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Troubles au camp militaire de Kati : La rançon de l’inconséquence du pouvoir transitoire
Publié le jeudi 3 octobre 2013  |  Le Prétoire


© Autre presse par DR
Capitaine Amadou Sanogo


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Pendant que d’autres soldats montent en force, assistés des forces internationales, pour assurer la stabilité dans les régions du Nord, des militaires indisciplinés s’amusent à gaspiller les munitions à des fins inutiles. Ces petits mutins n’ont-ils pas raison de demander d’être récompensés de la même manière que leurs complices dans un Mali où le crime est souvent gratifié ?

Le truculent capitaine désormais général pittoresque et sa clique de soldats mal dressés se sont donnés encore en spectacle, lundi dernier.

En effet, la soldatesque, avec à sa tête le capitaine Konaré, aurait subitement, pour une histoire de grades, décidé d’en finir avec le nouveau général. Victimes, selon eux, d’une injustice dans un système totalement tordu, plusieurs des putschistes amateurs du 22 mars dernier n’ont pas apprécié de constater qu’au ministère de la Défense, leurs noms auraient été retirés à la dernière minute d’une liste de bénéficiaires de promotions annuelles prévues pour le 22 septembre.

Une semaine après, lundi 30 septembre, à Kati, le siège du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité (Cmsrfds) est pris d’assaut par un groupe d’une trentaine de sous-officiers enragés.

Il est presque 10 heures, lorsque trois militaires lourdement armés font irruption devant la porte principale du comité et ouvrent un feu de rafales de mitrailleuse. Sauve qui peut! Le colonel Mohamed El Habib Diallo, qui assure l’intérim à la tête du Cmsrfds, et qui se trouvait à ce moment dans la cour en discussion avec des vendeurs de véhicules d’occasion, court rapidement vers son bureau. Les trois assaillants investissent le siège du comité et foncent directement vers le bureau du colonel Diallo.

Selon le témoignage d’un des vendeurs de voitures d’occasion présents à Kati au moment des faits, «deux complices sortirent du local qui sert d’entrepôt et rejoignirent les trois autres assaillants dans le bureau du colonel Diallo, qui est contraint de les suivre dehors. Pendant qu’il tente de prendre la fuite, un autre qui ne faisait pas partie des soldats assaillants lui tire dans les jambes avec un pistolet, le blessant avant de l’emmener dans un endroit tenu secret du poste de commandement».

Ces faits sont fort dégradants, voire honteux. Cependant, ces sous-officiers, qui n’ont aucune déontologie militaire, même dans ces conditions de médiocrité et d’injustice flagrante, ne doivent pas être les seuls à être blâmés dans la mesure où les autorités de la transition sont allées au bout de leur logique : faire l’apologie du crime en nommant Sanogo président d’un comité de haute importance, en le bombardant général quatre étoiles. Tout est parti de là. Il n’y a quasiment rien d’étonnant à voir le reste de la bande de Sanogo demander sa part de récompense.


Sanogo ne se gêne pas de porter ce galon de général qu’il ne mérite aucunement.

En effet, en sa qualité de soldat butor, il ne manquait pas de brailler que 70% du putsch était pour la cause du Nord, 30% pour la lutte contre la corruption, le redressement de l’Etat, de l’éducation et patati patata… Pourtant, lui et ses camarades n’ont jamais osé monter au front pour ramener la paix et la sécurité. Au contraire, les mutins ne se gêneront pas pour troubler la quiétude des habitants de Kati et de Bamako avec un impressionnant arsenal militaire, que le gouvernement laisse à leur portée malgré la dissolution de leur comité, uniquement pour obtenir des grades. En clair, dans cette histoire de troubles au camp militaire de Kati, les sous-officiers indisciplinés sont loin d’être les seuls fautifs.

D’abord, le Président intérimaire, Dioncounda Traoré, n’a pas rendu service au Mali en nommant Sanogo général. Au contraire, il a préposé une sorte de haute trahison envers l’Etat, en couvrant d’or celui qui a commis un acte jugé de crime imprescriptible par la Constitution. En effet, nous ne sommes pas loin du crime de haute trahison, lorsque les responsables chargés de gérer les affaires publiques ne sont captivés que par l’esprit du privilège, la volonté de se servir de l’Etat au lieu de le servir en s’octroyant, dans la totale démesure, des avantages au grand détriment du peuple désabusé. Ensuite, dans ces conditions, l’actuel président, IBK, faute de ne pas pouvoir dégrader Sanogo, ne doit pas céder aux caprices insensés de mutins.

Rokia DIABATE

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