Considéré comme un Etat laïc par ses dispositions constitutionnelles consacrant la tolérance inter-confessionnelle et les pratiques cultuelles compatibles avec la stabilité sociale, notre pays subit les vagues d’un referendum constitutionnel sur fond de débats sans issue avec la laïcité point névralgique nommé. Véritable socle du principe de la séparation de l’Etat et de la société religieuse, la laïcité tend à devenir le nœud d’un problème qui risque de rendre salée la note du processus référendaire constitutionnel enclenché.
En effet, depuis l’adoption de la constitution de 1992, la laïcité était au cœur des tiraillements sans faire rage comme de nos jours avec des tendances confessionnelles toutes déterminées à donner de la voix dans le dessein de peser dans une sphère religieuse qui, il faut le dire, se retrouve dans la besace de l’Islam. C’est à cet effet, au demeurant, que la LIMAMA (Ligue Malienne des imams et érudits pour la solidarité islamique) a entamé depuis novembre 2022 de fortes campagnes de propagandes contre la laïcité retenue dans le projet de constitution, au point qu’à Ségou, lors d’une conférence de presse de la confédération des associations islamiques du Mali, certains de ses adeptes, à coups d’appels à la démission du président de la Transition, avaient rehaussé les enchères jusqu’à prôner l’avènement d’un Etat Islamique et l’instauration de la charia conformément au Coran.
Par ailleurs ce qui est de nature à faire réellement peur c’est certainement la récente dissension entre Kamites et le monde musulman, suite à la profanation du Coran et du nom de l’islam par un adepte du sulfureux écrivain Doumbi Fakoly, lequel estime qu’un retour aux sources ancestrales doit prévaloir dans la toute nouvelle constitution. Il y a lieu de s’interroger toutefois s’il faut créditer ce charivari d’une raison d’être autre que celle de plonger le pays dans le bourbier d’une guerre inter-religieuse dans un pays qui vit depuis plus de 30 ans dans une parfaite symbiose et dans la convivialité presqu’irréprochable entre les confessions, en vertu de cette même laïcité. Pourquoi vouloir alors créer des imbroglios d’augure destructeur à un moment où le devenir de la Nation affronte la menace de forces obscurantistes susceptibles de s’engouffrer dans la brèche des querelles de chapelles.
En tout cas, au Mali, on a cet étonnant chic pour créer des problèmes là où il ne doit jamais y avoir et excaver davantage le trou au lieu de tirer la corde pour s’en sortir.