Le charme indéniable de la démocratie sous la transition, c’est que les partis politiques (disons ceux des assemblées populistes se considérant comme tels), les organisations de la société civile- et encore- mènent librement leurs activités. Les autorités actuelles ont toujours beau jeu de ne pas succomber à la tentation de faire peser une chape de plomb sur ce que l’on appelle communément les libertés individuelles et collectives. Ce respect des agréments de la démocratie prémunit grandement le pouvoir transitoire des accusations souvent trop faciles d’entraves multiples à l’excercice politique, et c’est tant mieux.
Le samedi dernier, 11 mars, trois évènements politiques ont occupé le landerneau. L’ASMA et l’URD ont tenu, respectivement, leurs 3ème et 11ème conferences nationales. Si le parti de la poignée de main a organisé sa rencontre dans la salle des 1000 places du C.I.C.B., l’assise du parti de feu l’ancien Premier ministre SBM s’est déroulée dans la salle de la Maison des Aînés, endroit somme toute exigu pour une formation en pleine ascension avant les évènements du 18 août 2020. Fait qui n’est pas à minorer, l’ASMA avait, une semaine avant sa troisième conférence nationale, suspendu trois de ses membres historiques qui avaient commis le crime de lèse-majesté de s’afficher avec un nouveau mouvement politique aux orientations absolument différentes des siennes.
Le troisième évènement politique de ce 11 mars sur lequel on ne peut faire l’impasse, c’est le point de presse de l’ACRT au cours duquel la direction et les démembrements regionaux démissionnaient en bloc alors même que son fondateur, Issa Kaou N’Djim, jouait au meeting de l’ASMA le pamplétaire le plus résolu contre les autorités de la transition dont il a été pourtant le défenseur le plus opiniâtre, avec la palme de collage des épithètes les plus flatteuses sur la personne de Colonel Assimi.
Il y a un fait non moindre de la semaine indiquée. Pour mieux le cerner, il faut savoir que dans l’histoire de la magistrature malienne, il y a eu d’éminents procureurs qui, en fin de carrière, ont parfaitement réussi leur reconversion dans l’avocature, devenant même de redoutables tenors du barreau. Mais il faut être aujourd’hui sceptique sur la capacité de Mohamed Chérif Koné, prenant un chemin inverse, de devenir le démiurge de la nouvelle démocratie malienne grâce à un Appel du 20 février 2023 que les traditionnels politiciens ne semblent pas avoir encore bien entendu. L’auraient-ils d’ailleurs entendu qu’ils feignent d’être sourds. Les chapelles politiques sont désormais déboussolées, tout simplement, jusqu’au désarroi. Elles sont, désespérément, à la recherche d’une voie nouvelle. Échangeant sur le sujet avec mon Doyen Mougou Soro Tall depuis Ségou, celui-ci m’a résumé leur attitude par une formule que je partage avec mes lecteurs : “Quand la pintade perd les traces des vanneuses, elle cherche celles des lavandières…Ces gens ne manqueront jamais de subterfuges pour se signaler.”