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Edito : Vaine promesse du Gouvernement à la Presse !
Publié le jeudi 1 juin 2023  |  Le pelican
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La société militaire privée russe, Wagner, dirigée par Evgueni Prigojine est devenue la principale cible des Etats-Unis depuis qu’elle a commencé à opérer en Afrique. La guerre en Ukraine, où Wagner est devenue un supplétif important de l’armée régulière russe, a amené Washington à accentuer la pression sur les autorités des pays africains dans lesquels cette société, ou du moins, des militaires russes proches de Prigojine interviennent. L’objectif, c’est d’affaiblir le « bras armé » du Kremlin, par ricochet, d’endiguer l’influence russe sur le continent africain.

Après des menaces et des chantages à l’égard des autorités centrafricaines depuis 2022, c’est autour des autorités militaires maliennes de payer les frais de leur collaboration avec des « techniciens militaires russes » (appellation officielle par les autorités maliennes des militaires russes présents au Mali).

En effet, selon le porte-parole du Département d’Etat américain, « Wagner a tenté d’acheter du matériel militaire à des fournisseurs étrangers et d’acheminer ces armes via le Mali », destinées « à être utilisé en Ukraine pour aider la guerre de la Russie, à travers le Mali ». A la suite de ces accusations prononcées le 22 mai 2023, et celles des présumées exactions attribuées aux FAMAs et des « soldats blancs » dans le rapport des Nations Unies sur Moura, des sanctions sont prononcées par Washington.

Ivan Maslov, considéré comme le Chef opérationnel de Wagner au Mali, a été sanctionné par le trésor américain pour les activités de Wagner au Mali, et deux autres officiers de l’armée malienne, en l’occurrence : le Colonel Moustapha Sangaré et le Major Lassine Togola, pour « violations de droits humains ». Si pour Maslov, les sanctions sont relatives au « gel et de confiscation de ses avoirs sur lesquels les USA ont la main », pour les deux officiers maliens, il s’agit des restrictions de visa.

En réponse, le gouvernement malien a qualifié ces mesures de sans « fondement et injuste » et rejeter « l’instrumentalisation et la politisation des droits de l’Homme pour des visées géopolitiques ». Ainsi, il apparait clairement que cette question de Wagner est en passe de devenir une source de brouille diplomatique entre le Mali et les Etats-Unis d’Amérique.

Washington est dans une dynamique de mise en œuvre de sa stratégie d’endiguement de Wagner et de la Russie en Afrique. Il faudra donc s’attendre éventuellement à d’autres formes de sanctions contre des autorités de la Transition ou des officiers des FAMAs. Ce qui provoquerait de nouvelles tensions et compliquerait la coopération bilatérale entre les deux pays. Que les accusations soient fondées ou pas, les Etats Unis sont à la recherche de tous les moyens possibles pour contrecarrer l’influence russe à travers Wagner en Afrique.

Aussi, après la publication du rapport sur les évènements de Moura, un communiqué conjoint des ambassades des USA, du Royaume Uni et du Canada au Mali, avait demandé aux autorités de la Transition de diligenter une enquête indépendante sur ces évènements. Malheureusement les sanctions ne sont basées sur les conclusions d’aucune enquête indépendante que ces pays avaient demandée auparavant.

Ce qui nous amène à affirmer que les accusations américaines concernant le rôle que le Mali aurait joué dans l’achat du matériel militaire à la Turquie pour la Russie étaient vraisemblablement un prétexte pour légitimer les sanctions sus-indiquées. Il est donc clair que les autorités de la Transition auront à faire avec l’Oncle Sam tant qu’elles collaborent avec des militaires russes, qualifiés de mercenaires par l’occident. C’est de bonne guerre entre des puissances adverses. Mais les autorités maliennes doivent faire preuve de subtilité, en tirant leur épingle du jeu sans que le pays ne soit un véritable champ de rapport de force entre ces puissances.

Ouattara Bouakary,

Doctorant en Histoire des Relations Internationales

Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan

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