L’association des femmes engagées de Kabala-extension (AFEK) et le maire de la commune de Kalaban-Coro, Tiécoura Hamadoun Diarra, se disputent au sujet de l’aménagement du marché du quartier. Les femmes accusent l’édile de s’être servi d’elles pour procéder au morcellement et à la vente de l’espace à aménager. Le maire Diarra récuse les faits et apporte des précisions.
Rien ne va plus entre le maire de la commune de Kalaban-Coro, Tiécoura Hamadoun Diarra, et l’association des femmes engagées de Kabala Sud extension (AFEK). En cause : le morcellement du marché du quartier.
Selon Baldé Awa Dembélé, présidente de l’association des femmes engagées de Kabala, c’est à la demande des femmes de son association qu’elle a introduit une demande pour l’aménagement d’un espace public à Kabala sud extension autour duquel rôdaient déjà certains prédateurs fonciers.
Après avoir soumis la demande au maire Diarra, celui-ci lui a demandé de permettre à la mairie de vérifier si l’espace convoité est effectivement destiné à être un marché. Un mois plus tard, la présidente Baldé Awa Dembélé affirme s’être rendue une deuxième fois à la mairie pour s’enquérir de l’évolution de la situation. Et c’est là qu’on lui a confirmé que l’espace concerné n’appartenait à personne.
C’est ainsi qu’elle a demandé à l’édile la procédure à suivre pour que l’espace puisse être aménagé en marché. À cet effet, le maire lui a dit de créer une association pour porter le projet d’aménagement du marché.
Car, selon lui, c’est une association qui doit faire la demande d’aménagement du marché qui doit être ensuite approuvée par le Conseil communal. Ayant déjà une association ne possédant pas encore de récépissé, Baldé Awa Dembélé et ses camarades ont entamé les démarches pour en obtenir.
Un géomètre désigné par le maire Diarra
À l’obtention du précieux sésame, le regroupement des femmes a adressé à la mairie une demande pour l’aménagement de l’espace cité plus haut, comme demandé par le maire. À en croire Awa Dembélé, quand elle est allée déposer la demande de son association à la mairie, elle a clairement dit au maire qu’elle ne connaissait rien du processus d’aménagement d’un marché.
C’est ainsi que le maire Diarra a mis à leur disposition un certain Kaka Traoré, géomètre à la mairie de Kalaban-Coro, pour le processus d’aménagement. Il se disait lui-même trop occupé et s’est même porté garant au cas il y aurait un problème.
Selon Awa Dembélé, quand elle a demandé à Kaka Traoré les étapes à suivre, celui-ci lui a dit que c’est la mairie qui doit faire l’aménagement d’un marché. Si elle en a les moyens financiers. À défaut, la population elle-même pourrait le faire. La mairie fera le réaménagement quand elle en aura les moyens financiers.
Et le lendemain, quand elle et Kaka sont allés voir le maire pour savoir si c’est la mairie ou la population elle-même qui doit faire le travail, Tiécoura Hamadoun Diarra leur a clairement dit que la mairie n’avait pas de fonds pour faire l’aménagement.
Après cette entrevue avec le maire, selon Awa Dembélé, Kaka Traoré (qui a été mis à leur disposition par le maire Diarra lui-même), a indiqué que l’espace doit être d’abord morcelé et c’est seulement après que le plan sera envoyé à la mairie. « Une part sera donnée à la mairie, une part aux chefs de village et une autre part à l’association qui a fait la demande d’aménagement à la mairie », raconte la présidente de l’association.
Et quand elle a demandé à Kaka Traoré, celui qui doit prendre en charge les frais de morcellement, ce dernier lui a proposé de retourner faire une assemblée avec sa base pour expliquer la situation, et surtout demander à ceux qui voudront des magasins ou des places de hangars, de payer des cautions qui couvriront les frais de morcellement et le reste de l’aménagement. Ce qui fut fait par Awa Dembélé.
Les femmes ont adhéré à l’initiative. Elles ont versé la somme d’argent demandée sur le compte bancaire créé par l’association pour la cause. Pour les places de magasins, les cautions ont été fixées à 50000 Fcfa, et pour les hangars, les cautions à 2500 Fcfa.
Entre-temps, la mairie a fait un arrêté d’aménagement du marché et a donné un exemplaire à la présidente Awa Dembélé. Après avoir rassemblé les cautions, l’association a fait un contrat avec le géomètre, Kaka Traoré, pour le morcellement du marché pour une somme de 750 000 Fcfa.
Entre-temps, d’après Awa Dembélé, le maire l’a appelée pour lui faire part de la rumeur selon laquelle elle était en train de vendre des parcelles à des individus. Ce qu’elle niera en arguant être en train de mettre en œuvre la deuxième démarche qui lui a été proposée par le géomètre.
Après cette discussion, Awa Dembélé affirme avoir rencontré le maire pour lui montrer toutes les pièces justificatives. Ce dernier lui a indiqué que son association doit se limiter seulement aux places de hangars, en attendant que la mairie statue sur le cas des magasins.
Contre toute attente, le maire annule le premier morcellement
C’est ainsi qu’elle est revenue vers sa base pour expliquer cette nouvelle décision du maire, alors que certains avaient déjà payé des cautions pour les magasins. À ces derniers, elle a alors proposé de prendre deux hangars à la place d’un magasin. Ce qui a été accepté par certains.
Après cela, Kaka Traoré a procédé au morcellement du marché et par la suite les bénéficiaires des places de hangars ont commencé à s’installer jusqu’au jour où une équipe de la mairie s’est présentée pour un autre morcellement.
Et quand cette équipe de la mairie l’a appelée (Awa Dembélé), pour lui dire qu’elle est là pour morceler le marché, elle a répondu que ce n’était pas possible de faire un autre morcellement. À en croire la présidente Dembélé, on leur a dit que ce deuxième morcellement est une décision qui vient d’en haut.
Toutefois, d’après Awa Dembélé, quand elle a contacté le géomètre Kaka Traoré, concernant l’annulation du premier morcellement qui viendrait d’en haut, ce dernier lui a dit que ce n’était pas vrai. Celui-ci lui a indiqué que c’était une décision du maire Diarra, et a affirmé avoir refusé de procéder au second morcellement. Malgré tout, le deuxième morcellement a quand même eu lieu. Et les conditions d’obtention d’une place étaient alors redéfinies par le maire Diarra.
Depuis, à en croire Awa Dembélé, son association court sans succès derrière la mairie pour qu’elle vienne montrer aux femmes leurs places, et entre-temps, des personnes inconnues de l’association sont en train de construire des magasins sur l’espace concerné.
Ce que nous avons constaté de visu. Déjà, deux magasins sont finis, deux autres sont en finition, et à notre arrivée, nous avons aussi aperçu des maçons sur un autre chantier où quatre magasins sont en construction. Et même sur les places initialement prévues pour les hangars, selon la présidente, des magasins sont construits.
Selon la présidente Dembélé, son association a tenté à plusieurs reprises de rencontrer le maire Diarra, sans succès jusqu’ici. « Il a même refusé de décrocher mes appels », s’indigne-t-elle.
Elle a alors tenté de le joindre à partir d’un numéro anonyme qu’il a décroché. Après échanges, le maire Diarra a promis de dire à ceux qui sont en train de construire d’arrêter les travaux. Malgré cette promesse, les travaux se poursuivent.
Le démenti du maire Diarra
Après plusieurs tentatives infructueuses pour rencontrer le maire, l’association des femmes engagées de Kabala est allée voir le commandant de brigade de Kalaban-coro qui les a dirigées vers le préfet. Certains membres de l’association ont rencontré le préfet de Kalaban-Coro pour lui expliquer la situation avec des documents à l’appui.
« Les copies lui ont été remises à sa demande et il a promis d’organiser une rencontre entre nous quand il entendra la version du maire », narre Awa Dembélé. La présidente persiste et signe que son association a travaillé avec l’aval et l’accompagnement de la mairie de Kalaban-Coro.
Or, le maire Tiécoura Hamadoun Diarra, joint par téléphone, soutient qu’il n’a jamais donné son aval à l’association des femmes engagées de Kabala dont Awa Dembélé est la présidente pour un quelconque morcellement. Il dit n’avoir mis personne à la disposition de ladite association pour l’aménagement d’un marché.
À en croire l’édile Diarra, Kaka Traoré que la présidente cite comme étant celui qui a été mis à leur disposition par la mairie pour l’aménagement du marché, ne jouit d’aucun statut à la mairie qui lui permettrait de jouer le rôle que Baldé lui attribue dans cette affaire.
Selon le maire Diarra, c’est quand il a été élu qu’il a fait appel à Kaka Traoré, topographe de son état, pour le conseiller en matière foncière. Quand le maire devait procéder au morcellement et à la vente de parcelles, il demandait à Kaka Traoré d’aller les vérifier d’abord si elles n’ont pas été déjà morcelées par ses prédécesseurs et lui faire un rapport après vérification. D’après le maire Diarra, le rôle de Kaka Traoré se limitait à cela à la mairie.
À l’en croire, une association ne peut ni morceler ni attribuer un espace public. « Baladé Awa Dembélé cherche tout simplement un bouc-émissaire pour faire face aux pressions des personnes qu’elle aurait bluffées en promettant des places au marché », s’est-il défendu. Il soutient n’être au courant d’aucune demande d’audience de l’association contrairement à la déclaration d’Awa Dembélé.
À part ces simples affirmations, Tiécoura Hamadoun Diarra n’exhibe aucune preuve palpable pouvant confondre la présidente Awa Dembélé qui dispose de documents signés par le maire lui-même dans cette affaire.
Précisons qu’après sa rencontre avec le préfet, l’association affirme avoir rencontré, le mardi le 16 mai 2023, sur l’initiative de ce dernier, le maire Tiécoura Hamadoun Diarra à la sous-préfecture.
Selon la présidente Awa Dembélé, à la suite de la rencontre, toutes les places de hangars ont été attribuées à son association et on lui a demandé d’adresser une demande au maire pour bénéficier aussi de quelques magasins. Awa Dembélé et ses camarades attendent impatiemment la concrétisation de cette promesse.
Au sujet de la nouvelle donne, Kaka Traoré n’a pas souhaité faire de commentaires. Il s’est tout simplement contenté d’assurer qu’il est prêt à aller répondre devant qui de droit.