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Crise au sein de l’ASSEPQui veut noyer le poisson ?
Publié le lundi 6 fevrier 2023  |  L’alternance
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© aBamako.com par FS
La Maison de presse du Mali
La Maison de la presse du Mali
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Depuis le 14 janvier 2023, l’Association des Editeurs de Presse privée (ASSEP) traverse une crise consécutive aux recommandations de son assemblée générale ordinaire. Cette instance statutaire a officiellement mis fin aux dérives totalitaires du bureau de l’ASSEP et a désigné un comité transitoire dont la mission consiste à relire les textes de l’association et à organiser de nouvelles élections. Cette sanction est vue par certains confrères comme une manipulation alors qu’en vérité les mandants de l’ASSEP ont fait le choix de changer la donne. Alors vouloir donner la paternité de cette lutte à des personnes extérieures à l’ASSEP, s’appelle tout simplement de l’hypocrisie. En d’autres termes, c’est une tentative désespérée de vouloir noyer le poisson. En tout cas, le débat de caniveaux sur l’aide à la presse est sidérant. Nous sommes en train d’évoquer une aide indisponible depuis 3 ou 4 ans. Ailleurs, le combat est tout autre. Au Mali, il doit l’être. On parle de 200 millions de FCFA seulement pour 2020, 2021 et 2022. Pendant ce temps, nos confrères dans la sous région s’interrogent sur les avancées de la presse au Mali. Il faut dire que les différentes presses pour lesquelles le Mali servait d’exemple, sont désormais les têtes de peloton en matière d’aide publique à la presse ; de liberté de la presse ; mais aussi et surtout d’amélioration des conditions de vie et de travail des journalistes.Pendant que nos voisins rivalisent sur les montants alloués, le Mali est à la traine avec des montants dérisoires qui frisent souvent l’humiliation : de 200 millions à 50 millions, voire une vingtaine de millions de FCFA par an. Au lieu de s’indigner de cette situation honteuse et chaotique, on se permet de désigner des individus comme responsable de nos malheurs en lieu et place de l’Etat central. On se permet la division pour servir des intérêts égoïstes. Si l’ASSEP, l’URTEL et la Maison de la Presse qui sont les principaux bénéficiaires de cette aide ne s’entendent pas pour faire avancer le dossier de l’aide à la presse, pensez-vous que le jeu en vaut la chandelle ? Pas du tout. Ce n’est même pas nécessaire de s’attaquer, dans ces conditions, à ce dossier brulant qui exige l’unité et la cohésion au sein de la presse nationale. Parce que tout simplement, il n’y aura pas de résultats.Depuis 1992, l’aide publique à la presse est stagnée au Mali à 200 millions de FCFA qui sont versés au gré des humeurs des autorités et en fonction des fonds disponibles. Elle n’est pas obligatoire pour les pouvoirs publics. En 2022, l’aide publique à la presse est passée à plus de 1 milliard de FCFA en Côte d’Ivoire ; plus de 700 millions de FCFA au Sénégal, plus de 400 millions de FCFA au Burkina Faso et au Niger. Au Burkina Faso, c’est 112 médias qui ont partagé la manne financière de 2022, suivant les critères d’éligibilité établis et acceptés. Au Mali, on parle de plus de 200 journaux, au tant de radios sans compter la presse en ligne pour une modique somme… Si nous voulons nous battre, il y’a de la matière. C’est dans cette lutte que la presse malienne doit s’engager et utiliser ses énergies au lieu de s’en prendre les uns aux autres sur les réseaux sociaux ou par médias interposés. L’aide directe aux médias n’est plus d’actualité. La presse malienne doit s’y préparer et s’y conformer. Des textes dignes d’une presse professionnelle sont aujourd’hui sur la table des autorités de la transition qu’il y’a lieu de défendre vaille que vaille si nous voulons sortir de la précarité et de la médiocrité. Les broutilles versées dans les comptes de la Maison de la presse ne doivent pas diviser la corporation, encore moins opposer ceux qui sont censés travailler pour l’amélioration des conditions de vie au sein des médias. Ce débat de caniveaux sur l’aide à la presse n’a tout simplement pas raison d’être. Le sujet qu’on veut camoufler est clair comme l’eau de roche. Parlons alors de l’assemblée générale ordinaire de l’ASSEP du 14 janvier 2023. De quoi s’agit-il ?A la suite d’une motion de défiance lors de l’assemblée générale ordinaire régulièrement convoquée, le bureau de l’ASSEP a été remercié et remplacé par un comité transitoire. C’est une décision d’une assemblée souveraine.Naturellement, le bureau sortant n’a pas accepté la sentence. Ce n’est pas étonnant. En Afrique et au Mali, c’est monnaie courante. Les leaders associatifs et politiques s’opposent fréquemment à la volonté de la majorité et des textes qui ont favorisé leur élection ou leur choix quand ceux-ci ne leur sont pas favorables. Le bureau sortant de l’ASSEP n’a pas fait exception à la règle. Ce n’est pas une raison d’inventer des histoires à dormir débout pour protéger x ou y. La crise de l’Assep n’est pas un combat contre une personne. C’est l’ensemble du bureau qui a été remercié. Pour ceux qui n’ont pas suivi l’actualité récente, il faut rappeler que depuis le mois d’octobre 2022, un collectif avait lancé une pétition pour dénoncer la gestion catastrophique de l’ASSEP, mais aussi celle de l’aide à la presse. Cette pétition visait indéniablement l’ASSEP et la Maison de la presse du Mali. Quel traitement a été fait de ce document ? Ou étaient les « soutiens » actuels du bureau sortant de l’Assep ? De toute évidence, ils étaient absents et s’occupaient de tout sauf les problèmes de l’ASSEP.Quelques mois après ces dénonciations, d’autres directeurs de publications se retrouvent au-delà du Collectif du 29 octobre et décident d’agir dans l’intérêt des organes de presse en conjuguant leurs efforts. Leur lutte aboutit le 14 janvier dernier lorsque le bureau sortant accepte d’insérer dans l’ordre du jour de l’Assemblée générale une motion de défiance. C’était le coup de grâce contre un bureau qui n’existait que de nom dans la mesure où ses membres étaient en train de démissionner les uns après les autres. Ainsi, sur les 78 membres présents à l’assemblée générale ordinaire, 43 ont voté la motion défiance contre 35. A partir de cet instant, l’assemblée générale a pris ses responsabilités en mettant en place un comité transitoire, qui est dirigé par le doyen Ibrahima Tiocary, avec la mission de gérer les affaires courantes ; relire les textes et organiser des élections transparentes et crédibles. A la suite de cette sentence contre le bureau sortant de l’ASSEP, il y’a lieu de retenir deux choses :La première, c’est qu’il n’y a pas deux tendances au sein de l’ASSEP. Il y’a qu’un comité transitoire désigné en assemblée générale et qui répond au nom de tous les membres de l’ASSEP. La seconde, c’est que le bureau sortant de l’ASSEP a décidé de ne pas reconnaitre les textes de l’Association dont il est issu, et par conséquent faire fi des décisions de l’assemblée générale. Alors, on s’interroge sur les objectifs réels d’un tel bureau. Sont-ils là pour eux-mêmes ou pour les mandants de l’ASSEP ? La question reste posée.Au-delà, il faut se demander pourquoi le bureau sortant et quelques confrères acquis à leur cause, veulent transformer ce combat pour la dignité de la presse en une guéguerre entre personnes. Il est ridicule de ramener cette lutte à la personne du président sortant de l’ASSEP ou celle du président de la Maison de la presse, encore moins à l’utilisation qui est faite de l’aide à la presse. Pourquoi chercher un bouc émissaire pour une situation dont le bureau sortant de l’ASSEP en est le seul responsable. Les directeurs de publication qui ont voté la motion de défiance souhaitent probablement au même titre que tous les autres une redynamisation de l’ASSEP avec des textes révolutionnaires et des dirigeants compétents à la fin du processus. Alors la crise de l’ASSEP n’a rien à voir avec l’aide à la presse ou la Maison de la presse. Il faut que les uns et les autres acceptent de s’assumer et sortir des considérations personnelles et partisanes.Idrissa MaïgaSource Le Repère
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