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Mamoudou Kassogué, le sinistre des doigts de l’Homme : les desnts de l’amer
Publié le vendredi 5 mai 2023  |  La Nouvelle République
Journées
© aBamako.com par AS
Journées d`échanges sur l`informatisation des services judiciaires et pénitentiaires
Bamako, le 13 octobre 2021. Le Ministre de la Justice et des Droits de l`Homme, garde des sceaux, M. Mamadou Kassogué, a ouvert à l`hôtel Laïco de l`Amitié, les Journées d`échanges sur l`informatisation des services judiciaires et pénitentiaires.
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On lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Il a l’air tellement innocent, tellement gentil avec ses joues de bébé hollandais et un visage d’ange barré presque toujours par un sourire, un tout petit sourire narquois. Il s’agit du ministre de la justice Mamoudou Kassogué.

Les Maliens l’ont connu quand il avait été nommé procureur du tribunal de la commune III, en charge du pôle économique. Pompeusement qualifié de juge anticorruption, Kassogué s’était montré maitre dans l’ouverture de dossiers retentissants mais jamais gagnés par lui. Ou presque jamais gagnés. On peut citer le dossier de Bakary Togola, ancien président de l’APCAM. Mis sous mandat de dépôt pour un détournement présumé de près de 10 milliards, Togola est acquitté aux assises de novembre 2021, après une longue période passée derrière les barreaux. Le procureur devenu ministre de la justice entre temps, n’a jamais vraiment digéré le verdict au point d’en faire une affaire personnelle. N’osant pas accuser les magistrats et les jurés qui ont acquitté Togola de corruption, il fait annoncer que le verdict sera cassé (ce qui est inhabituel) et que Togola sera rejugé par une cour autrement constituée. Bien entendu on crie au scandale dans la famille judiciaire et un tel procédé est du jamais vu surtout qu’il s’agit d’assises.

Ceux qui le connaissent, depuis le lycée de Gao, parlent de quelqu’un de taciturne ; presque timide. D’où cet éternel petit sourire qu’il arbore. Ceux qui le portent peu en estime le jugent plutôt sévèrement en le qualifiant d’être presque un peu haineux. Mais tous s’accordent à reconnaitre qu’il a l’échine dorsale plutôt souple. Devant sa hiérarchie, il oublie presque la loi ; que la volonté du chef soit, telle semble être sa devise. On a pu le voir quand sa hiérarchie lui a demandé de rouvrir le dossier de l’avion présidentiel et des équipements militaires que son prédécesseur avait classés en motivant techniquement sa décision. Alors même qu’il n’y a avait aucun élément nouveau, selon les accusés, il l’a rouvert sans même en informer les principaux concernés et leurs avocats. Finalement, il a décidé de saisir la Haute Cour justice à travers la Cour suprême qui devait acheminer le dossier. Devenu ministre, le même Kassogué qui avait privilégié le respect des procédures constitutionnelles fait machine arrière et estime que la Cour Suprême peut se saisir du dossier. Ce revirement n’est pas fortuit. Dans le souci de satisfaire les désirs de ses chefs, il s’est personnellement saisi du dossier, faisant fi du fait que la Cour suprême est une institution. Mais comme ses premiers responsables se sont montrés taillables et corvéables à merci, le dossier a été confié à l’inénarrable Timbo, procureur général de la Cour suprême. Du 26 Aout 2021 à aujourd’hui, les Maliens se rendent bien compte qu’il y a comme un os.

Soumeylou est mort entre temps dans les conditions que l’on sait. Madame Boiré et Mahamadou Camara ont été sommés de racheter leur liberté. La première a refusée réclamant son procès, un procès qui l’a blanchirait. Le second a payé une caution de 500 millions, un vrai braquage.

Il y a d’autres dossiers sur lesquels même le commun des maliens s’interrogent. Il y a la fameuse prolongation de l’âge de la retraite de quelques bienheureux magistrats. Connus pour leur fidélité à toute épreuve, il fallait bien leur accorder un bonus pour les besoins de la cause et aussi pour l’ensemble de leur œuvre. Pour de nombreux magistrats cette décision est un os difficile à avaler. L’histoire retiendra que c’est le syndicaliste Kassogué devenu ministre qui veut mettre au pas l’institution judiciaire. Et les magistrats qui ne sont pas de son avis, qui battent en brèche sur le plan légal toutes ses tentatives sont renvoyés devant les tribunaux avec des arguments spécieux. Mercredi dernier, c’était Cheick Chérif Koné qui était devant le juge. Aujourd’hui, c’est le tour de Dramane Diarra. Le ministre lui, garde son éternel sourire narquois avec ses dents de dehors. Visiblement, jouer avec les doigts de l’Homme est un jeu l’affectionne.

Aly Keita

Source : La Nouvelle République
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