Depuis plus de deux mois, les choses ne se passent plus comme avant entre le Mali et les mouvements signataires de l’Accord issu du processus d’Alger, principalement la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Cette dernière demande une réunion entre le gouvernement les groupes signataires dans un pays neutre sur ledit Accord. Le Mali rejette une proposition sur l’Algérie. La communauté internationale en médiation, mais faut-il craindre un retour à la case de départ, la guerre ?
Les dernières actions entre l’Etat malien et les groupes signataires laissent tout le monde perplexe. D’aucuns vont jusqu’à imaginer le pire. La reprise des hostilités entre l’Armée malienne que d’autres estiment bien préparée aujourd’hui et la CMA. Sur les réseaux sociaux à Bamako, certains jeunes incitent à la guerre. “L’armée de 2012 n’est pas celle de 2023”, clament-t-ils se disant pressés de voir Kidal libéré du joug des ex-rebelles. Ils crient à la guerre.
D’un autre côté, il y en a qui privilégient le dialogue. Pour eux, c’est inopportun de laisser l’Accord et d’aller à autre chose. Même s’il faut le relire ou faire autre chose, le mieux c’est de sauver l’Accord issu du processus d’Alger afin d’éviter la guerre.
Les plus pessimistes craignent le déplacement de la guerre en Ukraine dont les protagonistes selon plusieurs analystes séparent les deux camps maliens à savoir la Russie et l’Occident. Leur inquiétude, c’est de voir la Russie du côté du Mali et l’Occident avec la CMA. De ce côté, le dialogue est priorisé.
“Non, il n’y aura de guerre tout suite entre la CMA et le Mali”, réplique une source bien imprégnée du dossier à savoir la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Quand même pas tout de suite, assure-t-il. Comme argument, il avance que la CMA a, à son compte, 3 membres dans l’actuel gouvernement, tous les dirigeants et leurs familles sont présents ici à Bamako. A l’en croire, on peut assister à une simple crise politique mais difficile que cela aboutisse à des affrontements. “Pas de suite”, insiste-t-il.
La situation reste un peu tendue et c’est inquiétant, avance une source sécuritaire qui suit de près la situation. Cette dernière met l’accent sur les armements dont l’Armée malienne s’est dotée. “Des doutes que cela soit dans un objectif purement sécuritaire”, s’interroge-t-il. La communauté internationale continue les médiations. Après sa rencontre avec les groupes signataires, elle doit sûrement rencontrer la partie gouvernementale et voir quel compromis trouver entre les deux parties pour une réunion sur la mise en œuvre de l’Accord.
Depuis fort longtemps, certains observateurs avaient soufflé que si le gouvernement échoue dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, qui est un accord-cadre aujourd’hui piloté par l’Etat malien, l’on pourrait aboutir à un accord explicite. C’est-à-dire, un accord où c’est la communauté internationale qui pilote et impose la mise en œuvre. Est-ce les pas vers un accord explicite ? Le temps nous en dira plus.