Les démolitions de mausolées de saints
musulmans à Tombouctou ont été suspendues dimanche après-midi par les
islamistes d'Ansar Dine, un des groupes armés contrôlant le Nord du Mali, qui
ont détruit en deux jours sept de ces sanctuaires, a indiqué à l'AFP un témoin.
La raison de cette suspension n'a pas été fournie. Ansar Dine a déclaré
qu'il détruira les 16 mausolées que compte la ville, "sans exception".
"Ils (les islamistes) ont fini pour aujourd'hui" les opérations de casse,
"ils ont détruit quatre mausolées et cassé quelques tombes qui étaient en
hauteur. Avec ceux qui ont été détruits hier (samedi), ça fait sept mausolées
qui ont été démolis", a affirmé le témoin, travaillant pour un média local.
Après les mausolées de Sidi Mahmoud (nord de la ville), Sidi Moctar
(nord-est) et Alpha Moya (est) samedi, les hommes d'Ansar Dine se sont
attaqués dimanche matin à coups de houes et de burins à quatre autres
mausolées, dont celui de Cheikh el-Kébir, situés dans l'enceinte du cimetière
de Djingareyber (sud), selon lui.
"Au cimetière de Djingareyber, ils ont aussi démoli les jarres et les
canaris qu'il y avait sur des tombes. Quelqu'un d'Ansar Dine a dit que partout
où il y a des mausolées, ils vont les démolir, même dans les mosquées", a-t-il
ajouté.
Joint par l'AFP, le porte-parole d'Ansar Dine à Tombouctou, Sanda Ould
Boumama, a simplement déclaré: "Aujourd'hui, ça va. Demain, on va dire" ce qui
est prévu, sans plus de détails.
Interrogé sur l'émoi et les condamnations provoquées au Mali et à
l'étranger par les destructions des mausolées, il a répondu: "C'est l'islam
qui est bien".
Plus tôt dimanche, un habitant de Tombouctou, ancien opérateur touristique,
avait affirmé à l'AFP sous couvert d'anonymat avoir entendu des islamistes
évoquer une éventuelle démolition de mosquées.
Après le lancement des démolitions samedi, Sanda Ould Boumama avait
expliqué à l'AFP qu'Ansar Dine agissait ainsi "au nom de Dieu" et en
représailles à la décision de l'Unesco, le 28 juin, d'inscrire Tombouctou sur
la liste du patrimoine mondial en péril.
L'agence onusienne a estimé que la présence des islamistes mettait en
danger cette ville mythique, comportant au total 16 cimetières et mausolées,
qui est surnommée "la cité des 333 saints", en référence aux personnages
vénérés de son passé qui y gisent.