Un certain nombre de figure dans des domaines aussi divers que variés viennent d’être sacrés Trésors humains vivants. Parmi ces personnalités figure le Chérif Bouyé de Nioro. Loin de moi de remettre en cause son leadership sur le plan religieux, mais cette récompense n’est ni plus ni moins que celle d’un fervent soutien politique à la transition. Le Chérif de Nioro est aujourd’hui l’un des rares chefs religieux à soutenir sans réserve les autorités de la transition. Sinon comment comprendre que son homonyme de Banconi, Chérif Ousmane Madani Haïdara et l’imam de Badalabougou, Mahmoud Dicko, ne soient pas récompensés de la même manière que lui, étant entendu qu’ils ont tous en commun de drainer une immense foule des adeptes, une certaine aura sur l’échiquier politico-religieux et sont tous leaders religieux. Ainsi tout porte à croire que le choix du Cherif de Nioro parmi tous ces leaders religieux ne saurait s’expliquer que par ses accointances, voire son soutien sans réserve au pouvoir transitoire et de surcroit à tous les régimes qui se sont succédé au Mali. En effet, le Chérif de Nioro a été le parrain de la presque totalité des régimes qui se sont succédés au pouvoir au Mali. Excepté Alpha Oumar Konaré qui a su garder une certaine distance vis-à-vis de tous les leaders religieux sans les combattre véritablement. Tous les autres régimes se sont remis pieds et mains liés au Chérif de Nioro, au point qu’il faisait et défaisait tout au Mali. On dit même que l’actuel premier ministre Choguel K Maiga lui doit son maintien à ce poste. En effet, du régime le plus dictatorial qu’est celui du général Moussa Traoré, au régime démocratique le plus corrompu qui est celui d’Ibrahim Boubacar Keita, en passant par le régime d’Amadou Toumani Touré, ATT, le Chérif de Nioro a été au cœur de la gestion du pouvoir au Mali durant les 40 dernières années. Et pourtant le tableau que l’on dresse de ces quatre décennies de gouvernance est loin d’être reluisant, pour ne pas dire qu’il est sombre. Alors pourrait-on dédouaner le Chérif du bilan catastrophique de la gestion des affaires publiques au Mali ? La réponse est logiquement non. Doit-on récompenser celui qui a sa très grande part de responsabilité dans la chaotique situation dans laquelle se trouve embourber notre pays ? Qui ne se rappelle pas des propos du Chérif de Nioro se glorifiant d’avoir contribué financièrement et en termes de mobilisation, à l’élection d’IBK ? On dit même qu’il aurait conseillé à IBK de laisser son fils Karim Keita de se présenter aux législatives de 2013, la suite est connue. Le régime IBK est réputé être l’un des régimes les plus corrompus au Mali et pourtant ce régime a été soutenu jusqu’à sa chute par le Chérif Bouyé de Nioro, même le gouvernement restreint qui a été mis en place aux heures chaudes de la contestation populaire contre le régime IBK et qui était dirigé par le PM Boubou Cissé, avait en son sein le protégé du Chérif en l’occurrence Abdoulaye Daffé, comme ministre des finances. Pour rappel ce que le chérif de Nioro n’a jamais pardonné au Mouvement démocratique c’est le fait d’avoir fait partir son régime préféré qui était celui du général Moussa Traoré. En définitive on lui aurait attribué le prix de la longévité politique ou religieuse personne n’allait crier au scandale, car il a été l’un des témoins vivants de tous les tournants et soubresauts qu’a connus le Mali pendant les cinq décennies passées, mais faire de lui le trésor humain vivant ne pourrait relever que de la complaisance, car un trésor est supposé renfermé des précieuses matières pouvant servir positivement un peuple.Youssouf Sissoko