Le célèbre chroniqueur –radio, Mohamed Youssouf Bathily, alias Ras Bath a été placé sous mandat de dépôt à la Maison centrale d’Arrêt de Bamako, le lundi 13 mars 2023, pour »Simulation d’infraction ». C’est suite à des propos jugés graves par le procureur de la Commune IV du District de Bamako et qui sont relatifs à la mort en détention de l’ancien PM Soumeylou Boubèye Maiga que Ras Bath s’est retrouvé au Gnouf. Sur le fond nous nous abstenons de commenter, voire même de débattre d’une décision de justice. Il est de tradition républicaine que les décisions de justice soient débattues par des experts en la matière et des initiés en droit. Par contre sur la forme, les autorités judiciaires devraient avoir, me semble-t-il, fort à faire plutôt que de susciter une stérile polémique qui relèguerait encore les priorités au second plan. L’opinion est traumatisée par la corruption à ciel ouvert, par la vie chère et par l’insécurité qui annihilent tous les efforts de développement, au lieu de s’atteler à ce travail au grand bonheur du peuple, la justice chercher à faire le Buzz. Elle semble avoir beaucoup de dossiers entassés sur sa table et qui sont d’autant plus cruciaux que ceux de Mohamed Youssouf Bathily et de Rokia Doumbia, alias Rose le poivron. La justice pourrait-elle enfin s’affranchir de la tutelle des contingences de circonstance pour être véritablement indépendante ? Les autorités de la transition mesurent-elles l’ampleur de la crise qui sévit au Mali avant de prêter le flanc à cette diversion ? L’affaire de Ras Bath, bien que n’ayant pas de similitude, par sa nature, avec l’affaire des 49 soldats ivoiriens, rappelle fort opportunément cette rocambolesque affaire qui a défrayé la chronique pendant plus de six mois. Ces deux affaires ont comme dénominateur commun de créer non seulement le Buzz, mais aussi et surtout de détourner l’attention de l’opinion sur les vraies priorités du moment. En effet, les autorités de la transition, qu’elles soient politiques ou judiciaires, doivent comprendre que le Mali est assailli de toutes parts et est particulièrement confronté au péril Djihadiste. Donc tous les efforts doivent être concentrés et consacrés, à non seulement la lutte contre ce fléau, mais aussi et surtout à la résolution diligente des multiples priorités auxquelles le Mali est confronté. Loin de nous le sentiment de disculper Ras Bath, encore moins de le blanchir, mais nous avons le devoir de rappeler au procureur qu’avec cette affaire, il aura non seulement réussi à détourner l’attention de l’opinion sur des faits importants et en orientant son regard sur ceux susceptibles d’être classés parmi des faits divers.Pour rappel l’arrestation de Ras Bath, loin d’apaiser la tension sociopolitique, donne plutôt l’impression d’une chasse aux sorcières de toutes les voix discordantes à la transition. Elle donne l’occasion aux détracteurs de la transition de penser qu’il y a une véritable chasse à l’homme pour faire taire tous les opposants. C’est pourquoi beaucoup d’observateurs pensent à tort ou à raison que le Mali sous la transition du colonel Assimi Goïta est une République à polémique et des faits divers. Quand est ce que les autorités sauront que leur premier ennemi est le temps ? Par ces arrestations et les intimidations et autres harcèlements elles préparent le terrain, sans le savoir, à une éventuelle crise sociopolitique aux conséquences incommensurables. Alors même que la priorité devrait être accordée à la lutte contre le terrorisme et aux réformes institutionnelles et constitutionnelles. Quand un pays traverse une crise comme celle que nous connaissons les autorités doivent être vigilantes et ne pas se tromper de combat. Elles doivent se consacrer à l’essentiel. En somme, s’il y a un appel à lancer, ce serait à l’endroit des autorités judiciaires et à la justice en général, afin qu’elle sache que son image est écornée et sa réputation est salie par son comportement. Alors qu’elle a entre ses mains le pouvoir de redresser le Mali en distribuant une bonne justice. Elle doit se battre pour s’affranchir de la tutelle des gouvernants. L’arrestation de Ras Bath sent une odeur de manipulation et d’instrumentalisation sinon pour avoir commenté ces propos de Mohamed Chérif Koné à savoir que : « Soumeylou Boubèye Maïga n’est pas mort, il a été assassiné », à la conférence nationale de l’ASMA-CFP, le parti de l’ancien Premier ministre mort en détention en mars 2022, Mohamed Youssouf Bathily se retrouve en prison, alors qu’au même moment des propos d’une certaine virulence sont tenus par les partisans de la transition sans être inquiétés. N’y a-t-il pas deux poids et deux mesures ? Youssouf Sissoko