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Décryptage : Le dilemme politique de la transition
Publié le samedi 4 fevrier 2023  |  Mali Tribune
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© aBamako.com par A.S
Audience accordée par le chef de l`Etat au premier ministre Choguel Kokalla MAIGA
Bamako, le 25 novembre 2022. Après une retraite médicale de quelques mois, le Dr Choguel Kokala MAIGA, Premier ministre, Chef du Gouvernement a,, pour sa première sortie publique, été reçu en audience à Koulouba par le Président de la Transition, Son Excellence le Colonel Assimi GOITA, Chef de l’État.
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L’exécutif malien doit infailliblement trouver le point d’équilibre entre la lutte contre le narco-terrorisme et la marche progressive vers le retour à un pouvoir civil.

Iyad Ag Ghaly, l’homme à plusieurs masques

Certes, pour extraire les Maliens des griffes du régime Ibrahim Boubacar Kéita, il y a eu une propulsion spectaculaire de l’Armée au sommet de l’Etat, grâce aux révoltes populaires du M5-RFP. Oui, le départ de Barkhane a suscité un sentiment de fierté chez une partie des Maliens en vue d’une gestion autonome du territoire. Effectivement, l’arrivée des Russes a suscité de l’espoir chez une partie des Maliens, qui croyaient à une déroute des narcoterroristes. Oui, il y a eu la résistance des Maliens face aux sanctions économiques et monétaires de la Cédéao et de l’Uémoa. Mais, hélas ! Il y a un reflux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) sous l’élan de son chef, Iyad Ag Ghaly, que certains croyaient malade ou affaibli. Ag Ghaly a profité de l’effacement de l’Etat dans le Liptako Gourma pour rebondir : recrutement de combattants, alliance avec les communautés… Il serait parvenu à consolider ses positions face à son ennemi sur le terrain l’EIS (Etat islamique au Sahel), anciennement appelé EIGS. Ici, à Bamako, on réfléchit. Chacun joue sa propre musique. Entre-temps, Ag Ghaly, homme à plusieurs masques, place ses pions.

Les scénarios du retour d’Iyad Ag Ghaly

Iyad Ag Ghaly a survécu au contreterrorisme, contrairement à son ennemi de l’EIGS, Adnane Abou Walid al-Sahraoui (Sahraoui), tué dans une frappe française en 2021, succédé depuis par Abu al-Bara al Sahraoui. Kidalois et Ifoghas, Iyad Ag Ghaly a été conseiller consulaire du Mali à Djeddah en Arabie saoudite.

Déchiré entre l’idéologie salafiste et la défense des intérêts communautaires, Ag Ghaly a épousé les causes du radicalisme dans les années 2000. Période à partir de laquelle, il est devenu négociateur des otages occidentaux, enlevés par Mokhtar Belmokhtar d’Aqmi (ancien du GSPC Algérien, mort en mars 2013) et Abou Zeid (ancien du GSPC algérien, mort en février 2013).

L’ancrage territorial et les réseaux communautaires d’Ag Ghaly lui servent de strapontin pour s’imposer plus facilement sur le terrain. Aujourd’hui, deux scénarios principaux se dessinent pour décrypter le retour d’Ag Ghaly : construire un Etat islamique dans le Nord du Mali ou devenir un acteur incontournable d’éventuelles négociations avec l’Etat malien. Donc, Ag Ghaly pourrait bien s’inscrire dans des alliances préventives.

Rappelons qu’Ag Ghaly a été un des acteurs majeurs des accords de paix (Tamanrasset 1991) sous médiation algérienne. Ces accords ont abouti à la cérémonie de la Flamme à Tombouctou (mars 1996) sous le régime de Président Alpha Oumar Konaré. Par ailleurs, à l’image du Président Konaré, la sagesse politique commande à la Transition actuelle de s’engager sur les itinéraires de la paix pour gagner la lutte contre le narco-terrorisme, ce monstre qui a bouleversé les équilibres locaux et géopolitiques.

Les parfums de paix

Nous devons donc mettre de la paix partout où c’est possible, comme dans les futurs scrutins pour préserver le peu de sang malien qui coule encore dans nos veines. Par exemple, la réussite du référendum, des législatives ou de la présidentielle (février 2024) est aussi à mettre en lien avec notre capacité à nous rassembler. Question de responsabilité ! N’y voyez pas un manque de respect. Ni les essentialisations des crises, ni les amitiés forcées à Bamako ne doivent avoir raison de l’acteur principal de notre existence : la vie.

Gouverner le Mali, c’est donc résoudre ce dilemme politique où l’équilibre se trouve dans notre capacité à ne plus mettre du clivage, à ne plus s’opposer les uns aux autres, mais à œuvrer pour la paix. Le trauma de la guerre a tant sévi. L’odeur de la mort devrait nous saisir. Les enjeux de paix ne peuvent pas être des guerres de tranchée entre partisans et non partisans de la Russie ou de la France. Ils ne peuvent pas se confondre avec une espèce d’assignation idéologique alors que les populations du Liptako Gourma croulent sous le déferlement de violence de leurs bourreaux. Le quotidien de ces populations devra susciter, chez chaque Malien, la solidarité et l’humanité.

Adopter l’intelligence de l’indicateur

D’ailleurs, tentons d’adopter l’intelligence de l’indicateur, cet oiseau qui montre à un amateur de miel par un cri particulier l’emplacement des ruches sauvages. Dès que l’amateur de miel aura fini d’en récolter, l’oiseau se nourrit à son tour. Aujourd’hui, toute recherche de paix devra ressembler à cette complicité entre l’indicateur et l’amateur de miel. Ce sera au moins une expérience inédite, comme l’est celle des révoltes de 1990, qui a permis de dégager le régime de Moussa Traoré, après 23 ans de règne.

Sans attendre, il est donc souhaitable que l’exécutif construise un nouvel essaim de projets d’où se distillent des parfums de paix et de démocratie.

Mohamed Amara

Sociologue
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