Banta Diabaté était l´entraîneur de la surprenante équipe de l’AS Mandé de la Commune IV en 1991. A l’époque, elle a éliminé successivement l’AS Fihroun de la Commune III, le COB, le Djoliba, et le Stade malien de Bamako pour jouer la finale de la Coupe du Mali. C’était vraiment un scénario qui rappelle la “Dream Team” de l’AS Réal dans les années 1980. Au-delà de l’engagement et de la détermination des Mandekas, leurs différents exploits sur la scène suscitaient d’autres commentaires : la chimie noire (daga en bambara). Banta Diabaté, notre héros de la semaine, avance d’autres explications pour asseoir lesdites performances. Mais nous prouvons par des preuves réfutables les non-dits de ces exploits. Arguments contre arguments, l’entretien était houleux dans la convivialité sous le temple de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”. Aîné de sa famille, Banta Diabaté consacre la journée du vendredi au domicile paternel (sis à Hamdallaye-Plateau), pour rencontrer ses frères et discuter des problèmes de la famille. Nous l’avons rencontré en ce lieu le vendredi 24 mars 2023.
Les allégations liées à la chimie noire ont toujours amusé la galerie entre les supporters de nos clubs. Le corbillard (avec à bord un mort) que les Réalistes ont rencontré en 1979 en se rendant au Stade pour la rencontre des 1/2 finales de la Coupe du Mali contre le Djoliba est un fait réel, confirmé par un joueur dans cette même rubrique.
Le Stade malien de Bamako, en déplacement au Togo pour un match de Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, devait aussi éviter de rencontrer un albinos avant le coup d’envoi. Malheureusement l’arbitre de la rencontre en était un. Dommage ! Au Djoliba il se racontait que le portier Sory Kourouma avait un gant magique.
Autre anecdote : en 1985 au départ des Aigles pour Abidjan dans le cadre des éliminatoires de la Can-1986, le marabout de Dily Sidi Modibo Kane a travaillé un ballon. Il fut remis à l’entraîneur adjoint Mamadou Libo Diarra. Le jour du match, il a oublié le ballon à l’hôtel. No comment !!!
Que l’AS Mandé soit citée dans une rumeur de chimie noire ne saurait donc être un événement. Sinon il est corollaire que l’équipe communale pratiquait un football engagé, soutenu par la motivation du président Mamby Camara à 80 % selon Banta Diabaté. La complicité entre l’entraîneur et les joueurs fût aussi un facteur déterminant dans la belle épopée du club. Tout cela était-il suffisance ?
Banta signe et persiste en occultant l’aspect mystique. Pourtant nous détenons des informations selon lesquelles une vieille de la ville de Kangaba était la main invisible qui appuyait l’AS Mandé. Elle a prédit spécifiquement quatre victoires en Coupe du Mali, et conseillé aux dirigeants de passer la voir au bout de ces exploits.
Faudrait-il rappeler que l’équipe était internée durant tout ce temps à Kangaba, et l’entraîneur Banta quittait Bamako tous les jours à 14 h. Effectivement, l’AS Mandé effectue un parcours sans faute avec quatre victimes : Commune III, COB, Djoliba, Stade malien de Bamako. Qu’est-ce qui a poussé les responsables du club, pour qu’ils ne soient pas partis revoir la vieille après la qualification de l’équipe en finale ?
C’est seulement le jour J que Banta s’est résolu à lui rendre visite. La vieille n’a pas apprécié cette attitude. Elle dira à son visiteur que les choses ne seront pas faciles. Le guide spirituel du vestibule de Kangaba, Kela Balla avait aussi invité l’équipe avant son départ pour Bamako. Mais elle n’a pas obéi. Le président Mamby Camara ,Banta Diabaté, et Issa Kamissoko l’ont rencontré après que joueurs ont quitté Kangaba. Lui aussi n’a pas apprécié sans faire de commentaires. Notre héros du jour à la fin de nos révélations était vraiment surpris par ces informations, dont les seuls acteurs de ces faits sont censés les détenir. Qu’est-ce qu’il en pense ? A quel moment il a su que son équipe ne remporterait pas la Coupe du Mali ?
“Il est difficile d’avoir les sources d’informations d’un journaliste. Je ne confirme pas vos révélations, et tout commentaire aura tendance à porter un jugement indicatif. A quelques heures de la finale, des faits insolites se sont produits. Le véhicule des joueurs est tombé en panne. Ils ont regagné le stade en détail c’est-à-dire dans des véhicules différents. Oumou Sangaré, de retour d’un concert à Kangaba, nous a même secourus. Dans les vestiaires deux joueurs ont piqué une crise de paludisme. On ne saurait se résigner à prime à bord, mais c’était des signes annonciateurs d’une mauvaise situation”.
La carrière d’entraîneur de Banta Diabaté commence en 1982 avec la section III de l’UNJM d’Hamdallaye. A ce niveau il remporte les deux premières éditions (1982, 1983) de la Coupe UNJM. Au bout de deux ans il est appelé à la rescousse pour les rênes de la Commune IV. Il récidive en décrochant la Coupe UDPM au détriment des six communes du district de Bamako.
Son passage au Stade malien de Bamako (comme entraîneur de l’équipe espoir) est estompé par feu Mamadou Diarra (beau-frère de feu le général Moussa Traoré) et Mamby Camara. Le duo avait l’ambition de donner un second souffle aux activités sportives et culturelles de la Commune IV.
Coup d’arrêt
Banta Diabaté eut le mérite de faire monter l´équipe en première division. En janvier 1991, la section UDPM propose de donner un nom à l´équipe. Les événements du 26 mars bouleversent ce projet. Après cet orage le club fut baptisé “AS Mandé de la Commune IV”. Contre toute attente le parcours sensationnel du technicien avec l’AS Mandé n’ira pas au bout. Il paie cash la lourde défaite de 5 à 0 concédée en Algérie par le club en Coupe d´Afrique. Ajoutées à cela les incompatibilités d’humeur avec l’entourage du président Mamby Camara, il est remplacé par un autre entraîneur Modibo Touré. Banta s’occupera désormais de la direction technique.
En 1993 sa passion pour le Stade malien le conduit sur la barre technique de l’équipe. Les Blancs venaient de tomber à Tombouctou sur un score de 5 buts à 2. En répondant à l’appel de son club, Banta Diabaté renonce au salaire, et insiste sur la non-ingérence dans son programme de travail.
Qui est cet homme ? Comment et pourquoi il a précipitamment quitté l’encadrement technique du Stade ?
L’enfant d´Hamdallaye est admis au DEF en 1969, décroche le bac quatre ans plus tard (1973-1974), pour ensuite se retrouver à l’EN Sup, option psycho-péda. A partir de la 2e A, il profite d’un concours pour intégrer Air-Mali. Il bénéficie d’une bourse sur l’aviation civile à Beyrouth au Liban, ponctuée d’autres stages à Abidjan, Dakar, Dublin. A son retour, Banta Diabaté occupe successivement les postes de : chef de service mouvement à Air-Mali, chef de division des opérations techniques, chef de division des escales, instructeur.
A la dissolution de la compagnie Air-Mali, il est nommé chef de division technique, et en même temps directeur de l’exploitation par intérim à Mali T.A.S (Tombouctou Air Services) de 1987 à 1992, date d’adhésion du Mali à Air Afrique. C’est cette mutation sur Abidjan en août 1994 qui explique son départ de son poste d’entraîneur du Stade malien de Bamako.
Dans la capitale ivoirienne, Banta Diabaté dirige le service assistance en escale chargé des contrats d’assistance avec les compagnies aériennes qui exploitent les escales d’Air Afrique. Il assure le même service quand Air Afrique opère dans d’autres pays. Ce qui fait qu’il avait sept mois de mission à travers les cinq continents dans l’année. En 2002 Air Afrique est dissout, il reste au compte du liquidateur et s’occupe de la Régie Aérienne chargée des activités en escale. Par la suite le cabinet suisse chargé de l’étude de faisabilité sollicite ses compétences. Ce qui aboutit à la création de l’Asam en septembre 2006. Les expériences de Banta Diabaté le propulsent comme chargé de mission dans cette entreprise jusqu’à sa retraite en 2013.
Il devint consultant en aéronautique, et président de l’Association des anciens travailleurs de l’aviation civile. Que pense-t-il de l’assertion selon laquelle l’avion est le moyen le plus sûr ? “L’avion ne peut être que sûr, sauf si quelqu’un ne veut pas faire correctement son travail. 99 % des passagers de l’avion entrent et sortent sains et saufs de l’appareil. Mais cela n’est pas évident avec les Sotrama et les véhicules personnels”.
Banta Diabaté est marié et père de quatre enfants. Dans la vie il aime le sport, les discussions politiques, l´humilité. Il déteste l´hypocrisie, le béni oui-oui, le manque de franchise.
A la question de savoir pourquoi il a tourné dos au Stade malien de Bamako ? Il martèle que le bureau du comité exécutif doit être élu par vote, et dont le président viendra avec son programme. Autrement dit, il restera à l´écart tant que le pouvoir se transmettra comme une monarchie. A titre de rappel ; Banta Diabaté fût président de la section football du Stade de 2005 à 2009, puis Vice-Président chargé de l’administration et de la Direction Technique sous les présidences de Sam, de Boukary Kolon Sidibé et de Boubacar Coulibaly.