La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), coalition de groupes armés ayant combattu l'Etat central malien par le passé, a dénoncé dimanche les propos d'un responsable soutenant la junte au pouvoir et prédisant la reprise prochaine des hostilités dans le nord.
Dans une vidéo publiée vendredi sur Facebook, Amadou Albert Maïga, membre du Conseil national de la transition (CNT) qui tient lieu d'organe législatif, déclare que l'armée malienne va bientôt engager les opérations pour reprendre le contrôle de Kidal (nord).
La CMA prend cette déclaration "au sérieux", a dit sur les réseaux sociaux un de ses porte-parole, Mohamed Elmaouloud Ramadane. "Nous condamnons cette déclaration va-t-en-guerre d'un responsable de l'une des premières institutions" du pays, et "nous prenons la communauté internationale à témoin de tels agissements", a-t-il dit.
Kidal, à plus de 1.500 km et de 24 heures de route de la capitale Bamako, occupe une place spéciale dans la politique de ce pays pris dans la tourmente depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et salafiste en 2012. Kidal est sous le contrôle de la CMA, coalition à dominante touarègue de groupes indépendantistes ou autonomistes qui ont pris part à la rébellion avant de signer un accord de paix en 2015. Les jihadistes continuent, eux, de combattre et se sont propagés au centre du Mali ainsi qu'au Burkina Faso et au Niger voisins. L'insoumission de Kidal, enjeu majeur de souveraineté, reste un motif d'irritation à Bamako, y compris pour les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020. "La guerre est inévitable à Kidal", dit Amadou Albert Maïga, personnalité médiatique considérée comme un intellectuel parmi les soutiens de la junte. "Très bientôt, nous rentrerons dans la guerre de libération de Kidal afin de couper la tête du serpent", dit-il dans une apparente référence à la France, dont la junte a poussé les soldats vers la sortie en 2022 après des années de lutte commune contre les jihadistes. La junte s'est tournée politiquement et militairement vers la Russie. Les propos d'Amadou Albert Maïga sont tenus dans une période de tension entre la CMA et la junte, et d'inquiétude pour l'accord de paix de 2015.
La CMA a suspendu en décembre sa participation aux mécanismes de mise en oeuvre de l'accord. Amadou Albert Maïga reprend l'accusation persistante selon laquelle la France a permis à la CMA de s'assurer le contrôle de Kidal. Il affirme que même après le départ de ses soldats, elle continue à soutenir les groupes qui composent la CMA et qui viennent d'annoncer leur fusion. "Ces groupuscules sont à la solde d'un autre pays qui les incite à s'attaquer au Mali", dit-il.