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Edito : Les lignes bougent
Publié le lundi 2 juillet 2012   |  Le 22 Septembre


41ème
© Getty Images par DR
41ème Sommet ordinaire de la CEDEAO : Les chefs d`Etat de la CEDEAO réunis dans le but de mettre fin aux crises malienne et Bissau-guinéenne
Vendredi 29 juin 2012. Yamoussoukro,Fondation Félix Houphouët-Boigny


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Tenue les 28 et 29 juin 2012 à Yamoussoukro, la 41ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a pris 14 mesures spécifiques concernant la situation au Mali. Au nombre de celles-ci, deux ont retenu notre attention. La première est celle libellée de la manière suivante: «La Conférence décide d’accélérer le déploiement de la MICEMA (Ndlr: Mission de la CEDAO au Mali) sous le mandat déjà approuvé et ce conformément aux dispositions de l’article 25 du Protocole relatif au Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité».

La seconde est consécutive à la première: «A cette fin, la Conférence décide de l’envoi immédiat d’une mission technique d’évaluation au Mali, à l’effet de préparer le terrain en vue de l’arrivée imminente de la MICEMA. Elle instruit la Commission de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre ces directives».

Vingt-quatre heures après ce sommet, le Collectif des ressortissants du Nord a animé un meeting au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah pour demander au gouvernement d’agir. Et, pour mieux mettre la pression sur ce dernier, il a décidé d’organiser à partir du mercredi 4 juillet au Monument de l’Indépendance un sit-in, pour «l’indépendance, parce que notre pays est sous occupation étrangère».

Quelques heures auparavant, le Premier Ministre, Cheick Modibo Diarra, dans un communiqué publié par le gouvernement, s’était réjoui «de la confirmation des pays membres de la CEDEAO de leur disposition à aider le Mali dans ce domaine». A ce sujet, M. Diarra se dit prêt à accueillir une équipe d’évaluation «afin d’étudier et de définir les modalités de sa contribution multiforme».

C’est dire que les lignes commencent à bouger. Jusqu’à là, le gouvernement s’était opposé de façon claire à une intervention militaire étrangère. Aujourd’hui, Cheick Modibo Diarra montre que sa position n’est pas statique. Elle peut bien bouger, en fonction des évènements et de la réalité sur le terrain. Les lignes commencent aussi à bouger parce que même Alger, récemment opposé à toute intervention militaire étrangère, a déclaré le week-end dernier qu’elle était prête à combattre les djihadistes qui se trouvent à Gao.

Le gouvernement doit donc mieux clarifier sa position, pour ne pas donner l’impression que c’est contre sa volonté que la CEDEAO veut militairement intervenir dans le nord du Mali. Il doit surtout clarifier sa position parce que le Collectif des ressortissants du Nord viendra lui remettre mercredi une déclaration. Sans tarder, il devra répondre qu’il est enfin favorable à l’envoi de troupes étrangères dans le Septentrion du Mali. S’il ne le fait pas dans la situation actuelle, il sera contraint, tôt ou tard de le faire quand même, sous la pression de l’opinion nationale, voire internationale. Ou bien de poser le tablier.

Il est vrai que le chef du gouvernement a multiplié les contacts avec les pays du champ (Algérie, Niger, Mauritanie) et même avec Paris, pour tenter de trouver la solution idoine à cette crise. Il est allé également à Ouagadougou échanger avec le Président du Faso, Blaise Compaoré, médiateur dans le conflit. Deux mois après, aucune solution diplomatique ne se dessine, alors que la situation se détériore du jour au lendemain, avec le renforcement des islamistes, reconnus partout comme étant des terroristes de la pire espèce. Ce ne sont plus des bandits armés maliens qui sont dans la région de Gao, mais des Algériens criminels et d’autres étrangers, bannis par leurs propres pays, qui occupent la Cité des Askias.

Sans intervention étrangère, personne ici au Mali, et surtout pas à Bamako ou à Kati, ne peut chasser ces hommes-là du Nord du Mali. On pouvait même aisément comprendre les hésitations du gouvernement en raison des conséquences néfastes de la guerre, avec ses dégâts collatéraux (morts d’innocents, blessures invalidantes, destructions d’édifices, mort du maigre cheptel, destruction de biens privés et collectifs, dépravation des mœurs). M. le Premier ministre, les ressortissants du Nord eux-mêmes vous demandent de faire la guerre, eux qui y ont leurs parents, enfants, mères, pères, petits et grands frères, oncles… Alors qu’attendez-vous? Une grande majorité de l’opinion publique au sud du Mali pense également que c’est la meilleure solution.

Excellence, il ne vous reste qu’à agir! Agir pour sauver le Mali! Agir pour libérer le Mali! Si, par extraordinaire, des dérapages intervenaient, vous n’en serez pas le seul responsable. Les responsabilités seront partagées et assumées. On comprend bien vos inquiétudes. Mais, quoi qu’il en soit, dans cette affaire vous aurez le soutien de votre peuple, si vous le suivez dans la direction qu’il a indiquée.

Vivement donc l’autorisation par le gouvernement du Mali d’une intervention militaire étrangère!

Chahana Takiou

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