Au Mali, la gestion bazardeuse de l’argent public par des groupuscules enracinés dans un système d’enrichissement illicite sur le dos du contribuable est une triste réalité. Et si l’on s’en tient à un document confidentiel de dénonciation de faits, adressé au Vérificateur Général, avec ampliation faite au Président de la Transition, au Centre National de Promotion du Volontariat au Mali (CNPV), c’est des singes dans un champ de pastèques. Les détails !
Le CNPV, pour ceux qui ne le savent pas, est un établissement public à caractère administratif, créé par la loi N°2011-052 du 28 juillet 2011 et placé sous la tutelle du Ministre de la Jeunesse et des Sports, avec en son sein, des coordinations régionales.
En ayant la note de dénonciation de faits adressée aux autorités citées plus haut, en face, on a l’impression qu’au centre national de promotion du volontariat, le dernier public est partagé comme un héritage familial.
Selon les mêmes sources, de sa création à nos jours, le CNPV a sombré dans une gestion opaque et sulfureuse des ressources mises à sa disposition pour fonctionner et atteindre des résultats, conformément aux objectifs à lui assignés. Qu’à cela ne tienne, cet établissement public n’a connu aucune vérification, faisant ainsi ceux qui l’ont conquis, des roitelets spécialisés dans la discrétion.
Cependant, dans le souci de vérifier le bien-fondé des informations à notre disposition, Le Soft a contacté les hauts responsables du CNPV. Concernant les vérifications de la gestion dont souffrirait la structure, le DG du CNPV en la personne de Sékou Coulibaly qui n’eut le courage de reconnaître que le CNPV n’a jamais connu de vérification par une structure spécialisée, nous a présenté une note d’arrêt des comptes signée de deux inspecteurs de finances. La nuance est donc de taille.
Par contre, contrairement à un budget d’un peu plus de 200 millions de francs CFA qu’a évoqué le Directeur Général qui nous a grandement ouvert ses portes, des documents fournis à notre rédaction par d’autres sources attestent que pendant cinq exercices, cet établissement a bénéficié d’un budget annuel cumulé, qui dépasse 400 millions de nos francs, de l’Etat d’une part et des partenaires d’autre part. Destinée à servir les populations, « cette bagatelle a été pour la plupart partagée et dilapidée de façon honteuse », appuie le dénonciateur anonyme.
Mieux, lors du 11ième Conseil d’Administration du CNPV tenu en août dernier, présidé par le Ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Mossa Ag Attaher, en présence de l’équipe dirigeante du CNVP avec à sa tête son DG Sékou Oumar Coulibaly et de l’ensemble des administrateurs, il a été clairement affirmé (voir les rapports officiels présentés) que ‘’le CNPV a mobilisé et exécuté à hauteur de 99,98%, 451 315 092 FCFA dont 174 599 705 FCFA au titre de la subvention de l’Etat et 276 715 387 FCFA en provenance des partenaires’’. Ce qui rabat le caquet à la version du Directeur Général qui maintient, avec insistance, n’avoir jamais obtenu un budget supérieur à 200 Millions FCFA en présence d’un de ses conseillers.
Selon les mêmes sources, « cette mauvaise gestion érigée en système, dans la discrétion la plus totale, s’est illustrée entre autres, par des attributions douteuses, voire fictives de marchés sur le budget d’Etat et celui des partenaires dont le PNUD dans le cadre des sous-traitances sur différents projets de développement, en dehors de toutes les règles régissant les marchés publics en République du Mali ». Ce n’est pas tout !
Au CNPV, même les ressources propres générées par le service connaissent une utilisation clanique à des fins personnelles des princes, nous est-il revenu.
Il nous est également revenu que des dépenses justifiées comme étant attribuées aux coordinations régionales atterrissent vers d’autres destinations. En attestent « les traces de versements des sommes importantes dans les comptes bancaires de certains agents », déjà fournis au Bureau du Vérificateur Général.
A cela également s’ajoutent « les cas volatilisation constatés des sous générés comme ressources propres du service », ajoutent nos sources. Ce qui s’est d’ailleurs manifesté par des manœuvres mafieuses.
Toujours guidés par le dessein de s’enrichir, des responsables de la structure se seraient aussi mouillés dans la surfacturation de commun accord avec des fournisseurs. Ce qui crée des parts non négligeables revenant au Directeur et à son clan dont l’agent comptable, le responsable des ressources humaines, le chef du département communication, et le conseiller technique.
Selon nos sources, « pour le sain partage des parts, les fournisseurs remettent les feuilles à l’agent comptable qui se charge du partage ».
De même, d’autres sources révèlent que des responsables publics ont mis en place des pratiques vicieuses avec des fournisseurs fictifs qui ne sont en réalité autres que leurs amis personnels, frères, amis et cousins. Le deal est, selon nos sources, que le seul rôle de fournisseur se limite à retirer les montants virés sur son compte bancaire et au nom de sa société, le reverse à l’agent comptable du CNPV. Au bout du compte, l’ami déguisé en prestataire se chargera de ramener les sous et des documents justificatifs, sans jamais fournir même un stylo (nous vous épargnons des détails).
Dans nos enquêtes, il nous est revenu que l’une de ces sociétés mouillées dans cette affaire ; en l’occurrence FLORA COM, inscrite dans les livres de la BOA, appartient au Responsable des ressources humaines du CNPV Monsieur Abdoulaye Baba DIABATE. Le Soft qui a également pu mettre la main sur une attestation de déclaration mensuelle de la TVA qui permet de mener jusqu’au Sieur DIABATE, a tenté de creuser plus profondément.
Qu’à cela ne tienne, d’autres sources documentées révèlent des traces de versements financiers de sommes importantes d’argent sur les comptes bancaires personnels de plusieurs agents dont le chargé de la Communication et un conseiller du Directeur Général.