Le lundi dernier, aux environs de 10 heures, Bamako a failli retenir de nouveau son souffre, quand des coups de feu nourris ont retenti dans la ville garnison de Kati, devenue une véritable forteresse depuis le coup d’État du 22 mars 2012. Kati, ville à la fois emblématique et tristement célèbre depuis qu’une horde d’ex-putschistes sous les ordres du Capitaine Amadou Haya Sanogo, aujourd’hui général d’Armée quatre étoiles (inédit vous dites ?), y règne en maîtresse incontestée au point de se croire au dessus de toutes les lois de la République, et tirant, malheureusement, les ficelles jusqu’au haut sommet de l’État. Et oubliant même que le Mali est sortie de l’informel depuis l’investiture d’un président de la République légitime, démocratiquement élu le 11 août 2013, pour se permettre des petits jeux à la gâchette facile.
En effet, la mutinerie avortée du lundi dernier n’aurait pas dû avoir lieu, si nous étions dans un État responsable. A savoir si c’était une simple mutinerie en marche, car de sources dignes de foi certains militaires responsables de la fusillade du lundi matin à Kati, en compagnie de trois policiers (lesquels sont impliqués dans le fiasco du 26 septembre 2012, au Groupement Mobile de Sécurité-Gms) ont débarqué aux environs de 16 heures dans la cour de Gms dans le but de faire rallier à leur cause les policiers de ce groupement.
Malheureusement pour eux, ils ont essuyé le refus catégorique des éléments du Gms de les suivre dans leur aventure. Selon toujours nos sources, le même sort leur a été réservé au camp de la Garde Nationale à Tominkorobougou. Cette tentative de faire rallier les policiers du Gms et les éléments de la Garde Nationale à leur cause s’étant déroulée 6 heures après les coups de feu de Kati, il y a lieu de se demander s’il s’agissait vraiment d’une simple mutinerie de protestation pour cause de non avancement dans les grades. D’autant que ces mutins à la gâchette facile n’ont pas hésité à ouvrir le feu sur un de leur supérieur, en la personne du Lieutenant-colonel Mohamed El Habib Diallo. N’est-ce pas qu’il y a vraiment matière à réflexion pour savoir si ce n’est pas un coup d’État qui se préparait ? Surtout à un moment où le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita se trouve en déplacement hors du pays. C’est pourquoi nous disons que la hiérarchie militaire doit sévir contre ces soldats mutins qui font honte à la République.
Occasion aussi pour le président de la République, chef suprême des Armées, une fois de retour à Bamako, de régler définitivement la question de toutes ces manifestations d’humeurs dans les casernes pour une histoire de promotion exceptionnelle accordée à des ex-putschistes. Même s’il faille, pour cela, qu’il annule les décrets de nomination au grade de Général de Amadou Haya Sanogo. Qu’on ne se voile pas la face, car c’est là où réside tout le problème. La preuve, nul n’a entendu un chat crier, à fortiori un militaire, quand les colonels Ibrahim Dahirou Dembélé, chef d’État-major des Armées, et Yamoussa Camara, ancien Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, ont été promus Généraux. C’est que la promotion de ces deux Colonels-majors au grade de Général, pourtant des putschistes au même titre que Amadou Haya Sanogo, était conforme aux textes régissant la carrière et l’avancement au sein de l’Armée.
Mais un capitaine qui saute illico jusqu’au grade du général d’Armée, et se classe « le plus haut gradé de l’Armée en activité », c’est vraiment inédit, et il faut être un Dioncounda Traoré pour l’accepter. Un autre choix moins contraignant s’offre au Président IBK: mettre le Général Amadou Haya Sanogo à la retraite d’office ou le bombarder ailleurs. A défaut, IBK doit accepter qu’il y ait « plusieurs capitaines dans son bateau » ! On ne le dira pas deux fois.