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Choguel K. Maïga à L’Aube : « L’objectif inavoué de la révision constitutionnelle c’est la partition du Mali ! »
Publié le jeudi 8 juin 2023  |  Le wagadu
Dépôt
© aBamako.com par MS
Dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe du Président Modibo Kéïta
Bamako, le 16 mai 2023. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, au nom du président de la Transition, le Colonel Assili Goïta, a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe de l`ancien président malien, Modibo Kéïta, au cimetière de Hamdallaye, en ce jour de commémoration du décès du père de l`indépendance du Mali.
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En 2019, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, avait émis l’intention de procéder à la révision constitutionnelle. Ce qui avait provoqué l’ire chez Dr. Choguel K Maïga, président du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) et candidat malheureux à l’élection présidentielle.

« L’objectif ultime inavoué et inavouable de la révision constitutionnelle c’est la mise sur pied des conditions légales pour réaliser la partition déjà programmée du Mali. Personne n’est dupe ! » avait-il tranché dans une interview accordée à nos confrères du journal L’Aube, datée du 05 août 2019.

Près de quatre ans après et à la veille du référendum du 18 juin 2023, dont le but est de doter le Mali d’une nouvelle loi fondamentale, Le Wagadu republie l’intégralité de son interview accordée au journal L’Aube.

Le dialogue national, la révision constitutionnelle, la partition programmée du Mali, les jeux cachés du pouvoir en place en vue d’y parvenir… ce sont là autant de sujets abordés par Dr. Choguel Kokala Maïga, président du MPR (Mouvement patriotique pour le renouveau) et ancien ministre, dans un entretien exclusif accordé à L’Aube. Maïga invite les Maliens à se mobiliser pour déjouer le plan mis en œuvre contre le pays.

L’Aube : L’actualité est dominée par les préparatifs du débat national. Quel est votre avis sur ce sujet ?

Choguel K. Maïga : Tout le monde dit souhaiter un débat national. Mais j’ai le sentiment que les différents acteurs n’ont pas la même compréhension de ce que doit être ce Dialogue. La preuve c’est que depuis bientôt plusieurs mois que tout le monde en parle, mais à la date d’aujourd’hui, il n’y a même pas de termes de référence (TDR) consensuels. Manifestement, il y a un malaise.

Pensez-vous que ce débat peut amener les Maliens à se parler et à trouver des solutions aux maux qui rongent actuellement le pays ?

Choguel K Maïga : Le débat n’aura de sens que si les acteurs s’accordent sur les TDR et si les résultats du débat les engagent tous en termes d’obligation de mise en œuvre des conclusions.

D’aucuns mettent déjà en doute la volonté du pouvoir à organiser de vraies assises pour sortir le pays de l’impasse.

Choguel K. Maïga : Quand on analyse ce qui se passe depuis la signature du fameux Accord politique de gouvernance du 2 mai 2019, on a effectivement le sentiment que le pouvoir veut juste gagner du temps, calmer le front politique et social, et vider lesdites assises du contenu escompté par le peuple malien. Le temps prévu et convenu pour la préparation et la tenue du Dialogue a constamment changé, allant de deux semaines à un mois, puis finalement à « dans les meilleurs délais ».

Actuellement, personne ne sait quand, comment, sur quels sujets, à quelles conditions, avec quels nombre et qualité de participants, le Dialogue va se tenir. C’est le malentendu permanent, le flou artistique total et ce, depuis la nomination dans des conditions polémiques de ce qu’il est convenu d’appeler Le Triumvirat, et surtout après l’interview controversée du chef de l’Etat dans JEUNE AFRIQUE.

Une nouvelle plateforme « AWN KO MALI » vient de voir le jour. Et le FSD a rejoint cette organisation qui pose des préalables pour la tenue du dialogue national. Pourquoi le FSD a adhéré à cette plateforme ?

Choguel K. Maïga : Le FSD a été l’un des premiers mouvements politiques à demander et même formuler le schéma du Dialogue. C’était donc tout à fait dans l’ordre normal des choses qu’il soit avec tous ceux qui ont le même combat, même s’il y a des nuances dans les démarches.

Il est important d’avoir le front le plus large possible pour donner au Dialogue tout son sens. Pas celui qui se profile à l’horizon, qui a essentiellement pour but ultime pour le pouvoir de faire passer au forceps la pilule de la révision constitutionnelle, dont la principale finalité est de graver dans la Constitution la stratégie de mise en pièces de l’État unitaire à travers un processus de partition déjà conçue et programmée de l’État malien et ce, sous la pression des forces centrifuges séparatistes et avec le soutien à peine voilée de certaines forces extérieures. Le tout sous le couvert de la décentralisation et de la régionalisation.

Quel regard jetez-vous sur la situation actuelle du pays ?

-Au plan sécuritaire; -Au plan économique; -Au plan social

La situation actuelle du pays se passe de tout commentaire. Elle est mauvaise à tous égards. Demandez au citoyen malien lambda, il vous dira la même chose.

La question du référendum est remise sur le tapis par le chef de l’État. Quelle est votre position par rapport à ce processus de révision constitutionnelle qui divise (encore) les Maliens ?

Choguel K. Maïga : L’objectif ultime inavoué et inavouable de la révision constitutionnelle c’est la mise sur pied des conditions légales pour réaliser la partition déjà programmée du Mali. Personne n’est dupe !

L’on dit que c’est pour permettre l’application de l’Accord de paix. Quel est votre avis ?

Choguel K. Maïga : C’est un discours spécieux qui est servi pour masquer les vrais objectifs de la révision constitutionnelle. Ce n’est pas par hasard que les séparatistes et leurs soutiens extérieurs y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Les Maliens doivent redoubler de vigilance.

La question du Nord a fait l’objet de beaucoup de prises de position de votre part, ces derniers temps. Pensez-vous que la partition du pays est consommée ?

Choguel K. Maïga : La partition du pays n’est pas encore totalement consommée. Mais, si les Maliens ne redoublent pas de vigilance, le pouvoir en place risque, par un tour de passe-passe, de les mettre devant le fait accompli.

Comme ça a été le cas en 2016, lorsque le Premier ministre et deux membres du gouvernement se sont entendus comme larrons en foire avec les Mouvements armés, pour adopter en catimini le document appelé « Entente sur les Autorités intérimaires », document que le Premier ministre était allé faire valider jusqu’au Conseil de sécurité de l’ONU le 16 juin 2019, sans aucun débat préalable en conseil des ministres.

Ce document, véritable acte de trahison des intérêts nationaux, a servi de base pour remplacer en catimini tous les organes et responsables élus par les populations du Nord par des hommes désignés par les Mouvements armés au niveau des Régions, des Cercles et même au niveau de certaines communes.

On se rappellera que les protestations des braves populations de Gao (qui avaient résisté avec honneur et bravoure aux séparatistes pendant l’occupation en 2012-2013) contre ce qu’elles avaient considéré à juste titre comme une trahison, ont entraîné alors la mort de plusieurs personnes, c’était le 12 juillet 2016.

C’est une expérience malheureuse qui nous interpelle et nous oblige à être extrêmement prudents et vigilants. Par une interprétation abusive de l’Accord pour la paix, le gouvernement venait, par cet acte, de donner aux séparatistes, sous la table, ce qu’ils n’ont pu obtenir ni par les armes ni par la diplomatie, sans que cela ramène ni la paix ni la sécurité.

Je crois que c’est la même technique qui sera utilisée, dès que la révision constitutionnelle est adoptée, pour organiser, à travers divers types de textes (lois, ordonnances, décrets, arrêtés, ententes, etc.) la mise en pièce de l’État unitaire du Mali. Les Maliens n’auront alors que leurs yeux pour pleurer.

Du reste, on se rappelle qu’en novembre-décembre 2018, en accord avec les séparatistes, le gouvernement avait voulu jouer le même coup aux Maliens en imposant le Découpage territorial bidon et injustifié, qui a échoué grâce à la vigilance et à son rejet par l’Opposition et l’opinion publique. C’est pourquoi cette fois-ci, ils veulent tout baliser à travers la révision constitutionnelle, qu’ils feront passer immanquablement à travers le bourrage des urnes.

Comment faire pour éviter justement la partition du Mali ?

Choguel K. Maïga : la solution, c’est la grande mobilisation et l’extrême vigilance du peuple malien pour refuser l’inacceptable.

Quel regard jetez-vous sur la gestion d’IBK ?

Choguel K. Maïga : C’est une gestion qui est largement en deçà des attentes du peuple malien, singulièrement en matière de sécurité.

Propos recueillis par Mohamed Sylla/Par l’Aube du 05 Août 2019
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