La grande majorité des citoyens estiment que la descente aux enfers du Pays, voire son effondrement est l’œuvre des hommes politiques. Ils sont très nombreux à penser, à tort ou à raison, que la politique rime, au Mali, avec l’indignité, le mensonge, le revirement, le vol, la corruption et la farce. D’où ce sévère jugement d’une frange importante de l’opinion, selon lequel, la classe politique malienne est à vouer aux gémonies et doit être mise à la touche jusqu’à ce qu’elle fasse son introspection et sa mue. En tout cas l’histoire vient de donner raison aux détracteurs de la classe politique malienne, après la composition de la commission de finalisation de l’avant-projet de la nouvelle constitution. La présence sur le décret de nomination des membres de la commission de finalisation de l’avant-projet de la nouvelle constitution de certaines figures emblématiques « de l’opposition à la transition » du Colonel Assimi Goïta, en dit long sur l’état de décrépitude de la classe politique malienne. Amadou Koita du PS Yelen Koura et porte-parole du cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel et Amadou Aya, secrétaire général Adjoint de la CODEM, membre de la plateforme, Djiguiya Koura, sont les deux représentants proposés à être membres de la commission. Cette nomination, il faudrait le rappeler, est aux antipodes de l’éthique, de la morale et de la dignité, pour la seule et simple raison que ces deux opposants ont non seulement rejeté sans ambages le projet d’une nouvelle constitution, mais aussi et surtout avaient promis de s’y opposer par toutes les voies légales. Donc ils n’auraient pas dû figurer sur la liste de la commission de finalisation de l’avant- projet de la nouvelle constitution, eu égard aux propos qu’ils ont tenu.Pour rappel les deux mouvements politiques, à savoir Djiguiya Koura et le Cadre des Partis et Regroupement des Partis pour le Retour à l’Ordre Constitutionnel, n’ont jamais caché leur opposition à l’élaboration d’une nouvelle constitution par la junte militaire au pouvoir au Mali. Car pour eux ce régime souffre non seulement d’un déficit de légitimité, mais aussi et surtout que le projet d’une nouvelle constitution ne serait pas opportun dans le contexte actuel, marqué par une crise sécuritaire aiguë, une crise institutionnelle et un déficit d’inclusivité et de consensus. La question que bon nombre de maliens se posent est celle de savoir qu’est-ce qui a pu changer pour que ces deux cadres acceptent de se dédire et d’accompagner un projet qu’ils avaient renvoyé aux calendes grecques, s’ils ne l’ont pas tout simplement éraflé de la liste des missions de la transition ? Rien, car le projet suit son cours et le régime transitoire, droit dans ses bottes, continue allégrement son aventure contre vents et marais, au détriment d’une opposition qui se bat comme un beau diable. Le Colonel Assimi Goïta tient à son projet de nouvelle constitution, malgré l’opposition d’une frange importante de la classe politique et de la société civile. Cependant, au-delà du discours à la fois populiste et démagogique, en analysant sans complaisance la situation, au regard des obstacles qui se dressent devant ce projet, il est fort à parier qu’il n’aboutira pas. Autant trouver un consensus avec toutes les forces vives de la Nation autour des autres scrutins, pour avancer. En somme, Si le parti d’Amadou Aya, à savoir la CODEM est totalement opposé à ce projet, celui de Koita, se dit favorable à une révision à minima, ne serait-ce que pour moderniser notre constitution en y favorisant la création de la cour des comptes. Mais cette commission n’est ni plus ni moins que celle charger de finaliser le document de la nouvelle constitution pour en faire un projet donc, le fait d’y rentrer, ils ont donné raison à ceux qui pensent que l’homme politique malien est sans scrupule, sans morale, ni dignité. A quand le combat pour anoblir la politique au Mali ? Youssouf Sissoko