Comme annoncer la veille, la cellule de crise des organisations professionnelles de la presse s’est réunie autour de la question de la disparition du journaliste Aliou Touré, Directeur de publication du journal « Le Démocrate », le 6 avril 2023, malgré sa réapparition quelques heures plutôt. Une occasion pour dire haut et fort, non et plus jamais ça au Mali. « A Bamako quand l’on peut disparaître ainsi. Que les auteurs de ces pratiques qu’ils soient des groupes officiels ou officieux, n’honorent ni la République, ni la démocratie et ne servent pas la transition » a indiqué lors de cette rencontre, le coordinateur de la cellule de crise M. Bandiougou Danté, non moins président de la maison de la presse.
C’est visiblement très remontés que les professionnels de la presse malienne se sont retrouvés à la maison de la presse, le mardi 11 avril 2023, malgré la réapparition miraculeuse de leur confrère Aliou Touré, quasiment dans les mêmes conditions que sa disparition le 6 avril. Objectif : dire non aux actions de musèlement de la presse par des actions d’enlèvements, de séquestrations, voire de disparitions forcées. Pendant 5 jours, du 6 au 10 avril 2023, le journaliste Aliou Touré a été enlevé en plein centre-ville de la capitale malienne par des hommes armés cagoulés et emmené de force vers une destination jusque-là inconnue. Un scénario qui rappelle le cas Birama Touré qui reste toujours introuvable depuis sa disparition en 2016. Si des journalistes peuvent disparaître et réapparaître comme ça dans un pays qui face à une profonde crise sécuritaire, c’est vraiment grave s’inquiète Bandiougou Danté. C’est pourquoi, dans son allocution, il a interpellé les plus hautes autorités de la transition afin de faire la lumière sur cette affaire. « Nous interpellons les plus hautes autorités du pays, qu’elles prennent toute leur responsabilité face à de telle pratique qui ne doit pas rester impunie » a-t-il indiqué, puisque, de toute façon quel que soit l’auteur de cette pratique, selon lui, « un doigt accusateur sera porté sur l’Etat qui a la responsabilité de nous protéger ». Bandiougou Danté estime que l’acte aurait été un peu compréhensible, s’il était produit dans une autre localité du pays. « La situation exceptionnelle dans laquelle se trouvent notre pays et notre sous-région. Dans certaines parties du Pays où cohabitent différents groupes. Groupes armés, Jihadistes, bandits de grands chemins, forces de défense et de sécurité, nationales et étrangères. De telles situations, quand ça se passe, l’on peut s’interroger, mais à Bamako, quand l’on peut disparaître ainsi. Que les auteurs de ces pratiques qu’ils soient des groupes officiels ou officieux, n’honorent ni la République, ni la démocratie et ne servent pas la transition » a-t-il indiqué tout en annonçant par la même occasion que seul l’Etat à la possibilité de faire payer aux auteurs de telle pratique leur action. « Nous souhaitons que les plus hautes autorités du pays ouvrent les enquêtes nécessaires, honnêtes, sincères, dignes pour qu’on sache réellement qui avait enlevé Aliou et qui l’a libéré.
En outre, le président de la maison de la presse a invité l’ensemble des journalistes du Mali à rester unis comme un seul homme pour non seulement que de telles actions ne se reproduisent plus, mais aussi faire en sorte que lumière soit faite enfin sur le cas Birama Touré, prochaine mission de cette nouvelle cellule de crise qui sera renforcée et institutionnalisée pour faire désormais face aux problèmes sécurité de la corporation.
En tout cas, s’il manquait juste là des faits et des exemples sur les violations des droits de l’homme et de la liberté d’expression sous la transition, le cas Aliou Touré en est désormais une parfaite illustration.