Dr Moussa Coulibaly, Chargé de cours de sociologie à la Faculté des Sciences Humaines et des Sciences de l’Education (FSHSE)
A en croire, le sociologue, Dr. Moussa Coulibaly, le temps étant le meilleur juge, un regard rétrospectif est en train de donner raison à ces militaires qui dirigent la transition tantôt qualifiée de junte ou de horde. « Trois ans après, on se rend compte non seulement que les colonels de Bamako ont pris la bonne option en diversifiant significativement la coopération militaire avec la Russie, mais aussi en mettant fin à la collaboration militaire avec l’ex-colonisateur », dit-il.
Au mois de janvier 2020, le président français Emmanuel Macron lançait une invitation aux allures de convocation aux chefs d’Etats du G5 Sahel pour qu’ils viennent clarifier leurs positions par rapport à la coopération militaire avec la France, coopération militaire dont l’objectif immédiat était de lutter efficacement contre le djihadisme qui ne cessait de frapper les pays du Sahel. Avec le temps, la France brille de mille feux par son incohérence qui dissimule mal l’absence de stratégies efficaces pour atteindre ses objectifs au Sahel depuis 2012.
L’Afrique de l’ouest, à travers le Mali et le Burkina Faso, est devenue la rampe de lancement de la contestation de l’ordre inefficace imposé par la France qui vit désormais des moments assimilables à un ” début de la fin ” de la françafrique en l’ouest africain.
Dr. Coulibaly, pense que le récent voyage de Macron en ex-Afrique équatoriale française traduit une volonté, celle de limiter les dégâts et de tenter de sauver ce qui reste de l’influence de Paris dans cette zone. Cependant, à ses yeux, ce qui est sûr, le renouvellement générationnel est annoncé et bénéficie de circonstances favorables. Les dirigeants d’Afrique centrale font face à l’usure du pouvoir due à la longévité épuisante de dirigeants malades, vieillissants dont les familles sont impliquées dans de nombreux détournements de fonds comme au Congo Brazzaville ou au Gabon.
Toutefois, le sociologue demeure convaincu que les récentes déclarations de Macron sur l’échec des différents régimes démocratiques qui se sont succédé en Afrique précisément au Mali donnent raison aux militaires qui dirigent en ce moment le Mali et le Burkina Faso. « C’est un peu l’image du maître d’école qui accuse le responsable de classe d’incompétence face aux contre-performance des élèves », explique-t-il. Tout en témoignant que la France est à l’image de ce maître d’école dont l’autorité s’est irrémédiablement détériorée parce que les élèves ne lui font plus confiance. En lieu et place du maître, le Mali a trouvé un partenaire s’est cherché un partenaire à ses côtés pour l’aider à vaincre les forces du Mal.
Entre classe politique en disgrâce et autorités de la transition, Macron a fait son choix. Ce choix doit être le point de départ d’un examen de conscience collectif. Les aveux d’impuissance du président de la République française doivent être le point de départ d’un sursaut patriotique qui doit inciter chaque malien à la clairvoyance.
Par ailleurs, pour Dr. Moussa Coulibaly, la leçon que la classe politique doit en tirer est qu’il faut pour le pays des dirigeants capables de s’extraire psychologiquement de toute influence venant de l’ancien maître en s’inscrivant dans le sens de la rupture, mais aussi de la diversification de la collaboration gagnant gagnant.