Des heurts, des scènes de saccage et de pillage se sont produits vendredi soir dans une ville du centre-ouest du Sénégal où les autorités avaient interdit un rassemblement autour de l'opposant Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle de 2024, montrent des images sur les réseaux sociaux.
Des sites d'information ont fait état de heurts entre partisans de M. Sonko et forces de sécurité en fin d'après-midi dans l'agglomération de Touba-Mbacké. Ils ont rapporté plus tard des actes de saccage ou de pillage contre une station essence Total, un magasin Orange et un supermarché à l'enseigne Senchan, une chaîne de distribution alimentaire locale. Aucune autorité locale n'a pu être jointe par l'AFP. Ces incidents surviennent dans un climat de tension grandissante en vue de la présidentielle de début 2024. Les autorités avaient interdit un meeting prévu par le Pastef, le parti de M. Sonko, en invoquant un vice de forme dans la demande d'autorisation. M. Sonko s'est quand même rendu à Touba-Mbacké, où il a été accueilli par de nombreux sympathisants. Le Sénégal a été le théâtre début 2021 de plusieurs jours d'émeutes qui ont coûté la vie à une douzaine de personnes au moins. La mise en cause de M. Sonko dans une affaire de viols présumés avait contribué à déclencher les violences. Les enseignes françaises avaient été particulièrement visées. De nouvelles tensions sont redoutées le 16 février, jour où M. Sonko est censé se présenter devant un tribunal de Dakar pour répondre de diffamation contre un ministre. L'éligibilité de M. Sonko pourrait dépendre de l'issue du procès. M. Sonko dénonce une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. A 48 ans, il est coutumier des expressions de défi à l'encontre du pouvoir. Il tient un discours à la fois souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption. Il pilonne l'emprise économique et politique exercée, selon lui, par l'ancienne puissance coloniale française et les multinationales. Défenseur des valeurs religieuses et traditionnelles, il jouit d'une grande popularité parmi les jeunes, plus de la moitié de la population étant âgée de moins de 20 ans. Vendredi soir, l'autorité de régulation de l'audiovisuel a décidé de suspendre pour sept jours la chaîne de télévision privée Walf TV qui, selon elle, a livré "une couverture irresponsable des manifestations à Mbacké en diffusant en boucle des images de violences exposant des adolescents, accompagnées de propos dangereux, y compris de la part des reporters".