Les politiciens maliens qui faisaient la gorge chaude pour défendre la ligne diplomatique d’Emmanuel Macron ont pris un coup dur en début de semaine. Dans sa tentative de récupérer les opinions africaines, le président français Emmanuel Macron a tenu un discours à la veille du voyage qu’il effectue actuellement en Afrique centrale. Sans réserve, le président français s’est lâché sur la classe politique malienne en affirmant que la France est victime de l’échec de ces politiciens qui passent le clair du temps à défendre les positions de la France. Selon Emmanuel Macron, les politiciens maliens ont échoué à redresser le Mali, ce qui a conduit à un désaveu public de la classe politique par la population.
On imagine la gêne que cette critique du président français occasionne chez les politiciens maliens que l’on accuse d’avoir pillé les ressources du pays au seul bénéfice des dirigeants. Autrement dit, Macron qui s’était un moment illustré dans les insultes contre la transition malienne se permet de légitimer le combat des forces du changement. En d’autres termes, Macron soutient ceux qui disent que l’armée malienne a été détruite par trente ans de gestion calamiteuse au cœur de laquelle se trouve la classe politique malienne. Beaucoup d’acteurs du mouvement démocratique devraient se sentir mal à l’aise.
C’est la classe politique qui a fait croire aux Maliens qu’une armée forte est une menace pour la démocratie. Ce sont les politiciens qui ont soutenu la destruction de l’outil de défense du Mali, en réduisant les dépenses militaires, les recrutements et les entraînements. Mais là où Macron se trompe est que les politiciens maliens ne faisaient qu’obéir au discours des puissances étrangères dont la France. Les politiques de redressement du Mali étaient dictées de l’extérieur, même si les Maliens pouvaient essayer de dire non aux injonctions des milieux diplomatiques et financiers cachés derrière chaque politique.
Emmanuel Macron devrait avoir la décence de reconnaître que la France a forcé la main de la classe politique malienne dans bien des cas. On se souvient que l’ancien président IBK a fait l’objet de chantages médiatiques à chaque fois qu’il avait voulu ne pas se soumettre à la volonté des Français. Qui n’a pas été choqué de constater le lynchage qu’a subi la présidence lorsque IBK a déclaré ne pas vouloir négocier avec des hommes armés ? L’interdiction faite à l’armée malienne d’entrer dans la région de Kidal n’a pas été décrétée par IBK, mais la France dont la duplicité a saboté la stabilité du Mali.
En réalité, Macron est en train de compliquer les choses pour les politiciens qui se sentent obligés de défendre la France. Rares sont les partis politiques qui ont soutenu la plainte du Mali aux Nations Unies contre la France que la transition accuse de soutenir des groupes terroristes. Certains politiciens aujourd’hui diabolisés par Paris se sont même permis de mettre en doute les déclarations de Bamako. On verra comment ils vont réagir aux piques lancées par Macron qui cherche maintenant à séduire les opinions africaines.