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Le Mali et la Russie dans le viseur des Etats-Unis : Guerre idéologique ou conflit d’intérêts entre les deux grandes puissances nucléaires ?
Publié le lundi 5 juin 2023  |  L'alternance
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Vladimir Poutine, et son homologue américain, Joe Biden
Les Etats Unis ont annoncé, jeudi 25 mai 2023, des sanctions contre deux responsables militaires maliens et le patron du groupe paramilitaire Wagner au Mali. Les sanctions ont été annoncées suite aux soupçons d’implication de ces officiers maliens dans le tragique massacre de Moura en mars 2022, un événement ayant causé la perte de plus de 500 vies selon les chiffres de l’ONU.

Le Département d’État américain a restreint les visas du colonel Moustapha Sangaré et du major Lassine Togola, tous les deux responsables de l’Armée malienne. Le représentant local du groupe Wagner, Ivan Alexander Maslov, n’est pas épargné, les États-Unis ont pris la décision de geler et de confisquer ses avoirs situés sur leur territoire. Au regard de tous ces agissements des Etats Unis et de leurs alliés ne pourrait-on pas deviner une guerre larvée ou guerre d’intérêts entre les deux grandes puissances nucléaires ? Le Mali ne serait-il pas une victime innocente ?

Décidément l’Est et l’ouest sont toujours en guerre froide pour le contrôle du monde. Cette guerre froide se transforme parfois en conflit d’intérêts entre l’occident dominé par les Etats Unis, la France, l’Allemagne et le bloc de l’Est composé majoritairement de la Fédération de Russie, de la Chine, de l’Inde et d’autres. Ces deux blocs sont en train de mener une guerre aux conséquences dévastatrices pour le monde. Le Mali n’échappe pas à cette odyssée entre les grandes puissances. En voulant diversifier ses partenaires, le pays de Modibo Keita est aujourd’hui pris en otage par les grandes puissances qui se disputent le contrôle des ressources du monde. Le Mali embourbé dans une lutte implacable contre les terroristes a fait appel à la Russie après l’échec des forces coalisées de l’occident, sous la bannière de la MINUSMA. La Russie a envoyé des instructeurs et a aidé le Mali à se doter des armes et équipements modernes pour faire face au péril terroriste. Ce qui ne semble pas être du goût de l’occident qui a qualifié les instructeurs Russes des mercenaires de Wagner, une société paramilitaire privée Russe, proche du patron du Kremlin.

En effet, les Etats-Unis font partie des pays qui sont contre la présence du groupe Wagner sur le continent africain. Ce groupe est considéré par Washington comme une organisation criminelle transnationale, au même titre qu’une mafia. Le responsable du groupe paramilitaire au Mali est accusé de chercher à se procurer des équipements militaires en vue de les utiliser dans le conflit en Ukraine.

Pour rappel ce n’est pas la première fois que des sanctions visent le groupe Wagner ou certains de ses membres pour ses actions au Mali. En effet, l’Union européenne avait ainsi annoncé fin février une série de sanctions visant une dizaine de personnes, dont M. Maslov, du fait des « violations des droits humains » imputées à l’entreprise paramilitaire sur place.

Le groupe Wagner s’est imposé comme un acteur majeur du conflit en Ukraine, notamment dans la bataille autour de la ville de Bakhmout, ils ont également été aperçus en Syrie ou en Libye et plus récemment en République centrafricaine.

L’ONU a accusé début mai l’armée malienne et des combattants «étrangers» d’avoir exécuté au moins 500 personnes en mars 2022 lors d’une opération antijihadiste à Moura. Les Occidentaux, dont les Américains, assurent que ces combattants étrangers sont des membres de la société de sécurité privée russe Wagner, aux agissements décriés dans différents pays.

Les autorités maliennes ont depuis 2020 démenti la présence de Wagner et parle d’instructeurs de l’armée russe déployés au nom d’une coopération d’Etat à Etat. Elles ont rejeté le rapport de l’ONU comme biaisé et affirmé que seuls des djihadistes avaient été tués à Moura, et aucun civil.

Ces sanctions américaines reflètent une opposition claire à la présence du groupe Wagner sur le continent africain principalement au Mali, considérant cette organisation comme une entité criminelle transnationale, comparable à une mafia.

Que faut-il faire dans de telles circonstances ?

La décision de sanction a suscité des réactions d’indignation et de colère au sein d’une opinion déjà exténuée par cette situation. La population malienne, en particulier celles qui soutiennent la présence russe dans le pays sont vent debout et comptent s’opposer par tous les moyens aux sanctions des américains et sont favorables au départ de la mission onusienne du Mali. Alors, il est essentiel d’examiner attentivement les différentes perspectives et les arguments avancés par les parties concernées afin de mieux appréhender les enjeux complexes entourant cette situation.

Il est important de souligner que les officiers maliens sanctionnés bénéficient également du soutien de certains défenseurs de droits de l’homme qui remettent en question les accusations portées contre eux et mettent en avant leur rôle dans la protection de la souveraineté du Mali. La présence russe au Mali, perçue par certains comme un soutien essentiel dans la lutte contre l’insécurité, suscite également des débats passionnés quant à son impact et à sa légitimité. Elle est perçue par l’occident comme une ingérence notoire de la Russie dans ses affaires.

En définitive, Il est fondamental de promouvoir un dialogue ouvert et constructif afin de trouver des solutions durables pour la stabilité et le développement du Mali, tout en tenant compte des différentes perspectives et aspirations de sa population.

Assitan DIAKITE
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