Des milliers de Sénégalais se sont rassemblés vendredi à Dakar contre un éventuel troisième mandat du président Macky Sall et pour soutenir l'opposant Ousmane Sonko, visé par la justice à l'approche de la présidentielle de février 2024, a constaté l'AFP.
Cette manifestation à l'appel du "Mouvement des forces vives du Sénégal F24", collectif de plus de 170 organisations politiques et de défense des droits créé il y a un mois, a été autorisée par les autorités. Elle vise à faire pression sur le président Macky Sall qui, après plusieurs déclarations dans lesquelles il affirmait qu'il ne se présenterait pas en 2024, laisse désormais planer le doute sur une candidature. Ses opposants estiment qu'il finit ses deux mandats légaux. De nombreux jeunes manifestants ont aussi dit à l'AFP être venus pour soutenir l'opposant Ousmane Sonko, condamné en début de semaine à six mois de prison avec sursis pour diffamation et injures contre le ministre du Tourisme, ce qui pourrait entrainer son inéligibilité. M. Sonko, qui sera aussi jugé mardi pour une affaire de viols présumés, dénonce un complot ourdi par le chef de l'Etat pour l'écarter de la course à la présidentielle 2024 et réaliser le dessein qui lui est prêté d'un troisième mandat. Il a appelé ses partisans à se mobiliser massivement vendredi mais était le grand absent du rassemblement. "Sonko, notre espoir", "Macky Sall dictateur", scandaient les manifestants dans la foule rassemblée place de la Nation, au milieu des bruits des vuvuzelas, sifflets et klaxons. Des responsables de l'opposition et membres influents d'organisations présentes ont pris la parole tour à tour, appelant le président Sall à quitter le pouvoir et réclamant la libération "des détenus politiques", plus de 300 selon l'opposition. "Nous fondons notre espoir sur Sonko malgré les persécutions. Entre Macky Sall et nous, c'est une histoire d'erreur de jeunesse", a déclaré à l'AFP Babacar Touré, commerçant, la quarantaine. "On est tous derrière Sonko jusqu'à la mort. Macky dégage, on ne veut plus de toi. Nous sommes déterminés, aujourd'hui plus que jamais, à mener le combat contre lui", a lancé Mamy Massaly, 42 ans. Certains orateurs ont été hués par la foule, car soupçonnés de ne pas soutenir assez clairement M. Sonko ou de ne pas lui être favorable. Comme l'un des chefs de file de l'opposition, Khalifa Sall, qui a été conspué de longues minutes par de jeunes soutiens de M. Sonko.