Des pays comme les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne ou encore la Chine sont plein d’intellectuels maliens. Aujourd’hui, il n’existe aucun programme d’encouragement des universitaires qui déplorent que l’Etat soit moins intéressé par l’expertise nationale. Même le programme Tokten qui permettait aux universitaires partis à l’étranger de venir dispenser des cours au Mali est en pleine perte de vitesse. Dans ce contexte, les pays développés deviennent la destination privilégiée des intellectuels avec des offres de formation et des opportunités d’emploi. Pour attirer de la main d’œuvre en fonction des besoins de son marché, la France a mis en place une série de mesures qui contribuent à la fuite des cerveaux maliens.
Selon des sources concordantes, il existe une grande frustration chez les intellectuels maliens depuis de nombreuses années, notamment dans le domaine universitaire. Très récemment, un universitaire écrivait sur les réseaux sociaux à quel point il est déçu de la place accordée aux intellectuels dans la conduite du pays. Pire, les promotions et encouragements, s’il y en a, se font sur des bases inéquitables et d’affinité. Cette situation a conduit de nombreux intellectuels maliens à s’investir dans la politique où les plus malins sont récompensés. Par contre, de nombreux cadres sont obligés de faire leurs bagages pour rejoindre d’autres horizons.
Les meilleurs étudiants maliens des filières scientifiques sont ainsi envoyés en France depuis plusieurs décennies. La France est le premier État de l’Union Européenne à transposer la directive de l’Union 2009/50/CE du 25 mai 2009 baptisée « Carte bleue européenne » par la loi du 16 juin 2011 relative à l’immigration, l’intégration et la nationalité. En effet, depuis 2006, une nouvelle politique migratoire cible les migrants qualifiés, s’appuyant sur le concept de l’immigration choisie qui a été définie dans la loi du 24 juillet 2006. Cette loi facilite l’entrée et le séjour de travailleurs hautement qualifiés en fonction des besoins des entreprises françaises. C’est ainsi que plusieurs dispositifs ont été mis en œuvre afin de faciliter l’immigration professionnelle, et plus précisément, l’entrée et le séjour des ressortissants des pays en développement qui ont une qualification recherchée.
Selon des spécialistes, l’immigration des diplômés maliens doit être perçue comme une des conséquences de la demande de main d’œuvre sur le marché mais aussi comme étant une stratégie de promotion sociale pour les acteurs eux-mêmes. Les mêmes sources indiquent qu’on pourrait affirmer sans ambages que la migration qualifiée est une nouvelle donne de l’immigration malienne en France. Aujourd’hui l’immigration malienne n’est pas qu’ouvrière mais elle est aussi constituée de diplômés en quête de meilleures formations. L’ancien paradigme d’émigré-ouvrier doit évoluer compte tenu de la composition des nouvelles vagues migratoires subsahariennes.
La politique « d’immigration choisie » s’adresse à ceux qui possèdent une qualification requise comme les ingénieurs, les médecins, les enseignants et les chercheurs. C’est pourquoi cette politique migratoire entre dans le cadre de la problématique en tant que dimension politique de l’immigration des diplômés maliens. L’immigration choisie va se traduire par la mise en place d’une procédure de récupération des talents étrangers à travers les facilités d’accès à l’enseignement supérieur français, puis changement de statut d’étudiant à celui de travailleur.