De petites figurines de jouets sont vues devant les mots coronavirus et COVID-19 dans cette illustration
La covid-19 n’a pas fait que des victimes, dont les millions de morts, en Afrique et surtout dans la sous-région ouest-africaine (Mali, Sénégal, Togo, etc), elle a activé…le virus du détournement des deniers publics affectés à sa riposte.
La pandémie du coronavirus a énormément sévi en Afrique 2020, entraînant le chamboulement des économies. Elle a provoqué des déblocages importants d’argent public pour réduire ses effets sur les services et les ménages. Ce qui a aiguisé les appétits gloutons des fossoyeurs des deniers publics. Et, puisqu’après la pluie vient le beau temps, presque trois ans après cette faucheuse, c’est le temps des comptes et vérification (Cour des comptes et autres structures de contrôle) par rapport aux fonds covid. Et partout, surtout sous nos tropiques, l’on se rend compte que des cadres administratifs indélicats se sont bougrement engraissés avec cet argent du pauvre contribuable. C’est le cas au Mali, où des audits signalent des détournements, mais c’est aussi le cas au Sénégal, au Togo et ailleurs dans la sous-région.
Au Mali, les observateurs avertis s’interrogent encore sur les développements liés à la gestion (plutôt opaque) des fonds affectés à la riposte de cette pandémie. En plus de l’interpellation du président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali(CCIM), Youssouf Bathily, présumé impliqué dans des malversations relatives à ce fonds, sans compter ses collaborateurs, le Secrétaire général de la CCIM, Cheick Oumar Camara et son comptable Lamine Sacko, des indiscrétions citent d’autres suspects récemment entendus devant le Pôle économique et financier de Bamako. Et il semble que les investigations se poursuivent et pourraient aboutir à l’interpellation d’autres … »gros poissons ».
Ainsi, au Sénégal voisin, l’on signale ceci : « Le montant total des dépenses (faites par différents ministères) et sans lien avec la Covid-19 s’élève à 19 727 096 727 francs CFA » soulève un document publié récemment. Ici, la Cour des comptes dit avoir par exemple relevé une « surfacturation » de plus de 2,7 milliards F CFA sur le prix du riz acheté et distribué aux populations les plus démunies.
Il faut signaler que des centaines de Sénégalais avaient manifesté début janvier à
Dakar pour réclamer des poursuites judiciaires après les nombreuses irrégularités
relevées. Ce fonds, faut-il le rappeler, était financé par l’État sénégalais et par
des bailleurs de fonds, et alimenté à hauteur de 1 000 milliards de francs CFA.
Plus de 740 milliards ont été officiellement dépensés selon le rapport de la Cour des comptes du pays de la Teranga.
Au Togo, un récent rapport de la Cour des comptes établit d’importantes irrégularités dans la gestion du fonds covid, destiné à combattre la pandémie de coronavirus et ses conséquences économiques. Ce rapport, qui épingle certains hauts cadres administratifs, provoque l’indignation dans le pays de Faure Gnassingbé.
Publié fin janvier, le document de 86 pages fait la une des journaux et est largement discuté sur les réseaux sociaux, plusieurs personnalités de l’opposition appelant le président à agir. Il faut souligner que le Fonds de riposte et de solidarité Covid-19 (FRSC) avait été créé au Togo par le gouvernement au lendemain de la découverte du premier cas de coronavirus en mars 2020. Il avait notamment reçu le soutien technique et financier de partenaires internationaux, comme l’Union Européenne, le FMI ou encore la Banque mondiale.
Sur 108 milliards de FCFA (165 millions d’euros) dépensés en 2020, affirme le rapport, “certains paiements (…) ont porté sur des dépenses non prioritaires ou n’ayant pas de liens directs avec la mise en œuvre des mesures de riposte contre la Covid 19”. Il pointe aussi des transferts monétaires, mesure destinée à soutenir les plus pauvres, qui ont parfois bénéficié à des personnes qui n’étaient pas éligibles.
Le rapport relève surtout une dépense de 13 millions d’euros, passée pour l’achat de 31 500 tonnes de riz par le ministère du Commerce, sans aucune trace de commande. D’autres ministres sont aussi cités comme devant s’expliquer dans ces cas de dilapidation présumée.
La situation est presque similaire dans plusieurs autres pays de la sous-région, voire du continent africain, où l’orthodoxie dans la gestion des deniers publics est une denrée rare ! Ce qui fait dire avec le cas du fonds covid que ce virus a dû subir une mutation dans la gouvernance, pour générer « le virus de la dilapidation » !