes du village de Diago, non loin de Kati, suite aux affrontements armés entre commandos parachutistes et leurs frères d’arme des autres corps. Quid du traitement de l’autre dossier tout aussi rocambolesque, en l’occurrence l’assassinat du colonel Issouf Traoré. Acteur du CNRDRE et compagnon d’Amadou Aya Sanogo, il avait également fini dans une fosse commune comme les bérets rouges, à quelques encablures de l’arrestation de Sanogo et coaccusés. Dans la foulée de l’abandon de poursuites pour le dossier des bérets rouges, aucune mention n’a été faite de la procédure de l’affaire Colonel Youssouf Traoré et autres, qui est pourtant différente du dossier plus célèbre des «bérets rouges». Même omerta du côté des ayants-droits de la nouvelle vague de victimes qu’on n’entend pas jaser ni protester contre une intention apparente de laisser le dossier mourir dans les tiroirs du temps pénal. Et pour cause, l’extinction des charges interviendra en novembre prochain et tous semblent s’accommoder du silence qui entoure le gênant dossier.