Promotion des militaires au front ou manière d’éviter une certaine longévité de commandement à la tête des troupes ? La question semble légitime d’autant plus que les six (6) chefs d’État-major remplacés n’avaient pas, jusque-là, dérobé à leurs missions régaliennes. Décryptage.
Le changement de commandement à la tête de l’Armée de terre, de la Garde nationale du Mali, de la Gendarmerie nationale, de la Sécurité militaire, du Génie militaire, des Services de santé des armées, opéré en Conseil des ministres du Mercredi 8 Février 2023 a suscité l’incompréhension des observateurs avertis. Pour la simple raison que les remplacés n’avaient pas dérobé à leurs missions régaliennes.
Dès l’annonce de cette nouvelle, la presse s’est interrogée pourquoi changer une équipe qui gagne, tout en estimant après, que cela constituait une manière de souffler une nouvelle dynamique dans l’offensive des troupes au front conformément à l’esprit de ‘’Tilé Kura’’, une nouvelle opération militaire en cours.
Qu’à cela ne tienne. Les raisons de ce grand changement dans la chaine de commandement sont, d’abord, d’ordre stratégique. Il ne relève aucunement du simple changement d’un homme par des colonels arrivés au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat militaire.
Il faut rappeler que ces valeureux militaires qui commandaient l’Armée de terre, la Garde nationale du Mali, la Gendarmerie nationale, la Sécurité militaire, le Génie militaire et les Services de santé des armées, occupaient ces postes il y a trois ans. Ils avaient été nommés aux premières heures du coup d’État contre le président démocratiquement élu d’Ibrahim Boubacar Keita en août 2020.
Selon un spécialiste des questions militaires, ‘’une stabilité de commandement à la tête des troupes n’est pas de nature à protéger toujours un pouvoir de transition’’.
En principe, la troupe ne se reconnait qu’au chef. C’est pourquoi la longévité dans le commandement offre au chef obéissance et loyauté de sa troupe. La décision prise par l’Omnipotent de Koulouba, chef suprême des armées le colonel Assimi Goita, d’opérer un changement presque collectif dans les commandements de troupes ne justifierait-il pas cette thèse ?
A l’exception du chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air, six(6) chefs d’Etat-major ont été remplacés. Faut-il signaler qu’ils détenaient les dispositifs militaires les plus importants et les plus mobilisés sur le théâtre des opérations.
Général Elisée, ‘’le Lion’’
Parmi ceux-ci, le général de Brigade Elisée Jean Dao chef d’Etat-major de la Garde nationale du Mali, l’un des lions les plus en vue de l’Armée malienne. En homme de terrain, le général, au plus près de sa troupe, a parcouru les zones les plus difficiles. Le désert et les falaises n’ont point de secret pour lui.
En Octobre 2013, c’est à lui que l’État-major général a fait appel dans le cadre de l’opération Saniya pour désarmer les mutins (le capitaine-général Amadou Aya Sanogo et compagnie), rétablir l’ordre et la sécurité dans la ville de Kati. Il a conduit cette opération d’une main de fer, appuyé par un groupement tactique de la garde nationale, une unité de la gendarmerie et des forces spéciales du général Didier Dacko venues directement de Gao.
Des militaires refusent d’assister les victimes du drame à Mondoro
Aux commandes des troupes, les nouveaux promus participent à la réorganisation du dispositif de guerre sur le théâtre des opérations. A Kidal où des ex-rebelles semblent reprendre de patrouille sans les FAMa constitue un défi majeur pour la nouvelle chaine de commandement. De même que le refus catégorique des éléments en poste à Mondoro d’assister les victimes du drame à Mondioro, malgré la sollicitation des habitants, où six (6) civils innocents sont morts vendredi 17 Février à la suite d’explosion d’une mine artisanale. Les villageois se sont débrouillés eux-mêmes.
Ousmane Anouh Morba