Une correspondance du «Mouvement pour la défense des intérêts des maliens de l’extérieur» (M.D.I.M.EXT) : «Maliens de la Diaspora, des Laisser pour compte ?»
La diaspora malienne (photo archives à titre illustratif)
Une quarantaine d’associations réunies sous la bannière de la diaspora malienne de France, ont donné de la voix pour s’insurger contre l’article 46 du projet de la nouvelle constitution dont le référendum est toujours en suspens. Dans une lettre ouverte adressée le 02 mai dernier au colonel Assimi Goïta, président de la transition, cette diaspora a taxé cet article de discriminatoire envers les Maliens établis à l’extérieur. Il serait contraire selon eux à la grande tradition migratoire du peuple malien, remontant bien avant la période précoloniale, où les marchands de certaines ethnies dominaient les échanges commerciaux au Sahel.
Tout candidat aux fonctions de Président de la République doit être de nationalité malienne d’origine et ne posséder aucune autre nationalité à la date de dépôt de la candidature”. Tel est formulé cet article 46 du projet de la nouvelle constitution. Il ne lui a pas fallu une autre formulation pour amener la diaspora malienne de France s’estime lésée au point de penser que ceux qui ont écrit cet article n’ont peut-être pas suffisamment été informés de la réalité des Maliens de l’extérieur et de leur apport à la nation. L’argumentaire avancé pour justifier une telle pensée n’est pas des moindres.
En effet, la diaspora malienne de France a mentionné dans sa lettre ouverte que les données les plus récentes estiment à plus de 10 millions, le nombre de Maliens vivant à l’extérieur. “Adopter l’article 46 en l’état, serait les priver d’une partie de leurs droits civiques et démocratiques.” a-t-elle écrit au sujet de ce passage du projet de la nouvelle constitution. Cet article, la diaspora malienne de France le juge également contraire même à l’article 1 du projet de constitution qui garantit que “Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la région, la couleur, la langue, la race, l’ethnie, le sexe, la religion ou l’opinion politique est prohibée” ont rappelé les auteurs de l’indignation qui disent subir de ce fait “une double stigmatisation : dans leurs territoires d’accueil et sur leur terre d’origine”. “Il nous sied, M. le Président de la Transition, Chef de l’Etat, de rappeler que les maliens établis à l’extérieur ont toujours contribué au développement du Mali, quel que soit leur statut et les difficultés qu’ils vivent au quotidien. Cela, souvent au détriment de leurs enfants et de leurs familles qui d’ailleurs leur reprochent de nous sacrifier exclusivement pour le Mali ! Pour preuve, personne ne pourra contester notre statut de premier bailleur de fonds pour le Mali. Notre contribution en 2018 est de 7% du PIB du Mali soit 812 millions d’euros. Sur ce montant, 245 millions d’euros provenaient de la diaspora malienne en France, très supérieure à l’aide publique au développement.
Selon la Banque Mondiale, le Mali occupe la 9ème place des pays recevant le plus d’argent de la diaspora et en 3ème place des pays d’Afrique francophone. Dans nos villages d’origine, les maliens établis à l’extérieur ont pratiquement remplacé l’Etat dans l’accès aux infrastructures de base. Priver les doubles nationaux d’une partie de leurs droits civiques, c’est aussi sanctionner ces villages-là. Notre seul tort serait-il de vivre à l’extérieur du Mali ?” lit-on dans cette lettre ouverte dans laquelle les expéditeurs rappellent aussi à leur destinataire que les pays qui ont tenté l’aventure entre les citoyens de l’intérieur et de l’extérieur ont tous abouti à des tensions sociales dont ils doivent préserver leur pays, dans ce moment critique.
“Nous partageons tous l’objectif de réunir tous les fils et toutes les filles du Mali autour de la paix, de l’unité du Mali, et de notre devise nationale “un peuple, un but, une foi”, ont-ils ajouté avant d’exprimer leur disponibilité à rencontrer personnellement le président de la transition afin de discuter avec lui du “bien-fondé de la réécriture de l’article 46.”