Il contribuera, pour partie, à aider les artistes et opérateurs culturels en difficulté, victimes de la crise du nord et bien sûr des artistes déplacés
Les activités artistiques et culturelles comme la création et l’organisation de manifestations souffrent en général du manque de financement adéquat. La crise politique et sécuritaire à laquelle notre pays échappe lentement, a pour conséquence la démobilisation des acteurs culturels et l’appauvrissement des artistes. Pour tenter d’atténuer cet impact négatif, le réseau d’opérateurs culturels Kya a multiplié les initiatives grâce à son « Programme de relance de l’action culturelle au Mali ». Dès septembre 2012, dix projets ont ainsi été identifiés et mis en exécution.
Le réseau a réuni samedi à Ségou, au siège de la fondation du Festival sur le Niger, l’ensemble de ses membres, les experts culturels, les membres du comité technique, les autorités administratives de la région de Ségou et la presse pour procéder au lancement officiel du fonds Maaya de solidarité et d’aide à la création artistique. Ce fonds est l’un des projets du programme. Son lancement a été précédé par l’évaluation de l’ensemble du programme.
Le fonds Maaya est divisé en deux parties. La première servira à aider les artistes et opérateurs culturels en difficulté victimes de la crise du nord et, bien sûr, des artistes déplacés. Quant à la seconde partie, elle fera l’objet de prêt aux artistes et opérateurs culturels. Les montants alloués sont donc à rembourser. Le fonds, financé par la fondation Doen des Pays- Bas, s’élève à environ 103 millions dont une moitié est disponible cette année et l’autre en 2014.
Un comité d’attribution a déjà été installé, composé de Salia Malé, Boubacar Hama Diaby et Youba Bathily. Il statuera sur les requêtes de financement afin d’en apprécier la pertinence et les capacités de remboursement.
Mamou Daffé, le président du conseil d’administration du fonds Maaya, et coordinateur du réseau Kya, s’est félicité de la mise place d’un tel fonds qui fait partie des recommandations du Forum de Ségou. Le réseau et ses partenaires agissent dans l’intérêt des artistes et des opérateurs culturels. Leur vocation est de permettre à la culture de jouer son rôle dans le développement de notre pays. Sur les dix projets retenus par le Forum de Ségou, sept ont été exécutés ou sont en cours d’exécution. Il s’agit de la création du fonds Maaya ; l’organisation de rencontres culturelles ; la création de groupes de réflexion « Think tank » sur les secteurs porteurs de la culture ; l’organisation d’un atelier de création avec les artistes déplacés du nord en musique et art plastique, programmé pour le 18 octobre prochain au Centre soleil d’Afrique à l’ACI 2000 ; l’organisation du Marché national des arts plastiques à Ségou appelé « Toc’Art » qui a été reporté à décembre 2014.
Quant à la diffusion d’une image positive du Mali à l’extérieur, de nombreux foras internationaux ont été investis par les membres du réseau Kya. Ce qui a débouché sur des résolutions fortes en faveur de notre pays comme celles de la Coalition internationale pour la diversité culturelle de l’UNESCO tenue en octobre 2012 à Bratislava en République tchèque. Le réseau des opérateurs culturels africains réuni à Casablanca au Maroc en décembre 2012 a également voté une résolution en faveur de notre pays. Un plan de communication pour une meilleure visibilité des actions du réseau est en élaboration avec les journalistes culturels qui travaillent habituellement sur les différentes activités.
L’organisation d’un forum national sur le dialogue et la diversité culturelle à Mopti et à Bamako, celle d’une journée consacrée aux monuments et la réalisation de la réplique des différents monuments détruits au nord sont projetées. Mamou Daffé s’est engagé, en collaboration avec les autres membres du réseau, à le faire dans les mois à venir.
Abdoulaye Konaté, artiste plasticien, directeur du Conservatoire des arts et métiers multi-média Balla Fasséké Kouyaté, représentant le ministre de la Culture, a salué une fondation qui, pour la première fois, alloue un fonds aussi important aux activités artistiques et culturelles de notre pays. Il a remercié la fondation Doen pour la confiance portée aux opérateurs culturels et artistes de notre pays. Le défi auquel il faut désormais faire face est la bonne gestion du fonds qui conditionne la survie du projet, surtout quand on sait que l’objectif visé est de transformer le fonds Maaya en une banque culturelle pour notre pays.