Le Mali, à l’instar des autres pays, a fêté la Journée internationale de la Presse, le 3 mai dernier. Ce fut l’occasion pour les professionnels des médias de se pencher sur les exactions que subit la presse et de s’orienter sur la liberté de la presse durement acquise à travers le monde. L’évènement a eu lieu à Bamako en présence du Ministre de la Communication de l’Économie Numérique et de la Modernisation de l’Administration, de son homologue de la sécurité et de la protection civile, du Président de la Haute Autorité de la Communication (HAC), du Président du CNEAME, des Présidents des Associations et faitières de la Presse et des journalistes.
Dans son allocution, Bandiougou Danté a d’abord eu une pensée pieuse à l’illustre mémoire de tous les enfants du pays et d’ailleurs qui nous ont quittés avant de rendre un hommage particulier à la mémoire de Mame Less CAMARA, journaliste émérite arraché à l’affection des siens et de la grande famille des journalistes sénégalais le 29 avril dernier. Il a ensuite souhaité au nom de l’institution qu’il dirige, en l’occurrence, la Maison de la Presse, une belle célébration de la Journée internationale de la Liberté de la Presse.
Il a rappelé que depuis trois décennies, la Journée mondiale de la liberté de la Presse est célébrée à travers le monde. Pour cette 30ème édition, le thème est : « Façonner un avenir de Droit : la Liberté d’expression comme Moteur de tous les autres Droits de l’Homme ». Pour Danté, ce thème revêt une importance capitale et résume le rôle fondamental des médias dans un monde en reconstruction, un monde qui cherche ses repères, un monde de tous les possibles, un monde d’incertitude mais un monde d’espoir. C’est pourquoi il a rappelé aux gouvernements la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la Presse.
Il faut croire que cette journée est un devoir de mémoire pour les professionnels des médias sur les questions relatives à la liberté de la Presse et à l’éthique professionnelle.
Raison pour laquelle Danté a indiqué que l’année qui s’est écoulée a été particulièrement difficile pour la Presse malienne avec en toile de fond la maladie à Coronavirus, les chantages, menaces, et autres injures, intimidations et interpellations sans oublier des enlèvements extrajudiciaires.
A titre d’exemple, le président de la Maison de la presse a cité le cas de Birama TOURE disparu, de Hammadoun NIAILIBOULY, amené à une destination inconnue de retour d’un atelier de formation de journaliste à Mandjo près de Somadougou, non loin de Mopti, en 2020. Le 18 avril 2021, Moussa Bana DICKO Directeur des programmes de radio Hairé de Boni dans le cercle de Douentza a été enlevé, chez lui, et reste introuvable. Le 26 janvier 2023, Sory KONE, Directeur des programmes de la radio DANAYA de Souba dans la région de Ségou, cercle de Farako a été enlevé, chez lui, également, et reste lui aussi, encore introuvable. « Nous réitérons nos demandes aux autorités de la Transition, comme nous l’avons toujours fait chaque fois que l’occasion se présente, de tout mettre en œuvre pour rechercher et retrouver nos confrères », a-t-il dit avant de déclarer que : « Cette année, un fait inédit et historique s’est produit dans notre pays et que la Maison de la Presse, haut lieu des expressions plurielles, lieu longtemps considéré comme inviolable a été attaquée et saccagée un après-midi sombre du 20 février 2023 ». Quel vandalisme !
Face à la prolifération d’une autre catégorie de journaliste, Bandiougou a dénoncé le désordre ambiant, encouragé et entretenu pour nuire à notre profession. Il s’agit d’un nombre indéterminé de médias sur les réseaux sociaux dont certains acteurs se font appeler « journalistes » qui touchent à tout en violation des règles d’éthique et de déontologie. Ces « forces nouvelles », a-t-il rappelé, sont aussi les auteurs d’une concurrence déloyale si bien que les journaux se meurent, les radios et les télévisons agonisent. Avant d’ajouter qu’il est temps de sortir de cette situation de crispation par l’expression d’une volonté politique claire et appropriée. La solution est et restera malienne, a-t-il fait savoir. Et de conclure que la Maison de la Presse se démarque des pratiques relatives aux manquements graves, des violations flagrantes de confraternité, des appels à la haine et à la violence.