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32 eme anniversaire de L’ADEMA-PASJ: La confirmation de la déliquescence d’un parti politique qui a plus que déçu
Publié le mardi 30 mai 2023  |  Le National
Dioncouda
© aBamako.com par M.S
Dioncouda Traoré : ``Ceux qui pensent que les partis politiques sont inutiles et nocifs se trompent complètement``
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L’Adéma-Pasj a célébré son 32ème anniversaire au C.I.C.B. le jeudi, 25 décembre 2023. L’évènement, qui aurait dû être un moment de grande mobilisation pour prouver que le parti de l’abeille solitaire est une force politique qui compte tant a été plutôt un flop magistral. L’exiguïté de la salle choisie pour abriter l’assise a, elle, montré que les organisateurs avaient conscience du peu d’intérêt que cet anniversaire susciterait auprès de ceux qui ont encore confiance reste en la Ruche. En effet, il n’y a plus quelques nostalgiques mus par du sentimentalisme militant, mais qui préfèrent regarder à distance.


Certes, on a noté la présence de Marimantia Diarra, le président du parti, Yaya Sangaré, le secrétaire général, Pr. Dioncounda Traoré, Moustaphe Dicko, Mme Sy Kadiatou Sow, Pr. Ali Nouhoum Diallo (qui a précisé être venu quasiment par principe), mais bien d’anciens n’ont pas cru devoir honorer le jour de fête parce qu’ils sont tout simplement écartés ou victimes d’une lutte de jactance qui risque de prendre dans les semaines à venir des proportions de rixe. A l’évidence, au moment où l’Adéma-Pasj cherche vertigineusement à se repositionner pour prendre part à l’avenir, c’est l’unité qui lui manque le plus. Ce 32ème anniversaire aura donc été l’occasion manquée de prouver sa consistance. D’ordinaire, une seule section de l’Adéma-Pasj à Bamako
(par exemple celle de la commune I) aurait suffi à remplir la petite salle.

Déjà, la veille, le mercredi, 24 mai, accordant une interview à notre confrère Mali Horizon, Mme Konté Fatoumata Doumbia, ancienne maire de la Commune I de Bamako et une des incontestables égéries du Mouvement démocratique et qualifiée de « Dame de fer » par le journal, avait campé le décor en répondant à la question pertinente de savoir « Comment le parti de l’abeille compte-t-il célébrer son anniversaire demain jeudi 25 mai. » Mme Konté avait effectivement dit : « Le parti avait décidé provisoirement de délocaliser la célébration de cet
anniversaire à l’intérieur du pays, à Ségou, mais aux dernières nouvelles, je crois que l’événement sera célébré par une rencontre au C.I.C.B. et il permettra de réfléchir à la situation actuelle du parti avec, à la clé, un certain nombre de thématiques. Il s’agit aussi de faire un débat général pour essayer de comprendre avec les militants et surtout le discrédit général sur les partis politiques.
Dans la mesure où c’est l’ADEMA qui est le plus visé par cette campagne de diabolisation. Ce sera aussi l’occasion d’échanger sur le choix idéologique du parti, la sociale- démocratie, et partager des idées sur le parcours du parti et la situation du pays. » Auparavant, Mme Konté avait eu beau jeu de préciser, sans langue de bois, que « ...l’ADEMA-PASJ se
porte tant bien que mal : la

Direction Nationale du parti, le Bureau National du Mouvement des Jeunes tiennent régulièrement
leurs réunions. Ils ont des contacts avec les partenaires : autorités nationales, partis politiques,
société civile, etc. Nous sommes représentés au CNT et avons participé à la
commission d’élaboration du projet de constitution qui va être soumis au référendum dans un mois. » Pas de programme de société

Or, deux choses ont été les plus remarquables au C.I.C.B. ce 25 mai 2023. Premièrement, l’absence de nombre de figures historiques et de têtes d’affiches actuelles du parti.

Deuxièmement, l’absence criarde de représentants de partis politiques dits traditionnellement amis
ou alliés, de la société civile et encore. Est-ce à dire que l’Adéma-Pasj s’est boudé avec tout le monde ou ne suscite désormais que désintérêt, voire méfiance, chez les autres ?

Tous étaient pourtant ensemble à l’appel de l’Adéma-Pasj en 2022 pour célébrer les 31 ans du
Mouvement démocratiquement ! Que la Ruche l’occasion solennelle de son 32ème anniversaire ne parvienne pas à remplir une salle de moins de 300 places intrique fort déjà.
Poussant le constat dans un pays dont le landerneau politique voit se disputer plus de 290 partis politiques, il est facile d’établir que même si la moitié de ceux-ci venaient à honorer le parti de l’abeille solitaire de leur présence à ce

32ème anniversaire, la petite salle serait bondée. Pour le moins, les observateurs ont fait le constat de la confirmation de la déliquescence d’un parti politique historique qui a réussi à porter aux plus hautes charges de l’Etat le premier président de la République élu au suffrage universel (1992-1997), réélu pour un second et dernier mandat (1997- 2002), lequel a sonné le glas d’une formation politique condamnée désormais, depuis, à n’être plus, non pas un parti politique,
mais une sorte d’agence de placement de cadres en se contentant d’accompagner tout autre homme (ATT) ou parti (IBK et son RPM), pourvu que des strapontins lui soient gracieuse-
ment accordés. Ce qui signifie tout simplement que la Ruche n’a pas de

programme de gouvernance qui vaille la peine d’être proposé au peuple, qu’elle n’a aucune réelle
orientation politique, donc pas de programme de société. On ergotera sans
cesse, on tâchera de maquiller le coq pour le vendre aux aveugles comme paon, mais la réalité est triste. C’est sans doute à cause de tous les questionnements qui précèdent que Mme Konté, répondant à la question sur des rumeurs actuelles de réaménagement du gouvernement de Transition, exprime sa conviction : «

Pour moi, personnellement, je ne pense pas que ce soit opportun, quand on sait que le gouvernement est déjà dans des concertations et la vulgarisation du texte constitutionnel. Il y a
même un risque que de réaménager le gouvernement dans ce contexte d’attentes et de besoin de
cohésion et de solidarité....
Car, il faut plus de stabilité pour amorcer sereinement les grandes réformes, en particulier le processus d’organisation du référendum. Je pense que pour aller sereinement vers

cette consultation référendaire, il faut plus de sérénité au niveau des gouvernants. Donc, je ne
saurais dire les attentes de mon parti par rapport à un éventuel remaniement de
l’équipe gouvernementale. Mais, dans tous les cas, l’ADEMA-PASJ est un parti qui compte dans ce pays et ce changement ne peut pas intervenir sans que le Comité exécutif n’ait son mot à dire... » Il va sans dire qu’avec les pratiques au sein de l’Adéma Pasj, ce sont les mêmes

figures qui jouent toujours aux coudes pour entrer dans les différents gouvernements ou pour occuper la direction des grandes structures étatiques. Les jeunes sont condamnés à
squatter leurs bureaux et leurs domiciles. « L’ADEMA n’a aucune
autre alternative que d’avoir son candidat à la prochaine élection présidentielle. »

Lors des échanges marqués par de vagues réminiscences de l’histoire invoquées par Pr. Dioncounda Traoré et Pr. Moustaphe Dicko, un intervenant a dit des choses
explosives qui vont droit au but. Celui-ci a, en effet, rappelé à sa façon le temps
de la course à l’enrichissement illicite effréné, la période du fractionnement
des marchés publics ayant abouti à la création d’une nouvelle classe de fonctionnaires milliardaires. Il reste à savoir si le message de l’homme à l’accent sikassois prononcé, mais
aux propos pourtant pas sibyllins, a été bien com- pris. Il a en tout cas rappelé comment, au début,
beaucoup ont galéré avec les dirigeants actuels en croquant avec eux des cacahuètes, mais quand est venue l’heure du pouvoir, ceux qui ont été appelés aux affaires n’ont fait
qu’envoyer accoucher leurs épouses ailleurs, loin en Amérique, pour assurer à leurs progénitures la double nationalité. Une

amertume qui rime aujourd’hui avec l’incapacité
de son parti à mobiliser réellement les masses, à ne pouvoir organiser des conférences que dans la seule de Bamako, ce qui signifie tout simplement que le maillage du territoire national par les rouges et blancs est une vue de l’esprit. Le bon Sikassois a expliqué tout cela par la peur

: la peur d’avoir à faire avec la justice et avec la sécurité. Un rappel historique qui a arraché un sourire gêné à Pr. Dioncounda Diallo, lequel, quand il était président de l’Adéma- PASJ en 2002, avait justifié la contrainte imposée à son parti à ne pas présenter de candidat à l’élection présidentielle de cette année-là, obligation donc de soutenir celle du candidat indépendant Amadou Toumani Touré, au prétexte, évidemment vrai, que si les adémistes s’entêtaient à présenter un candidat, ils ne manqueraient pas d’être les cibles tout indiquées de la justice et de
la Sécurité d’Etat. Un aveu, à l’époque, qui confirmait du reste que la Ruche

n’était pas que le seul refuge des frelons qui l’avaient envahie (dixit Pr. Mamadou Lamine Traoré), mais bien un clan de mafieux qui n’avaient eu aucune pitié pour les finances publiques et autres

biens de l’Etat. La race des fonctionnaires milliardaires, née durant les deux premiers mandats d’Alpha Oumar Konaré, était donc incontestablement une pègre qui a sévi durant les dix premières années de l’ère démocratique, avec

une furie qui détone encore. Depuis, l’Adéma-Pasj n’a jamais eu souci de conquérir le pouvoir, son rôle s’est inscrit dans le marbre d’accompagner chaque pouvoir au prix des strapontins à lui accordés.
Prenant la parole, un des plus emblématiques du parti (qui n’a pas, Dieu merci, une réputation de faussaire), Pr. Ali Nouhoum Diallo, ne pouvait

s’empêcher de constater la déliquescence du parti.
‘’Poulo Gorki Mawdo » a d’abord rappelé que le bon Dieu peut, à tout moment, prendre l’âme des anciens,
pour mieux interpeller les jeunes qui passent leur temps à critiquer les devanciers alors que c’est leur temps de reprendre le flambeau. De son intervention a pointé, non pas de l’espérance, mais du doute, sinon de la perplexité quant à l’assurance de la relève. Ce point est d’ailleurs le clou, nous semble-t-il, de l’interview accordée par Mme Konté à Mali Horizon. Le journal lui pose en effet la question cruciale : « Le parti de l’abeille aura-t-il son candidat à la prochaine présidentielle ? » Réponse : «

L’ADEMA n’a aucune autre alternative que d’avoir son candidat à la prochaine élection présidentielle. Si jamais ce n’est pas le cas ç’en est fini pour le parti et, cela, définitivement. »

Mais les adémistes sont-il conscients du coup qu’ils ont porté contre la démocratie, contre les partis politiques et contre l’avenir même du Mali ? Pas si évident. Pr. Marimantia Diarra, actuel et cinquième président du parti, s’exprimant affirme de go que l’Adéma-Pasj est le premier parti politique du Mali. C’est faux s’il s’agit de la date de création. C’est encore faux s’il s’agit
de l’implantation et du nombre d’élus. C’est toujours faux s’il s’agit du bonheur apporté au Mali et aux Maliens. Mais c’est malheureusement vrai s’il s’agit du niveau inégalé des prédations au détriment du Mali et des Maliens ; si c’est le niveau anormalement élevé de l’enrichissement illicite des cadres d’un parti et si le critère de classement
des partis politiques était la somme des vols, des délits d’initiés, des concussions et des injustices.

Luc Sidibé
Amadou N’Fa Diallo
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