Interrompue depuis 2012, le Mali veut renouer avec l’organisation de la Biennale artistique et culturelle. Et, l’édition prochaine aura lieu à Mopti du 6 au 16 juillet 2023, avec la participation des troupes des 20 régions administratives du Mali. Le 31 mars 2023, Andogoly Guindo, ministre en charge de la culture, accompagné par le Colonel Abas Dembélé, Gouverneur de la région de Mopti, de plusieurs Gouverneurs des régions maliennes, a procédé au nom du Président de la Transition, Chef de l’Etat, au lancement officiel de la Biennale artistique et culturelle 2023, dans la salle de spectacle Sory Bamaba de Mopti.
En plus du thème de la Biennale artistique et culturelle 2023, intitulé « le Mali, une histoire commune, une seule nation, un même destin », il va falloir désormais compter avec le slogan du Colonel Abas Dembélé, Gouverneur de la région de Mopti : « Biennale 2023 : c’est Mopti qui gagne ». Si ce slogan du Gouverneur de la région a été perçu par de nombreux mopticiennes et mopticiens comme une victoire de la troupe de leur région le soir du 16 juillet 2023, il faut dire qu’il pourrait aussi démontrer la volonté du Colonel Abas Dembélé de faire de cette édition de la biennale un véritable projet de développement de la ville de Mopti.
Effectivement, à la faveur de l’organisation de cette biennale, l’Etat malien pourrait décider de la réalisation de certaines infrastructures de développement dans la ville de Mopti. Et, profiter pour faire d’une pierre deux coups. Réunir la jeunesse malienne pour célébrer la cohésion sociale et le vivre ensemble dans un Mali qui commence à pointer le nez en termes d’espoir de sortir de la crise. Mais, aussi, profiter pour colmater les brèches sur la route Bla-Mopti, en passant par San.
Déjà, avec les travaux qui sont en cours dans la ville de Sévaré, et l’élargissement de la digue Sévaré-Mopti, dont les travaux sont bien avancés, affichent la volonté des autorités de la Transition de profiter de cette biennale pour faire renaître l’espoir dans le centre du Mali.
Et, dans un tel contexte, il n’était du tout surprenant d’entendre le Colonel Abas Dembélé rappeler que « Mopti, durant des décennies a été une destination prisée par une multitude de visiteurs surtout étrangers, pour la diversité et la richesse de sa culture ». Selon lui, « malheureusement, une crise multidimensionnelle est venue hachurer ce beau tableau, paralysant du coup ce secteur si vital de notre économie, qui était un facteur de paix et de cohésion sociale ».
Dans un tel contexte, il a salué les plus hautes autorités du pays pour le choix porté sur la région de Mopti, pour la reprise de cet évènement culturel majeur de notre pays. « Je ne pourrais m’affranchir ici du vibrant témoignage de la reconnaissance et de la gratitude des autorités régionales et de toutes les forces vives de la Région à l’endroit des plus hautes autorités de la Transition sous la férule de son excellence le colonel Assimi GOITA, président de la transition, pour le choix porté sur la Région de Mopti pour abriter un évènement aussi important par sa portée symbolique, qu’est la Biennale artistique et culturelle », a-t-il déclaré.
Au regard de cette confiance placée dans la région de Mopti, le Gouverneur a déclaré : « C’est pourquoi notre ambition et la seule véritable est de mériter la confiance en nous placée, en rassurant les plus hautes autorités de notre disponibilité entière et de l’engagement des communautés à relever le défi ». Il a renouvelé la disponibilité des cadres administratifs et politiques, des forces vives et de l’ensemble des populations de la région à accompagner cette initiative noble et salutaire des plus hautes autorités et en particulier du Ministère de l’artisanat, de la culture…
Avant, le Gouverneur de la région de Mopti, Baba Touré, Chef de village de Mopti et non moins coordinateur des chefs de quartiers de la Venise malienne, tout comme Kassim Baber Guitteye, 2ème adjoint au Maire la ville de Mopti, étaient intervenus pour la saluer le choix des plus hautes autorités du Mali sur la ville de Mopti pour abriter l’édition 2023 de la Biennale artistique et culturelle du Mali.
« Le Mali est une nation des hommes d’honneur, le creuset d’une culture riche et diversifié conservant à la fois ses traditions, ses us et coutumes et ouvert à la culture universelle », a déclaré Andogoly Guindo, ministre de la culture. Il a rappelé que dès les premières années de son accession à la souveraineté nationale et internationale, la République du Mali a marqué sa volonté de promouvoir et de développer sa culture, ancrée dans les valeurs de notre société et ouverte au monde, en vue de réaliser son unité nationale fondée sur le sentiment d’une identité commune. Selon lui, cette volonté s’est traduite par la tenue de grandes manifestations culturelles, la création de formations artistiques nationales et la réalisation de grandes infrastructures culturelles (salles de spectacles, de cinéma…) favorisant la promotion de la diversité des expressions culturelles et de la jeunesse malienne fortement attachée aux valeurs de notre société.
Il a rappelé que « la culture était considérée comme le socle pour maintenir l’unité nationale, la cohésion ». Selon lui, ce socle culturel a permis de faciliter l’émergence de nombreux événements destinés à préserver et valoriser le patrimoine des collectivités et à mieux asseoir les bases d’une nation fondée sur l’apport équitable de toutes les composantes culturelles de sa société. Pour raviver les souvenirs, il dira que sous sous l’impulsion du gouvernement de la première république, un espace d’expression culturelle fut créé sous la dénomination de la « Semaine Nationale de la Jeunesse », avec les ardeurs de l’indépendance. « Elle aura enregistrée sept éditions de 1962 à 1968 », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter sous la deuxième République la «Semaine Nationale de la Jeunesse » est devenue « Biennale Artistique, Culturelle et Sportive» qui a connu dix éditions de 1970 à 1988. Il a ajouté que la Biennale sportive a connu trois éditions : 1979 à Ségou, 1981 à Mopti et 1983 à Sikasso.
Selon le ministre en charge de la culture, la Biennale Artistique et Culturelle, créée aux premières heures de l’indépendance, est une manifestation populaire dont l’objectif global est de favoriser le brassage et l’interpénétration des populations et de contribuer à l’émergence d’une culture de paix et de citoyenneté.
Dans une démarche de rappels historiques, le ministre a indiqué que la reprise de la biennale intervient en 2003 à Bamako et son processus de délocalisation a commencé en 2005 avec la région de Ségou, puis en 2008 avec la région de Kayes et 2010, avec la région de Sikasso. « Après l’édition de Sikasso en 2010, le témoin fut passé à Mopti devant abriter celle de 2012. Elle fut avortée, en raison des contraintes sécuritaires », a-t-il indiqué. Avec la précision qu’il a fallu attendre 2017 pour organiser une édition spéciale à Bamako.
Mais, qu’à cela ne tienne, le Ministre a estimé qu’après l’édition de Sikasso, la Biennale est tombée dans une hibernation qui a entraîné un étiolement du sentiment d’identité commune ; un délitement de la conscience nationale ; un effritement des valeurs culturelles de solidarité, de tolérance, de cohésion sociale et du vivre ensemble ; une diminution de l’élan de civisme, de patriotisme, de construction citoyenne et du don de soi.
« Le Gouvernement organisera l’édition 2023 de la Biennale Artistique et Culturelle du 06 au 16 juillet 2023. La Région de Mopti a été proposée pour accueillir cette édition 2023. Ce choix se justifie par le fait qu’au lendemain de la Biennale du cinquantenaire, tenue à Sikasso en 2010, le témoin a été passé officiellement à la Région de Mopti pour accueillir la prochaine édition », a-t-il rappelé. Mais, il a précisé que cette reprise de la biennale est une forte recommandation des Assises nationales de la Refondation et une volonté politique affichée du Président de la Transition, Chef de l’Etat, le Colonel Assimi GOÏTA. Selon lui, elle s’inscrit également dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’Action du Gouvernement, du Cadre Stratégique de la Refondation de l’Etat et de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger.
« Cette édition mettra en compétition les troupes artistiques et culturelles des 19 régions du Mali et le District de Bamako dans les disciplines comme l’ensemble instrumental traditionnel, le solo de chant, la pièce de théâtre, la musique d’orchestre, le ballet, le ballet à thème, la danse traditionnelle, le chœur, et l’exposition des objets d’art », a-t-il énuméré. Avant de rappeler le thème principal de cette édition 2023 qui est « Le Mali, une Histoire commune, une seule Nation, un même Destin ».
Le tirage de l’ordre de passage des différentes régions qui a suivi cette série de discours, entrecoupée par des intermèdes musicales de L’orchestre Kanaga de Mopti, a donné le résultat suivant : Sikasso (1), Ménaka (2), Bandiagara (3), Koutiala (4), Nioro du Sahel (5), Tombouctou (6), Koilikoro (7), Dioila( 8), Kidal (9), Ségou (10), Mopti (11), Bamako (12), San (13), Gao (14), Nara (15), Kayes (16), Douentza (17), Kita (18), Bougouni (19) et Taoudenit (20).