C’est lors du conseil des ministres du mercredi 10 mai 2023 qu’un projet de loi a été adopté. Il vise à autoriser le Gouvernement à prendre, par ordonnance, une mesure dérogatoire à la loi électorale, en vue de la réalisation du référendum constitutionnel, dont le collège électoral vient d'être convoqué pour le 18 juin 2023. Pour rappel ce Conseil des Ministres qui a adopté un projet d'ordonnance portant dérogation à la loi électorale, a permis la modification de la Loi n°2023-001 du 13 mars 2023 avec comme objectif principal, entre autres, de remplacer la carte d'électeur biométrique pour l'identification de l'électeur dans le bureau de vote, par la carte nationale d'identité biométrique sécurisée. A quelques encablures de la tenue du référendum, cette loi semble également montrée ses limites d’où le recours à toutes les pièces d’identification nationale pouvant permettre aux maliens d’accomplir leur devoir civique. Parmi ces pièces nous pouvons citer entre autres la Carte d’identité Nationale, la carte consulaire, la carte Nina, la carte biométrique nationale sécurisée, le permis de conduire, le livret militaire bref toute pièce d’identification reconnue comme telle et permettant à l’électeur de retrouver son nom sur la liste est autorisée.Cette nouvelle donne n’est pas sans conséquences. La première serait sans nul doute la confusion que cela créerait dans l’esprit des électeurs. Ils seront dans l’embarras du choix de la pièce à utiliser, surtout que la plus part d’entre eux sont possesseurs de deux voire trois pièces d’identification nationale. La deuxième conséquence serait la cacophonie devant les bureaux de vote et surtout la lenteur dans les opérations de vote. Tous ceux qui ont des pièces d’identité ne sont pas tous inscrits sur les listes électorales, il y a des millions de majeurs qui n’ont pas été enrôlé donc qui n’auront pas la chance d’accomplir leur devoir civique. Une telle cacophonie pourrait tourner au sabotage, voire saccage des locaux par les mécontents ce qui pourrait semer le trouble dans les centres de vote et surtout la psychose chez les électeurs. La troisième conséquence de la nouvelle donne serait le manque d’engouement des électeurs qui choisiront l’abstention, en lieu et place du vote. Car mesurant déjà les tracasseries et autre désordre qui pourraient en résulter, les électeurs se poseront beaucoup de questions avant de se décider à aller à leurs centres de vote. Cela risquerait de jouer sur le taux de participation et entacherait du coup la légitimité du projet. En effet, l’ambition du gouvernement étant de permettre à tous les électeurs inscrits sur les listes électorales d’accomplir leur devoir civique en toute quiétude et en toute liberté, alors, il est fort à craindre que la politique d’admettre toutes les pièces d’identité comme carte d’électeur ne suscitera déjà beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes. Que dire de la fiabilité du projet ? D’ici le referendum, le gouvernement doit relever deux défis majeurs, le premier est celui de la grande mobilisation pour donner plus de légitimité à un projet déjà controversé, le deuxième défi est celui de la bonne organisation pour éviter tous couacs pouvant entacher la fiabilité du scrutin et porter atteinte à sa légitimité.En somme, une bonne organisation de l’élection référendaire nécessite non seulement une bonne méthodologie avec une expertise poussée, mais aussi et surtout des moyens matériels et financiers conséquents pour le bon déroulement du vote sur toute l’étendue du territoire national. Ces conditions seront- elles réunies pour la tenue du scrutin référendaire ? La question s’adresse au gouvernement. C’est qui est sûr c’est que ce referendum sera le premier test grandeur nature des autorités, permettant de savoir leur capacité à organiser les autres élections. Donc à partir du referendum l’on saura les erreurs et autres manquements constatés dans l’organisation afin de les corriger en vue d’une bonne organisation des autres scrutins surtout celui de la présidentielle qui est très crucial. Yousso