Nous sommes venus pour d’abord exiger de bonnes conditions de vie, de traitements, de salaires, tout ce qui peut concerner la bonne marche d’une armée digne, noble, professionnelle et efficiente. On va lutter pour ça», tels ont été les premiers propos du capitaine Amadou Sanogo, au lendemain du coup d’Etat jeudi 22 mars 2012. Un an plus tard, il vient d’être rattrapé par ces promesses car ses anciens compagnons l’accusent de trahison et ne le considèrent plus depuis lundi comme leur chef.
« Les jeunes m’ont lancé un appel pour que je vienne m’associer au mouvement. Ils m’ont fait confiance et je crois que ça y est » a expliqué le capitaine Amadou Sanogo, pour justifier son choix le lendemain du coup d’Etat jeudi 22 mars 2012. Il a alors égrené les doléances pour lui et ses camarades. « Pour nous, militaires, c’est les 70 %. Mais en tant que citoyen aussi, la cherté de la vie nous touche. Le fait que y a pas d’école touche nos enfants, le fait que y a pas de boulot touche nos femmes, nos frères, nos sœurs, parce que vous savez, généralement, on est parents pauvres.
Mais au-delà de ça, pour ce qui concerne le pouvoir, j’aimerais le dire ici tout de suite, nous ne sommes pas venus pour nous éterniser. Non, loin de là. Nous ne sommes pas venus aussi faire ce que nos prédécesseurs ont eu à faire sans quoi on n’aurait pas dû amener le changement.
Nous sommes venus pour d’abord exiger de bonnes conditions de vie, de traitements, de salaires, tout ce qui peut concerner la bonne marche d’une armée digne, noble, professionnelle et efficiente. On va lutter pour ça.
Mais une fois que chaque soldat, à chaque niveau, sait qu’il est nourri, logé, entretenu, soigné, pris en charge au besoin, et qu’il y a tout ça, plus une formation de qualité, on a un soldat de qualité, donc le résultat est positif.
Sans ça, on ne marche pas. Ca, c’est notre première revendication (applaudissements des militaires qui l’entourent).
La seconde, et je m’en vais vous dire, si déjà on veut que ce soldat soit dans des meilleures conditions, de formation, d’entretien, tout tout tout tout, mais n’oublions pas que ce soldat a un fils chez lui. Que ce fils-là ait une éducation décente. Qu’il ait vraiment une éducation de qualité. N’oublions pas que ce fils-là, après son éducation de qualité, a besoin d’un boulot. Qu’il ait un boulot. Pas parce que c’est le fils d’untel ou untel, mais par compétence pas par personne. (Incompréhensible).
Qu’est-ce qu’on peut faire pour nos épouses, pour les faire changer de cette fonction de ménagère pour qu’elles soient beaucoup plus productives dans la société ? (Incompréhensible) ».
Aujourd’hui, pour les mutins, aucune de ces promesses faites par l’ex-chef de la junte n’a pas été respectée. C’est pourquoi, dans la matinée de lundi, ils ont pris des armes pour « réclamer des droits concernant la promotion au grade supérieur, le payement des primes en retards, promises par le général Sanogo ».Selon Oumar Keïta, chercheur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et proche d’IBK, cité par France info, « les militaires veulent leur part du gâteau ». Il semble qu’il y ait eu « un deal entre Sanogo et ses militaires. Il ne l’a pas respecté. » Ainsi, la nomination du capitaine au rang de général, quelques jours avant l’investiture du nouveau président, aurait fait des envieux. « Ce sont des soldats qui ont fait le coup d’Etat avec lui. Ils estiment que si Sanogo a accepté le grade de général, ils doivent avoir leur promotion aussi. » Et les mécontents se disent déterminés à aller jusqu’au bout. Ce qui est déjà sûr et certain, le capitaine n’est plus le maitre de Kati et doit désormais compter avec de nouveaux leaders qui ne vont plus lui faire des cadeaux.
Youssouf Coulibaly
Crise au sein de l’ex-junte
Ce que réclament les mutins
Les soldats qui se sont révoltés lundi à Kati contre certains responsables de l’ex-junte, notamment son chef le général Amadou Haya Sanogo, ont transmis mardi leur cahier de doléances au ministre de la Défense pour le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK). Les protestataires ont en plus de galons réclamé des primes de logement, l’accès aux soins de santé, l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, une indemnité pour les familles des militaires envoyés au nord qui ont tout perdu pendant l’occupation. Ils ont en outre dénoncé l’injustice qui leur est faite et déploré n’avoir pas bénéficié des mêmes avantages que certains de leurs camarades de la junte militaire. Ils ont enfin attiré l’attention des autorités pour que cesse « la politique de deux poids deux mesures ».
YC