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MINUSMA : Bouge, bouge pas !
Publié le jeudi 4 mai 2023  |  Zire infos
Patrouille
© aBamako.com par A S
Patrouille de la MINUSMA à Tombouctou
Tombouctou, le 11 Mai 2015, la MINUSMA a procédé aux patrouilles à Tombouctou
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À Bamako, plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 28 avril 2023 au Palais de la Culture demandant le départ de la force Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali. (MINUSMA). Au même moment dans certaines régions, notamment au Nord du pays, les populations s’opposent à cette démarche. Ce qui crée de la contradiction et des interrogations au sein de l’opinion nationale autour de la question du départ ou du maintien de la mission onusienne au Mali.

Alors que le mandat de la MINUSMA arrive à terme en juin prochain, des voix s’élèvent déjà, tout comme lors des processus de renouvellement du mandat en cours, pour demander de mettre fin à cette mission onusienne au Mali. Le 28 avril 2023, le message a été clair à partir du Palais de la Culture où des manifestants arborant le drapeau tricolore malien ont rejeté toute idée de renouvellement du mandat de la MINUSMA.

Ces manifestants se payent d’ailleurs le luxe de parler au nom de l’ensemble du peuple malien autour de cette question. C’est le cas d’un porte-parole du mouvement Yèrèwolo Debout sur les Remparts, Sidiki Kouyaté, qui a déclaré : « Tout le peuple est mobilisé, de Kayes à Kidal, pour demander le départ de la MINUSMA. C’est une présence qui pérennise la guerre, qui institutionnalise la guerre, qui légalise la guerre. Et la MINUSMA n’est plus crédible. Dans la mesure où, le premier responsable de l’ONU, Antonio Gutteres, a affirmé que la MINUSMA n’est pas mieux outillée pour faire face à la menace terroriste », a-t-il déclaré.

De même, Jeamille Bittar, l’une des figures emblématiques du Mouvement du 5 juin, Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) estime que les missions onusiennes ont montré leurs limites à travers le monde et elle n’a plus sa raison d’être au Mali. « Nous pensons que les missions onusiennes à travers le monde ont montré leurs limites, notamment au Mali. Je crois que rentrer dans les détails reviendrait à nous conduire vers d’autres situations. Je crois qu’ils sont venus pour nous aider et cette aide nous n’en voulons plus. Cette aide n’est pas adaptée au besoin exprimé par la population », a estimé Jeamille Bittar.

Plusieurs autres manifestants ont estimé que la MINUSMA est loin d’être à la hauteur des attentes des Maliens. Certains sont même allés très loin en accusant la mission onusienne de ‘’producteur de rapports contre l’armée malienne’’.

Les régions du Nord s’opposent !
Au même moment, à l’intérieur du Mali, c’est une toute autre réalité. Surtout dans les régions du Nord du Mali où les populations ont exprimé leurs désaccords face à la demande de Bamako. Dans cette contrée du pays, les populations estiment que la MINUSMA contribue beaucoup dans les actions sociales même si elles pensent que les résultats dans le maintien de la paix sont discutables.

Dans une déclaration, des mouvements et associations appelés Corps constitués de la Société civile de Gao ont clairement montré leurs positions à l’issue d’une conférence de maintien de la MINUSMA organisée le lendemain de la manifestation de Bamako. Les jeunes qui composent ces mouvements estiment que leur approche s’inscrit dans la droite ligne de la résistance des jeunes et des communautés de Gao de 2012 pour sauver l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali. Et, ont-ils dit, cette résistance mérite reconnaissance nationale et consolidation.

Selon eux, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) dont le mandat a été renouvelé par le Conseil de Sécurité jusqu’en juin 2023 à travers la Résolution 2640 (2022) contribue à réaliser deux priorités stratégiques à savoir : l’appui à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, ainsi que la transition politique ; la facilitation de la mise en œuvre d’une stratégie malienne globale pour protéger les civils, réduire la violence intercommunautaire et rétablir l’autorité et la présence de l’État, ainsi que les services sociaux de base dans le nord et le centre du Mali.

« Certes, le résultat escompté n’est pas satisfaisant pour tout le monde, surtout pour ce qui concerne la protection des civils. Les raisons de cette insatisfaction sont diverses (mission elle-même, parties maliennes signataires de l’Accord pour la paix, contingences géopolitiques et géostratégiques mondiales, etc.) », peut-on lire dans la déclaration. Selon cette plateforme, la MINUSMA est l’opération de maintien de la paix la plus meurtrière de l’ONU. Cependant, elle est la première également pour la sauvegarde du patrimoine culturel.

« Qu’à cela ne tienne, il faut se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain. En dépit de tout, cette mission renforce continuellement les capacités de toutes nos forces de défense et de sécurité sur leurs rôles et responsabilités. Au regard de tous ces éléments, nous estimons qu’un retrait précipité de la MINUSMA risquerait d’entraîner des conséquences sociales et économiques très profondes pour nos communautés, surtout dans les régions du Nord et du Centre ainsi que pour le pays », a précisé la déclaration.

Aussi, les populations du nord craignent-elles un vide de plus si la MINUSMA venait à partir. « Ce que ces jeunes de Bamako ne doivent pas oublier est que le Mali ne se limite pas à Bamako. Je sais que certains d’entre eux n’ont jamais fait une semaine dans un village. Je vous rappelle que la plus grande base militaire de la MINUSMA se trouve à Gao comme celle de Barkhane se trouvait à Gao aussi. Et la vérité est que l’armée n’arrive pas à couvrir toutes les zones », a déploré un jeune de Gao qui se fait appeler Mojo.

En somme, on peut clairement dire que seules les autorités pourront trancher cette question de la MINUSMA, les populations ayant de différentes appréciations de la mission ne sauraient parler le même langage.

Amadou Kodio

Source : Ziré
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