Dans les trois affaires jugées impliquant 87 accusés, 8 d’entre eux ont été condamnés à la peine de mort
La justice malienne, à travers celle de Kayes, vient de franchir un grand pas dans la lutte contre l’esclavage par ascendance. Du 27 février au 17 mars 2023, une session spéciale de la Cour d’assises de Kayes, présidée par Moro Diakité, s’est prononcée sur trois grosses affaires criminelles relatives à cette pratique et qui impliquaient 87 accusés, dont 56 détenus.
La 1ère affaire dite «affaire Diadioumé» impliquait le nommé Djibril Badiaga et 11 autres personnes. Ils ont été jugés pour association de malfaiteurs, assassinat et complicité d’assassinat, pillage, violation de domicile, coups et blessures volontaires et discrimination ethnique. La justice a été intransigeante. Ce sont 7 accusés qui ont été condamnés à la peine de mort et 1 à cinq ans de réclusion. Par contre, 3 accusés ont été acquittés.
S’agissant de la 2ème affaire dont les faits ont eu lieu dans le Cercle de Bafoulabé, elle concerne Moussa Sissoko et 34 autres. On leur reprochait notamment de meurtre, des coups et blessures volontaires, de troubles graves à l’ordre public, de vol qualifié, de l’incendie volontaire, de détention illégale d’arme à feu. La Cour a condamné le cerveau du groupe à la peine de mort. En outre, 2 accusés ont été condamnés à dix ans de réclusion, 3 à cinq ans de réclusion, 6 à cinq ans d’emprisonnement, 3 à trois ans d’emprisonnement, 2 à deux ans d’emprisonnement. Ce sont 10 accusés qui ont été condamnés avec sursis et 10 autres purement et simplement acquittés.
La 3ème affaire concernait Makan Fanguédou et 40 autres accusés, tous également du Cercle de Bafoulabé. Ceux-ci étaient accusés de séquestration, torture, coups et blessures volontaires et voies de fait, troubles graves à l’ordre public, discrimination, vol qualifié, détention illégale d’armes à feu, opposition à l’autorité légitime et complicité. La Cour a prononcé des condamnations à dix ans de prison dont cinq avec sursis. Elle a aussi relaxé 19 accusés.
«Je voulais juste saluer la tenue de cette session spéciale puisqu’au-delà du bilan, c’est surtout le caractère éducatif, pédagogique qu’il faut surtout voir. J’avais dit à Oussoubidiagna, après l’incident de 2021, que l’acte posé n’allait pas rester impuni et que les coupables allaient répondre de leurs actes. Et aujourd’hui, cela a été concrétisé», s’est réjoui le colonel Moussa Soumaré, gouverneur de la Région de Kayes, présent à la cérémonie de clôture de cette session spéciale. Il s’agit, selon lui, de dire à tout le monde que la justice fera son travail.
«Je profite de cette occasion pour appeler les uns et les autres à la retenue, en laissant la justice faire son travail. Qu’ils se réfèrent aux autorités et à la justice, en cas de problème. Que personne ne se rende justice lui-même», a conclu le chef de l’exécutif régional.
Le procureur général de la Cour d’appel de Kayes, Hamadoun Balobo Guindo, s’est dit satisfait des résultats des travaux. «Ce bilan ci-dessus évoqué, est la preuve éloquente que les affaires soumises à l’examen de la Cour ont connu un traitement diligent. Cette relative embellie constitue sans nul doute un progrès pour notre système judiciaire, car elle garantit à chacun le droit d’être jugé dans un délai raisonnable», a-t-il dit.
Hamadoun Balobo Guindo a fait remarquer que cette session spéciale est intervenue à un moment où notre pays est encore en proie à des foyers de tension sociale entre des habitants séculaires d’une même contrée, ayant entrainé des morts d’hommes, des blessures graves, des dommages matériels et beaucoup d’autres infractions.