Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères et de la coopération
La nouvelle est tombée comme un couperet : le Gouvernement malien demande ” le retrait sans délai ” de la MINUSMA !
L’annonce de cette importante décision a été faite, le 16 juin dernier, à New York par le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop. Il s’exprimait devant le Conseil de sécurité qui tenait une énième session consacrée à l’examen du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali.
Cette décision des Autorités maliennes intervient moins de deux semaines avant la décision du Conseil de sécurité sur l’avenir de la mission onusienne au Mali dont le mandat expire le 30 juin 2023.
Cependant, l’acte de décès de la MINUSMA (une mission agonisante depuis longtemps) a été déjà signé à Koulouba avant même le verdict du 30 juin.
Pourquoi cette décision ? Pourquoi ce moment choisi après le départ (forcé) de Barkhane, G5 Sahel et Takuba ? Quelle sera la réaction de la communauté internationale via l’ONU ? Comment les Autorités maliennes envisagent-elles l’avenir sans la présence des casques bleus ? Ce sont là des interrogations parmi tant d’autres qui reviennent constamment sur les lèvres dans le pays, et au-delà à l’extérieur.
En attendant le constat est là ! En dix ans, la présence des troupes de l’ONU dans notre pays n’a jamais pu répondre efficacement aux attentes des Maliens en matière sécuritaire. Malgré cette présence, des groupes terroristes se sont fortement implantés au Nord et au Centre. Kidal demeure une ville contrôlée par des groupes armés, complices de terroristes et autres narcotrafiquants. Où est donc la stabilité promise aux Maliens et qui a motivé l’envoi des casques bleus ? Depuis des mois, le ministre Diop n’a cessé d’attirer l’attention des membres du Conseil de sécurité sur certaines déviances de la mission. En vain !
Aujourd’hui, ce constat s’impose : « En 2013, les fondements qui ont servi à justifier la création de la MINUSMA étaient notamment l’appui aux Autorités maliennes pour stabiliser la situation dans les régions du Nord du Mali, écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour des éléments armés dans ces zones, particulièrement à travers le rétablissement de l’autorité de l’Etat dans tout le pays ».
« Après plusieurs années de déploiement des forces de la MINUSMA sur le terrain, la situation sécuritaire qui concernait jadis le Nord du pays, s’est progressivement dégradée dans toutes les autres régions du Mali, notamment le Centre… ».
D’où la conclusion tirée le 16 juin dernier par les Autorités maliennes.
En vérité, les dirigeants de la Transition se sont finalement résolus à aller dans le même sens qu’une frange importante de la population malienne de plus en plus hostile à la présence de la MINUSMA au Mali.
En effet, nombreux sont, aujourd’hui, les maliens à pointer du doigt la mission onusienne accusée, à tort ou à raison, d’être ” Ce chercheur d’aiguille qui a, lui-même, le pied posé sur l’aiguille “. En clair, la MINUSMA est considérée comme le nœud du problème sécuritaire au Mali et non la solution !