En 50 ans (1963-2013) le Mali a connu quatre rébellions dans sa partie appelée autrefois « Boucle du Niger » et aujourd’hui Azawad. Chacune de ces rébellions a été, de la part de l’armée malienne, objet d’une brutalité inouïe, et sanctionnée par un accord d’une efficacité très aléatoire. Chacune de celles qui ont suivi la première n’a été en fait qu’une reproduction de la précédente sous d’autres modalités. Pourquoi ce recommencement qui ne finit pas ?
La présente note tente de fournir quelques éléments de réponse qui ne suffisent nullement pour expliquer pourquoi le même malade revient toujours chez le même médecin, mais sans succès. Elle constituera beaucoup plus une petite gerbe de données qu’un spectre d’analyse pour les trois rébellions ici concernées : 1963, 1990, et 2006, en attendant l’épilogue de celle de 2012. La note s’appesantira essentiellement sur les raisons des échecs des remèdes apportés plutôt que sur l’origine du mal, même si celle-ci est quelquefois évoquée car elle seule peut orienter efficacement le choix des remèdes.
Rébellion de 1963-1964
Elle a éclaté dans le cercle de Kidal (aujourd’hui région) et est restée circonscrite à cette zone. Elle a été déclenchée dans sa phase armée à la suite d’une offense verbale à un jeune orphelin du nom de Elladi Ag Alla dont le père, Alla Ag Albacher, a été assassiné par l’armée française en 1954 et décapité deux jours après son inhumation. L’offense, proférée par le premier chef de poste malien, portait cyniquement et justement sur cette tête du père exhibée dans toute la zone par l’armée française comme pour dire « la force reste à la force » !
– Après une répression aveugle et sanglante par l’armée malienne dont les victimes ont été essentiellement la population civile et le bétail, il y a eu un arrêt des hostilités à partir du 22 septembre 1964. Cet arrêt des hostilités a été une sorte d’Accord Verbal comportant une clause unique : « Vous déposez les armes et vous aurez la vie sauve ». Il n’était assorti d’aucune autre mesure d’accompagnement. Il a été obtenu beaucoup plus par l’implication active de Monsieur Intalla Ag Attaher, Coordinateur des chefs de tribus et de fractions de Kidal, que par des victoires militaires. Ce fut un soulagement général pour les populations. Mais, en dépit de ce soulagement, les populations n’ont pas tardé à comprendre que l’accord en question ne visait qu’à les réduire à une obéissance aveugle. Mal inculquée dès le départ, la confiance en l’Etat malien semblait afficher de sérieux indices de sa détérioration. Parmi ces raisons on peut citer celles qui ont marqué de façon indélébile les populations, pour ne pas dire celles qui les ont particulièrement traumatisées.
– Silence absolu sur les victimes (nombreuses veuves, nombreux orphelins) : ni reconnaissance des crimes commis, encore moins de sanctions et de dédommagements. Les autorités maliennes ont fièrement affiché l’attitude de conquérants n’ayant rien à se reprocher. Les populations ont par contre commencé à se sentir comme des corps étrangers chez elles et ont compris qu’elles n’avaient aucun droit ; elles n’avaient plus que deux devoirs essentiels et non négociables : stricte obéissance au régime militaire installé à Kidal et payement des impôts sans broncher ;
-Impact catastrophique des exécutions sommaires, collectives et publiques sur les populations : Les exécutions publiques avec applaudissements extorqués, les cadavres dans des fosses communes, les personnes brulées vif après aspersion d’essence, les personnes sommées de creuser leur tombe, tout cela a produit un choc terrible sur des populations qui voient de telles pratiques pour la première fois de leur histoire. Certaines en sont devenues partiellement ou totalement démentes
– Impact d’un socialisme dit « scientifique », avec connotation « athée », sur des populations en totalité musulmanes ;
– Militarisation à outrance et maintien d’un comportement hautement vexatoire et totalitaire contre les populations :
– réquisitions intempestives des dromadaires des éleveurs
– règne absolu des simples chefs de postes militaires qui avaient carte blanche
– assassinat de personnalités touarègues en dépit et au mépris de la proclamation du 22 septembre 1964 mettant officiellement fin à la rébellion. C’est ainsi que :
Biga Ag Wambaja a été exécuté en 1965 à Tinessako
Akhlou Salem Ag Akhemmenou est revenu d’Algérie en février 1967 afin de tester pour ses compagnons la sincérité des autorités maliennes. Face à la proposition malienne officielle offrant la vie sauve à tous ceux qui rendront les armes, Akhlou Salem a dit à ses compagnons : « cela pourrait être un piège car il y a ce que le Mali dit et ce que Diby fait. Je vais y aller seul pour tomber seul dans le piège si c’en est un ». Il a été assassiné sur la route Kidal-Ajalhok après un interrogatoire public qui l’a immortalisé ;
Bissada Ag Rhissa, Hamzata Ag Alqacem et Sidi Mohamed alias Ebag Ag Elmouaq, trois des plus prestigieux chefs de tributs de Kidal, ont été assassinés en fin 1967 à Kidal par tortures, travaux forcés et mauvaise alimentation. Tout cela, assorti du comportement quotidien rapetissant les populations, ne pouvait aboutir qu’à l’échec d’un accord qui n’avait comme contenu qu’une simple reddition et comme objectif que la mise en coupe réglée des populations.
Rébellion de 1990 :
Elle éclate le 29 juin 1990 à Ménaka (Région de Gao). Par ailleurs elle a été militairement et politiquement mieux préparée que la précédente. Elle avait les principales caractéristiques suivantes :
– Elle a été préparée du dehors ; Elle touchait les trois régions du Nord et comprenait les principales ethnies du Nord, excepté les Sédentaires où elle comptait cependant des sympathisants ;
– Elle avait des revendications écrites incluant la sécession à travers le nom du Mouvement originel « Front Populaire de Libération de l’Azawad » (FPLA) qui deviendra un peu plus tard « Mouvement Populaire de l’Azawad » (MPA).
– Elle bénéficiait de l’expérience acquise à l’extérieur par les maquisards, notamment au Liban et au Tchad au service de la Libye de Kadhafi ;
– Elle a bénéficié de l’implication de la société civile par les autorités centrales maliennes pour emprunter la voie du dialogue.
– Elle a vu naître rapidement la « dichotomie » Touaregs/Arabes à travers l’apparition subite du « Front Islamique Arabe de l’Azawad » (FIAA) qui offrait au Mali l’espoir d’une faille dans la rébellion. Côté autorités maliennes l’attitude de base n’a pas varié : l’armée a été lâchée sur le terrain avec la même furie et la même barbarie. Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler les discours et le comportement du capitaine Issiaka Koné à la tête de ses « bérets rouges » en juillet-août 1990 dans les régions de Gao et de Kidal.
Cependant grâce à la sagesse du Président Moussa Traoré, à l’implication de la société civile arabo-tamasheq et à celle de l’Algérie un dialogue a vite été enclenché pour aboutir, le 06 janvier 1991, à la signature des accords dits « Accords de Tamanghasset » (mal orthographié « Tamanrasset ») signés sous l’égide de l’Algérie.
Avant cette signature, lors des préliminaires à la négociation, le Président Moussa Traoré avait accepté la proposition suivante pour éviter la grande erreur de la précédente rébellion : recensement des victimes civiles de la répression ; présentation de condoléances ; présentation des excuses ; dédommagements.
Mais les accords de Tamanghasset ont échoué pour les principales raisons suivantes :
– Immédiatement après leur signature, Iyad Ag Aghali, chef militaire et politique du MPA, s’est rendu à Bamako avant même d’avoir fait un compte rendu à ses bases : ce fut la première fissuration du Mouvement !
– Chute du régime de Moussa Traoré trois mois seulement après la signature des Accords. Dans une anarchie quasi-totale l’intérieur du pays, peu ou pas informé sur la rébellion et sur le processus ayant conduit aux accords de 1991, paraissait surtout préoccupé par la réorganisation de la vie nationale et l’accès au pouvoir ;
– Chute de l’emprise d’Iyad Ag Aghali sur l’ensemble du mouvement rebelle, suite aux dissidences consécutives au voyage d’Iyad sur Bamako ;
– Hostilité d’une bonne partie de la population sédentaire de la Boucle du Niger qui s’estime exclue des Accords pour n’avoir pas été impliquée dans la médiation. Cette hostilité était particulièrement affichée par une partie de l’élite intellectuelle ;
– Attitude quelque peu arrogante de certains éléments de la rébellion membres de la Commission de suivi basée à Gao ;
– Amertume de l’armée malienne qui a perçu la signature des Accords comme un constat de son incapacité à venir à bout de la rébellion par les armes ;
– Organisation de casses sauvages à Gao, Tombouctou et Sévaré contre les communautés arabo-touarègues par la population sédentaire et l’armée malienne, avec meurtres et pillages systématiques des biens matériels ;
– Début de massacres des populations civiles essentiellement touarègues à Léré par l’armée malienne ;
– Instauration de coordinations de sous-officiers au sein des casernes, ce qui a fait perdre le contrôle de l’armée à ce qui restait de l’Etat ;
– Presse écrite et parlée ostensiblement anti-rébellion ;
– Naissance d’un banditisme coriace à l’ombre de la rébellion dont ont surtout souffert les villages sédentaires ;
– Création par les services secrets maliens de brigades dites « d’autodéfense » sous l’appellation de « Ganda Koy » (« littéralement « propriétaire de la terre ») ; aux côtés de l’armée malienne, notamment des « bérets rouges » elles ont semé la terreur tout le long du fleuve Niger.
En dépit de tout cela la communauté internationale s’est quelque peu intéressée au dossier et, après plusieurs rencontres sous l’égide de l’Algérie, a été signé un important document intitulé « PACTE NATIONAL » conclu entre le gouvernement de la République du Mali et les mouvements et fronts unifies de l’Azawad consacrant le statut particulier du nord du Mali »
Ce document n’est revêtu que de deux (2) signatures : celle de l’Etat Malien à travers un membre du Gouvernement de transition, et celle d’un membre du Bureau de Coordination des Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad. Garantie du Pacte National : elle « réside… dans la bonne foi qui les [les deux parties] anime ».
On peut dire que, en dehors des dispositions accessoirement indispensables telles que « cessez-le-feu, commission de suivi, etc., le Pacte National comprend trois parties essentielles :
– L’intégration des combattants des MFUA dans les corps en uniformes maliens (Point 9 du Titre II du Document)
– La Commission d’enquête indépendante ayant « pour mission d’enquêter sur tous les événements qui ont eu lieu au Mali en relation avec les problèmes du Nord à savoir : les crimes perpétrés contre les populations civiles dans leur personne physique et morale ainsi que leurs biens, les atteintes à l’environnement et les destructions de bétail, les vols, pillages ainsi que tout acte de vandalisme et de spoliation. La commission œuvrera à définir les responsabilités de ces actes, leurs conséquences, à évaluer les dommages et les réparations dues aux victimes » (Points 13 et 14 du Titre II du Document)
– Le Statut particulier du Nord du Mali (Titre III du Document).
Il y a deux points également importants parce que générateurs de la plupart des frustrations qui ont laminé le moral des populations du Nord : « Un allègement substantiel graduel et approprié des forces armées actuelles dans le Nord de sorte à aboutir à leur retrait majoritaire »
« Un programme étalé de redéploiement des installations et implantations militaires hors des centres urbains et des zones de pâturages et de pacage. » (Point 9/B du Titre II du Document).
Difficultés d’application et violations du Pacte National
L’empressement des autorités de la Transition à prouver qu’elles pouvaient «mieux faire » que le précédent régime, l’empressement des leaders issus du 26 mars 1991 à accéder au pouvoir ont sans doute contribué à faire porter par le Pacte National en lui-même la principale difficulté de son application : un échéancier impossible à respecter. Un mois seulement après sa signature il a été violé de façon flagrante et violente par l’un des Mouvements signataires et par le Mali lui-même. Alors on n’a plus parlé du Pacte que dans le discours officiel et ce jusqu’en 1995. Cette période a été particulièrement marquée par la barbarie de l’armée malienne que les élections de 1992 n’ont pas permis de maîtriser à cause de l’anarchie instaurée par les coordinations de sous-officiers. L’opération dite « Kokajè » (nettoyer proprement en langue bambara) a fait des victimes innombrables parmi les Touaregs et les Arabes. Il n’existait aucun recours pour elles. Si l’on examine les trois parties essentielles du Pacte National, on peut dire que :
-L’intégration dans les corps en uniformes maliens : elle a eu lieu bien que vivement boudée par les officiers de l’armée malienne. La cohabitation avec les « nouveaux venus » a été des plus difficiles, surtout au début. Dans leurs campagnes électorales, certains partis politiques, obnubilés par la conquête du pouvoir, ont utilisé des officiers intégrés qui, benoitement, n’y avaient pas vu de piège. Le malaise de cette cohabitation est allé grandissant pour aboutir à la malheureuse insurrection du 23 mai 2006 dont on parlera plus loin.
– La commission d’enquête indépendante : elle n’a jamais vu le jour. Cinq ans après la signature du Pacte National la loi N° 1997-016 du 7 mars 1997 l’a simplement rendue caduque ! De l’avis d’un des leaders de la rébellion, ceux-ci ont donné leur aval à cette loi d’amnistie des crimes, malheureusement sans l’avis des nombreuses victimes qui fondaient beaucoup d’espoir sur cette disposition du Pacte National.
– Le statut particulier du Nord du Mali : Par cette expression séduisante, par l’importance de son développement dans le document (presque les 2/3 de celui-ci) les autorités centrales ont séduit l’opinion publique internationale. En n’offrant au Nord qu’une décentralisation étendue uniformément à tout Pays, le Mali « prouve » aux populations du Sud – qu’il considère comme constituant son vrai peuple – qu’il n’a en fait rien concédé de particulier aux « bandits armés ». De ce fait « le statut particulier du Nord du Mali » n’a jamais vu le jour non plus.
Quant aux deux points importants évoqués plus haut, ils ont connu le même sort :
– Allègement des forces armées : au contraire le Mali a renforcé son dispositif militaire presque partout dans le Nord, notamment à Kidal avec la construction d’un 2ème camp, à Anefif, à Ajalhok, à Tessalit, à Abeybara, à Tnézé, Tinzawatèn, à Ménaka, à Adar – n- Boukar, donc principalement en zone touarègue ;
– Redéploiement des installations et implantations militaires hors de centres urbains : le camp militaire de Tombouctou, en plein cœur de la ville, y est toujours !
A Kidal, l’Etat a construit un 2ème camp au bord sud de la ville, seul côté par où la ville peut s’étendre, ce qu’elle ne peut plus faire par ce qu’elle est étouffée par un voisinage des plus indésirables. Par ailleurs et pour étayer les violations du Pacte National, des personnes arabes et touarègues, arrêtées par le Mali ont été simplement exécutées sans jugement, souvent avec une barbarie inouïe.
– Insurrection du 23 mai 2006 :
Le 23 mai 2006, tôt le matin, une insurrection armée a pris rapidement le contrôle des deux camps militaires de Kidal. Très tôt la population a su que les insurgés sont des éléments issus des ex-Fronts et Mouvements Unifiés de l’Azawad, majoritairement issus du MPA (Mouvement Populaire de l’Azawad) intégrés dans les corps maliens en uniformes. Ils avaient pour allier Ibrahim Ag Bahanga, peu satisfait de l’exécution de l’accord conclu entre lui et le Gouvernement du Mali en 2001. Mais on savait aussi qu’un malaise couvait déjà dans les casernes. Les insurgés, retranchés dans le massif de Tigharghar après avoir pris de l’arsenal ce qu’ils voulaient, ont rapidement pris l’appellation de « Alliance Démocratique du 23 mai pour le Changement ». Un important renfort militaire a été acheminé sur Kidal sous le commandement du colonel Alhaji Ag Gamou. Ce dispositif, qui avait visiblement « carte blanche », a pris le nom de « Delta Force ».
Ce fut une nouvelle ère d’angoisse dans toute la région, et une nouvelle ère de sévices diverses contre les populations civiles, une nouvelle ère d‘état d’urgence pour tout le Nord Mali, et, pour la ville de Kidal, un état de siège de facto. Les divers postes installés autour de la ville de Kidal ont imposé toutes sortes de tracasseries à une population déjà saturée de vexations depuis des décennies. Mais, moins d’un mois et demi après, sous la médiation algérienne, un accord a été conclu le 04 juillet 2006 entre l’Alliance et le Gouvernement malien, accord appelé couramment « Accord d’Alger ».
En fait l’Accord d’Alger a essayé de « coller » le plus possible au Pacte National de 1992, avec promesse d’un programme de développement spécial pour la Région de Kidal. Il n’avait pas l’adhésion d’Ibrahim Ag Bahanga. En mars 2007, l’armée de l’Alliance est rentrée à Kidal pour déposer les armes et se cantonner, tout cela en application de l’Accord d’Alger. En pratique l’accord a connu de sérieuses difficultés de mise en œuvre, bien qu’on ait placé à sa tête un responsable impliqué dans la gestion du dossier depuis 1990, intellectuellement apte à cerner la réalité des choses. Ces difficultés sont essentiellement inhérentes aux faits suivants :
– Le Gouvernement malien et l’Alliance n’avaient pas la même lecture de l’Accord ;
– L’échéancier arrêté était pratiquement impossible à respecter (tout comme pour le Pacte National) ;
– En dépit de l’Accord, la méfiance s’est accrue, particulièrement entre l’Alliance et les autorités maliennes ;
– Le programme spécial de développement mentionné dans l’accord pour la Région de Kidal a été envisagé pour les trois Régions du Nord
– Aucun allègement du dispositif militaire n’a été envisagé : au contraire l’Etat malien a fini par programmer une construction de casernes enrobée dans un « programme de développement » comme si des casernes pouvaient être d’enviables centres de vie pour des populations dont tous les malheurs proviennent des casernes !
– Le Nord Mali en général et particulièrement la Région de Kidal étaient devenus un gigantesque portail par lequel entrent et sortent deux fléaux funestes pour la sécurité générale : le narcotrafic et le terrorisme tous deux devenus rapidement tentaculaires parce que très juteux, avec des complicités dans tous les rouages de l’Etat et de l’oligarchie politico-financière de la population civile.
Conclusion : Le Mali a vécu une longue période où s’enchaînaient des séquences de troubles paroxysmiques et d’accalmie précaire. Cette récurrence est incontestablement la conséquence :
– d’un mal devenu endémique
– D’un diagnostic incomplet, voire erroné ;
– D’un remède inapproprié parce basé sur un mauvais diagnostic
– De l’aggravation du vrai mal puisqu’il ne reçoit que des traitements non appropriés
– D’une mauvaise application du remède prescrit.
En termes clairs les périodes de troubles ont été sanctionnés par des Accords qui ne sont en fait que des calmants, avec des engagements auxquels le pouvoir central substituait progressivement les comportements ayant justement motivé les différents soulèvements. A chaque nouvelle « rechute » le Pouvoir Central ne reconnaît comme cause que le déficit de développement qu’il promet de résorber sans pour autant le résorber. Le mal n’est pas seulement là, même si ce déficit est, aux yeux de la communauté internationale, moins infamant que la vraie cause : une mauvaise gouvernance érigée en routine et aggravée par des violations quasi permanentes, multiformes et inimaginables des droits de l’Homme.
Aujourd’hui que, pour la première fois, la Communauté Internationale décide de s’impliquer dans la résolution du problème, il est indispensable qu’elle le fasse de façon à ne plus être devant la nécessité de le faire. Pour ce faire il est hautement salutaire :
– De commencer par reconnaître qu’il y a bel et bien un problème de l’Azawad ;
– De cesser de gérer uniquement les conséquences du problème au lieu d’analyser et de mettre à contribution ses causes réelles ;
– De dresser un diagnostic complet et sans complaisance du problème, de ses origines à ce jour ;
– De faire une « prescription » véritablement curative comportant : recensement des victimes des abus et crimes commis ; dédommagements équitables en faveur de ces victimes ; traduction des criminels devant la justice afin que l’impunité cesse d’être le refuge de tous les criminels ; trouver une formule adaptée et consensuellement conçue pour la gestion politique de l’Azawad de façon que les gens ne se sentent plus comme des corps étrangers chez eux ;
– D’instaurer un mécanisme de gouvernance locale à pouvoir local aux mains de responsables locaux librement choisis par les populations locales, en rupture totale avec cette situation d’éternelle « tutelle » où la justice supplie, à genoux, l’arrogance de l’injustice et de la corruption ;
– Ne rien promettre qui soit irréalisable ;
– Réaliser toutes les promesses
– D’amorcer enfin une véritable réconciliation sur une base saine genre « vérité et réconciliation » ;
– De résorber rapidement l’énorme retard de développement cumulé par l’Azawad depuis l’indépendance du Mal ;
Le tout doit être placé sous l’œil vigilant de la Communauté Internationale.
C’est seulement ainsi, et ainsi seulement, sous la garantie de la Communauté Internationale, qu’il faut arriver à rompre définitivement avec une situation malsaine qui ne peut plus être pour amorcer une situation qui n’arrive pas à être et qui doit nécessairement être.