Depuis quelques mois, les ménages du quartier de Lafiabougou et environs souffrent d’un mal qui ne dit pas son nom. Nonobstant les interpellations interminables de la population de Lafiabougou, impossible de se débarrasser des ordures produites au quotidien dans les familles encore moins le dépotoir surtout que bientôt c’est l’hivernage. Les populations se plaignent des odeurs que dégagent les ordures.
Situé en Commune IV du district de Bamako, connu sous l’appellation Kilimandjaro, le dépôt de transit de Lafiabougou est contigu au cimetière, à quelques encablures des maisons. Une fois sur place c’est d’abord l’odeur pestilentielle, délétère, nauséabonde qui vous accueille et manque de vous étouffer. Ce dépôt existe depuis quelques années mais devient invivable pour les familles voisines.
Le dépotoir de Lafiabougou peine à être évacué. Tout le monde reconnait qu’il y a des efforts qui sont consentis par la mairie, les GIE, la société Ozone Mali, la volonté du ministère de l’Assainissement, sauf que ça ne suffit pas. Car le problème est loin d’être résolu et pendant ce temps les populations vivent un calvaire et se meurent à petit feu.
Une situation invivable qui touche aujourd’hui toute la population de Lafiabougou car il y a quelques semaines, les familles, les charretiers, les forces de l’ordre ont eu une altercation sérieuse. Tous décriaient leur ras-le-bol.
Chacun avait ses arguments, les policiers envoyés par la mairie le temps que la décharge soit ramassée ; les charretiers se plaignant du fait qu’ils ne sont plus payés par les ménages parce qu’ils sont interdits d’accès au dépôt et les populations parce qu’elles en ont assez d’être envahies par les saletés non seulement chez eux mais par l’odeur malodorante de la décharge qui nuit à la santé. Sur le dépotoir de Lafiabougou, le constat reste amer.
D’une part, la population qui ne demande que l’évacuation des ordures tout en étant inquiète de son état de santé avec l’odeur agressive et insupportable que le dépôt dégageait.
Pour Fanta Mariko, ménagère, “nous souffrons terriblement depuis un moment avec nos ordures que nous sommes obligés de brûler les déchets devant chez nous. Avec tout ce qui se raconte sur le changement climatique, les gaz à effet de serre, je me demande si brûler ne rajoute pas à nos problèmes environnementaux”.
Mahmoud Diallo, chef de famille, s’emporte : “Les ordures auparavant étaient évacuées de sorte que les charretiers ramassent régulièrement devant les familles. Tout le monde était tranquille sauf qui nous sommes voisins de cette montagne remplie de toutes sortes d’objets toxiques. Aujourd’hui, on ne sait plus si c’est la mairie, les GIE ou Ozone qui doit continuer son service de ramassage. Mais une chose est sûre, c’est que nous souffrons est grave”.
Mariam Magassa, à son tour, s’inquiète pour le sort des enfants asthmatiques avec les ordures qui sont brûlés quotidiennement. “L’environnement qui est déjà pollué s’il faut que nous continuions de supporter ces odeurs toxiques, j’avoue que ça sera très compliqué pour les personnes vivant avec des problèmes respiratoires. Nous ne pouvons même plus ouvrir nos fenêtres encore moins respirer l’air”.
Les charretiers sont impuissants face à la situation. Vivant du ramassage d’ordures, c’est tout aussi compliqué pour ces personnes car tant qu’ils ne ramassent pas, les foyers refusent de les payer. Ce qui poussent certains à ramasser et verser sur le goudron voire dans les rues sachant qu’ils n’ont aucune autre source de revenue, pourvu qu’ils aient leur pain du jour.
Pour Moussa Diarra, charretier, le mois passé a été très dur. “Car on nous interdisait de verser les ordures au niveau de la décharge de Lafiabougou. Or, nous, sans cela on ne vit pas, on ne mange pas. C’est compliqué franchement on ne peut pas en vouloir à ces familles. En même temps, il faut vraiment que les autorités trouvent une solution à ce problème sinon la ville devient de plus en plus sale”, souligne-t-il.