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Me Mountaga Tall : «J’invite les maliens à ne pas confondre le 26 mars et ceux qui ont trahi l’idéal démocratique»
Publié le mardi 28 mars 2023  |  L’Essor
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Dans cette interview, le président du Congrès national d’initiative démocratique-Faso Yiriwa Ton (Cnid-FYT) évoque la commémoration de la date symbolique du 26 mars marquant le début de l’ère de la démocratie et du multipartisme intégral au Mali. Par ailleurs, Me Mountaga Tall se prononce sur le report du référendum, le projet de Constitution



L’Essor : Cette année, notre pays célèbre le 32è anniversaire de l’avènement de la démocratie. Qu’est-ce que cela vous inspire?


Me Mountaga Tall : Plus qu’une date, le 26 mars est d’abord un idéal pour la réalisation duquel des Maliennes et des Maliens ont consenti le sacrifice suprême. D’autres sont handicapés à vie. Ce sont à ces martyrs de la démocratie que je pense et auxquels je rends hommage quand arrive cette date hautement symbolique du 26 mars magnifiée dans la Constitution de 1992 et dans celle en cours d’élaboration.


Il ne faudrait pas confondre cet idéal démocratique particulièrement généreux et altruiste, qui est et qui restera toujours indispensable, avec certaines personnes qui, dans l’exercice du pouvoir, l’ont dénaturé et galvaudé. Ces personnes se sont servies du 26 mars pour devenir des rentiers d’état. Ces dirigeants ont ancré la corruption et l’impunité dans nos mœurs politiques. Ils sont pour la plupart connus et doivent aujourd’hui tirer, eux-mêmes, les conséquences du mal qu’ils ont infligé à notre pays. 


Mais d’autres acteurs de l’avènement de la démocratie ont maintenu avec dignité le flambeau du 26 mars. Avec d’autres Maliens «patriotes», ceux-ci doivent approfondir et consolider le processus démocratique dans le cadre de la refondation en cours. Il doit être clair pour tous que les seules alternatives à la démocratie restent la dictature et le populisme, dont nos compatriotes ne voudront plus jamais. Et je voudrais inviter les Maliens à ne pas confondre la démocratie et le 26 mars à ceux qui ont trahi l’idéal démocratique, républicain et patriotique.


L’Essor : Les autorités ont récemment annoncé  le report du référendum, initialement prévu pour le 19 mars dernier. Que pensez-vous de cette décision ?


Me Mountaga Tall : Ce report, bien évidemment, est regrettable. Mais après en avoir fait le constat, il ne sert à rien de rester dans une logique de critique, voire de tentative de blocage du processus en cours. Le mieux ne serait-il pas de s’impliquer collectivement pour, au-delà du référendum constitutionnel, respecter le chronogramme plus large de la Transition ? Les défis à relever sont titanesques, surtout avec la nouvelle carte administrative du Mali. 


Je pense d’ailleurs qu’il faudrait faire des choix pour ne pas prêter le flanc aux adversaires de la Transition qui n’attendent qu’une occasion propice pour attaquer et déstabiliser. On pourrait à cet égard réfléchir sur le report des municipales et de la mise en œuvre intégrale du nouveau découpage administratif à l’après Transition. Ainsi, les retards constatés pourraient être résorbés. L’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) devrait être consultée à ce sujet afin de ne pas le maintenir dans une mission impossible. Mais d’autres pistes peuvent exister.


L’Essor : Que retenez-vous du projet de Constitution qui a été validé, il y a quelques jours, par le président de la Transition?


Me Mountaga Tall : J’ai toujours soutenu qu’une Constitution ne pourrait jamais satisfaire pleinement un citoyen ni convenir à tous. Pour autant, la recherche du consensus le plus large doit prévaloir tout au long du processus. Y compris au cours de la campagne référendaire qui ne doit pas être un moment d’affrontement et de fracture. 

J’entends toutes les critiques qui sont formulées et qui ne sont pas toutes infondées. Mais au final, il faut toujours mettre en balance les avancées et les reculs et se décider en conséquence. De ce point de vue, il y a des avancées incontestables qui méritent une attention particulière, même si je ne conteste pas certaines réserves émises ici et là.


L’Essor : Le maintien de la laïcité dans le projet de Constitution suscite le mécontentement de certains leaders musulmans qui préfèrent, en lieu et place, le terme état multiconfessionnel’. Quel est votre avis ?


Me Mountaga Tall : La laïcité est une question extrêmement sensible qui mérite une recherche sans limite du consensus. Il ne faut pas traiter par un revers de la main les réserves émises par certains leaders et associations islamiques. Au contraire, il faut les approcher pour essayer de lever les points de divergences. Cela me semble possible si l’on essaie de donner un contenu clair aux concepts. Je suis d’autant plus convaincu de la possibilité de se comprendre que je sais que l’on dit la même chose avec des mots différents. Il faut se parler et donner des explications suivies de gages clairs et réciproques.


Propos recueillis par


Bembablin DOUMBIA
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