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Edito : Macron admoneste la classe politique malienne
Publié le lundi 6 mars 2023  |  L'alternance
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C’est lors d’un discours tenu le lundi 27 février 2023 à l’Elysée, pour présenter les orientations de sa politique africaine pour les années à venir, qu’Emmanuel Macron a critiqué de façon acerbe la classe politique malienne. Sans porter des gants, il a sévèrement admonesté la classe politique malienne, en affirmant qu’elle a lamentablement échoué à redresser son pays.

Il se disculpe totalement en culpabilisant les acteurs politiques maliens, comme étant les seuls responsables de la chaotique situation dans laquelle baigne leur pays. En analysant sans complexe et sans passion ne faudrait-il pas diviser la poire en deux entre la France et les pays francophones en général et entre les dirigeants français et ceux du Mali de 1968, à nos jours, en particulier ?

Du Coup d’Etat de 1968 qui a porté un des valets de la France au pouvoir, à savoir le Lieutenant Moussa Traoré, bombardé, 23 ans après, général d’armée, à Ibrahim Boubacar Keita, en passant par Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré et Dioncounda Traoré, tous les régimes qui se sont succédés au pouvoir au Mali ont été parrainés par la France au gré de ses intérêts. Ces Présidents n’ont jamais été soutenus par l’Elysée sur la base de leur compétence ou de leur projet de société, encore moins pour leur vision pour le Mali, mais tout simplement parce qu’ils étaient manipulables à souhait et capables de défendre les intérêts de la France au détriment de ceux de leur peuple. Si ces régimes ont tous échoué, comme prétend Emmanuel Macron, ce ne serait ni plus ni moins que l’échec de la France aussi.

Emmanuel Macron aurait dû faire le mea maxima Culpa de la France qui a échoué à faire de ses anciennes colonies des pays émergents, en dépit de l’immensité de leurs ressources. Il devrait reconnaitre la lourde responsabilité de la France dans la désagrégation de la Libye de Mouammar Kadhafi, la principale cause de la chienlit provoquée par les groupes armés terroristes au sahel. Macron aurait dû présenter ses excuses et celles des régimes qui se sont succédé au pouvoir en France pour avoir imposé des présidents qui n’ont ni la qualité intellectuelle requise, ni la compétence, encore moins la vision et dont la seule qualité est de servir les intérêts de la France.

Emmanuel Macron devrait avoir de la mesure et de l’honnêteté intellectuelle de reconnaitre que la France, pour avoir soumis les 14 pays de la zone franc à une nouvelle colonisation, qui est celle de la monnaie, cet autre goulot d’étranglement, qu’elle a empêché les pays francophones de se développer. Sinon nul ne pourrait contester son affirmation selon laquelle la classe politique malienne a échoué à redresser son pays. Son affirmation aurait été complète si Macron avait assumé que la France en est pour beaucoup dans cet échec. En effet, le discours d’Emmanuel Macron, faudrait-il le rappeler, a été tenu à la veille de sa tournée africaine qui lui avait conduit au Gabon, au Congo, en RDC et en Angola. Cette tournée a été effectuée à un moment crucial des relations fortement mises en mal, entre la France et certaines de ses anciennes colonies, comme le Mali et le Burkina Faso. Elle s’effectuait également dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine avec ses conséquences sur la géopolitique mondiale.

La montée en puissance de la Russie en Afrique, la présence très significative de la Chine et la percée fulgurante de la Turquie et de l’Inde sont entre autres causes du voyage du Président français. Le discours de Macron m’a semblé être un examen de conscience et une introspection qui vont permettre à la France de descendre de son piédestal patrimonialiste et condescendant en redéfinissant les règles de sa future collaboration avec ses anciennes colonies. Ces nouvelles règles doivent essentiellement être basées sur un partenariat d’égal à égal et gagnant- gagnant. Youssouf Sissoko
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