Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Point de vue : Le résultat du coup d’État contre IBK n’est pas sain : ils sont en train de pirater la conscience collective
Publié le samedi 21 janvier 2023  |  Le challenger
Le
© Autre presse par DR
Le président de la Fédération des artistes du Mali (FEDAMA) Alioune Ifra Ndiaye.
Comment



Je dois reconnaitre que la situation d’aujourd’hui est loin de ce que j’ai rêvé à l’époque pour le Mali. De ce que j’observe, j’espère me tromper, les militaires ont décidé de garder le pouvoir. Et c’est très facile pour eux. Parce qu’on a laissé la société en mode survie. Elle est occupée par des choses plus pressantes : trouver de quoi manger, payer l’école des enfants, se loger, dépenser énormément d’énergie pour obtenir le moindre service public (un papier judiciaire dont l’obtention peut durer un an, une carte d’identité, un marché public, une couverture sociale… )



Contre mes principes, je fais partie des premières personnes à avoir publiquement soutenu le coup d’État contre IBK, tant la situation politique nous amenait au mur.

Je fais également partie des très rares personnes qui ont dénoncé le coup d’État, qu’ont été les dernières élections législatives, perpétré par l’ensemble du personnel politique contre les électeurs : avec la complicité des institutions judiciaires, partis d’oppositions et partis du pouvoir se sont mis sur la même liste à ces élections, nous empêchant de sanctionner la gouvernance d’IBK. Cela à été la première fois de ma vie active que je refuse de voter. Ce même personnel politique, avec encore la complicité des institutions judiciaires, ne s’est pas accordé sur le résultat de leur coup d’État d’élections et s’est mis à s’entredéchirer pendant que le Mali cessait de fonctionner.

On se disait à l’époque qu’un coup d’État est le moindre mal qui puisse nous arriver. D’où mon soutien clair et net.

J’avais proposé tout de suite qu’on dissout la constitution, que la transition finit le mandat d’IBK, qu’on envisage tout de suite une 4ème République. Que chaque secteur ministériel soit confié à des professionnels efficaces et reconnus, qui ont une culture de résultats. Et que ces personnes ne soient pas en mesure de se présenter aux prochaines élections.

Qu’on fasse une amnistie générale de tous les faits qui ont eu lieu de 1960 à ce jour. Qu’on invite les fonctionnaires et les militaires milliardaires à sortir de la fonction publique et à se positionner comme investisseurs dans le nouveau climat d’affaire qu’on allait construire.

Qu’on profite de ces 3 ans pour assainir fondamentalement la fonction publique et le personnel politique en créant les conditions objectives pour faire émerger un personnel rajeuni, compétent, avec de nouvelles pratiques administratives et politiques axées sur le résultat. Qu’on numérise fondamentalement le fonctionnement de l’administration publique et rendre traçables toutes les décisions publiques.

Que l’armée qui commençait à avoir des corps véritablement combattants, grâce au programme EUTM de l’Union Européenne, puisse s’associer un corps autonome de BTP. Ainsi, partout où l’armée rase, qu’on y construise tout de suite des villages modernes écologiquement intelligents, avec des connections internet, des caméras de surveillance, des forages, de l’énergie solaire, du bio-gaz, un programme de plantation de dizaines de milliers d’arbres, de petits ateliers et entreprises liés aux pratiques locales, et des boutiques de vivres subventionnées. Etc…

Qu’avec ces réalisations concrètes, qu’on nourrisse un nouveau récit Mali qui permet au malien de définir son présent par le futur à construire ensemble et non par les échecs, les ressentiments du passé et les contingences ethniques.

Je dois reconnaitre que la situation d’aujourd’hui est loin de ce que j’ai rêvé à l’époque pour le Mali. De ce que j’observe, j’espère me tromper, les militaires ont décidé de garder le pouvoir. Et c’est très facile pour eux. Parce qu’on a laissé la société en mode survie. Elle est occupée par des choses plus pressantes : trouver de quoi manger, payer l’école des enfants, se loger, dépenser énormément d’énergie pour obtenir le moindre service public ( un papier judiciaire dont l’obtention peut durer un an, une carte d’identité, un marché public, une couverture sociale… )

Dans cette situation, si on a le pouvoir, c’est tellement facile de pirater l’imaginaire de la société en l’inondant d’informations sans pertinence, pour s’octroyer le pouvoir de décider à sa place. C’est ce que fait malheureusement les autorités de la transition. Je précise que cette pratique n’a pas commencé par eux. Mais on aura espéré que ça allait s’arrêter avec eux. Mais elle finit toujours par une rupture préjudiciable au pays, parce que ce n’est pas tenable, même sur du moyen terme.

C’est d’autant plus frustrant que nous sommes à une époque d’opportunités extraordinaires que nous offre la nouvelle géopolitique mondiale émergente pour nous réinventer.

Je pars du principe que l’humanité s’est développée sur la base de 3 traditions : la tradition du verbe, la tradition de l’écrit et aujourd’hui commence la société de la tradition numérique. Les rapports mondiaux vont radicalement changer dans les 15 à 30 ans à venir avec comme enjeux majeurs la préservation de la planète et la culture. Les négociations pour codifier les nouveaux rapports mondiaux ont commencé par les différents COP… Je crois qu’on est à la COP 27. Le COP 28 est en préparation.

Les sociétés dites développées ont besoin de 30 à 50 ans de transition écologique pour se mettre à niveau de ces nouveaux codes et opportunités mondiaux. Au Mali, nous, nous avons besoin de zéro seconde pour nous y mettre.

Cependant, c’est du « sékoutouréïsme », du « dictaturisme éclairé », du « père de la Nation », du « ainé de la Nation sans être le plus âgé », des récits d’un autre siècle, qu’on nous impose.

Ils sont en train de pirater notre conscience collective !

Bonne fête de journée de la souveraineté retrouvée !

Alioune Ifra Ndiaye.
Commentaires