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Entre Nous : ‘’Sorcellerie…judiciaire’’ !!!
Publié le mardi 6 juin 2023  |  Le challenger
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Le 1er juin 2023, un tribunal de Dakar a condamné Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme, 600. 000 FCFA d’amende et 20 millions de FCFA de dommages et intérêts à la partie civile. Arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2019 et opposant au Président Macky Sall, le Président du Parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) était poursuivi pour viols et menace de mort par la jeune Adji Sarr.

Dès l’annonce de cette condamnation, des émeutes ont éclaté à travers le Sénégal. Avant hier samedi, le bilan officiel faisait état de 15 morts. Les dégâts matériels, en termes de destruction de biens publics et privés, sont incalculables pour l’heure.

Pour Khalifa Ababacar Sall, ancien maire de la ville de Dakar, «cette décision traduit la volonté manifeste du régime de Macky Sall de poursuivre sa stratégie honteuse de liquidation d’adversaires politiques.»

Selon l’ancienne Première ministre et ex-bras droit de Macky Sall, «le verdict contre Ousmane Sonko n’a pas retenu les deux chefs d’accusation de départ, ceux de viols et de menace de mort. Par conséquent, cette condamnation à deux ans ferme est des plus injustes».

Pour l’avocat de la plaignante en revanche, El Hadji Diouf : «C’est une satisfaction, mais pas une satisfaction totale. Nous aurions voulu la condamnation de M. Sonko à un minimum de 10 ans ferme, mais nous sommes obligés de nous plier à la décision souveraine des juges».

Alioune Tine, défenseur des droits de l’homme et fondateur du Centre de réflexion Afrikajom appelle à tirer les leçons de ce verdict. «On doit absolument tirer les leçons de ce verdict qui disqualifie le viol et les menaces qui étaient les faits retenus par le juge d’instruction. Cela au regard du coût humain, politique, économique, social et diplomatique. Corruption de la jeunesse? Jugement par défaut et délit.»

Cette condamnation de l’opposant sénégalais relance la sempiternelle question de l’indépendance de la justice mais aussi, et surtout, la volonté des magistrats de s’affranchir des influences négatives, dont celles du pouvoir, ternissant leur réputation. La condamnation d’Ousmane Sonko pour ‘’corruption de la jeunesse’’ après ‘’l’abandon de deux principaux chefs d’accusation’’ relève tout simplement de la ‘’sorcellerie judiciaire’’. Ces nombreux morts de Dakar, de Ziguinchor et d’autres localités du Sénégal sont, certes, le fait de l’entêtement d’un homme, le Président Sall, à vouloir mettre la démocratie sénégalaise sous sa coupe réglée. Mais ils sont aussi, et surtout, le fait de certains animateurs de l’appareil judiciaire qui n’ont eu le courage du Capitaine Touré, ce jeune officier de la gendarmerie qui a résisté aux pressions politiques dès le début de cette affaire. Ils n’ont pu non plus s’inspirer du courage du magistrat Ibrahim Hamidou Dème, qui a démissionné en 2017 en dénonçant «une justice fragilisée, malmenée de l’intérieur comme de l’extérieur.» «C’est non seulement un manquement du Président de la République à son obligation constitutionnelle de garantir l’indépendance de cette institution, mais c’est avant tout la responsabilité d’une importante partie de la hiérarchie judiciaire qui a distillé dans le corps une culture de soumission qui a progressivement remplacé une longue culture d’honneur, de dignité et d’indépendance», a dénoncé M. Dème. Ces tristes événements lui donnent forcément raison.

Par Chiaka Doumbia
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