Jugée inopérante, le départ de la mission multidimensionnelle des Nations unies intégrée pour la stabilisation au Mali fait jaser. Alors que de nombreux mouvements et organisations de la société civile malienne scandent le départ pur et simple de la mission onusienne du territoire malien, plus d’une dizaine d’organisations de Gao (une localité du pays) envisagent tenir, dans les jours à venir, une conférence de presse pour se désolidariser de toute manifestation demandant ledit départ.
Depuis quelques jours au Mali, l’annonce portant sur le départ « pur et simple » de la Minusma fait échos. Au sein de la capitale malienne (Bamako) comme dans plusieurs localités, des annonces relatives à la tenue d’une manifestation demandant le départ de l’organe onusien restent d’actualité, voire font l’objet de campagne médiatique. Le rendez-vous de taille, normalement prévu pour ce vendredi 28 avril 2023 dans plusieurs lieux du pays est organisé par de nombreux mouvements et organisations de la société. Parmi les organisateurs figurent les membres de Yèrèwolo debout sur les remparts. Avec à sa tête Adama Ben Diarra dit Ben le Cerveau, ce mouvement anti politique française au Mali plaide, depuis des années, pour le départ de la Minusma. Interrogé sur l’antenne du Renouveau TV, Adama Ben annonçait que la Minusma contribue plutôt à la dégradation de la situation sécuritaire. « Elle doit simplement quitter le Mali. L’organe onusien contribue à 80% de la situation d’’insécurité dans le pays. Son départ est une bonne chose pour la sécurisation du pays », a-t-il dit. Cela s’explique, dit-il, par le fait que la Minusma reste pilotée par la France. Au conseil de sécurité des Nations unies, a-t-il poursuivi, les autorités maliennes ont dénoncé des violations répétitives de l’espace aérien malien par la France. Elles ont demandé, par conséquent, l’ouverture d’une enquête afin d’établir toute la lumière sur la question, rappelle Adama Ben Diarra. Il y a de brouille entre le Mali et la France. Or tous les postes stratégiques de la Minusma sont occupés par cette-même France, constate le membre du CNT. La Minusma est composée de 84 pays, ajoute Adama Ben Diarra qui précise qu’il va falloir la chasser après avoir réussi à chasser les forces de la Barkhane. Puis de soutenir que les rapports produits par la Minusma sur la situation sécuritaire au Mali ne sont pas fiables. Elle produit, d’après lui, des rapports pour contraindre les autorités du Mali à se plier à leurs ordres. À ces précisions s’ajoutent celles des acteurs influents tels que Boubou Mabel Diawara, Tahirou Bah et plein d’autres maliens qui protestent contre le maintien de l’organe.
Au moment où Bamako et d’autres localités s’apprêtent à manifester, des organisations se trouvant dans la région de Gao s’y opposent. Plusieurs organisations de la société civile se désolidarisent d’ailleurs de toute manifestation clamant ce départ. Sur lesquelles figure la Fédération des organisations de résistance civile de Gao. Contacté par nos soins, Anass Maïga, non moins membre de la Fédération annonçait ceci : « Nous ne nous opposons pas au départ de la Minusma à Gao. Mais nous voulons juste nous désolidariser des manifestations demandant le départ de la mission onusienne ». « C’est pour dire que nous ne sommes pas d’accord avec tout ce qui se dit à Bamako ». Ce n’est pas à nous(citoyen) de demander à la Minusma de partir. Il revient plutôt, précise M. Maïga, aux plus hautes autorités de le faire. Les autorités de la transition ont déjà accepté le renouvellement de ce mandat. Avant que la Minusma se retire, l’Etat du Mali doit songer à faire des garanties pour les jeunes et les populations qui bénéficient de pas mal de choses aujourd’hui grâce à l’organisation onusienne. La Minusma fait des formations dans plusieurs localités de Gao ainsi que dans d’autres zones pour les femmes et les jeunes. Beaucoup de jeunes travaillent de nos jours grâce à elle, témoigne l’intervenant. Ce qui l’amène à soutenir qu’il faudra d’abord réfléchir à combler ce vide avant tout départ. Au total, indique Anass Maïga, plus d’une dizaine d’organisations de jeunes et de femmes doivent tenir une conférence de presse, dans les jours à venir, pour se désolidariser des manifestations clamant le départ de la Minusma, annonce le résident membre de la Fédération des organisations de résistance civile de Gao. Cet interlocuteur joint par téléphone confiera que le pays traverse une situation exceptionnelle. De ce fait, dira-t-il, il faudra réfléchir et trouver des garanties pour les populations avant ce départ tant clamé par certains.