Le gouvernement demande le retrait sans délai de la Minusma. C’est le message fort que l’on retient de l’intervention du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, vendredi à New-York à l’occasion de l’examen par le Conseil de sécurité du rapport trimestriel du secrétaire général de l’Onu sur la situation au Mali.
Après une décennie de présence sur le sol malien, la Mission onusienne est donc sommée de plier bagages. Cette demande est d’autant plus justifiée que les raisons qui ont sous-tendu l’arrivée de la Minusma dans notre pays demeurent insatisfaites. Il s’agit notamment de l’appui aux autorités pour stabiliser la situation dans les Régions du Nord du Mali, écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d’empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones, particulièrement à travers le rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays.
De fait, la Mission n’a pu apporter les réponses adéquates à la situation sécuritaire au Mali et dont les perspectives de maintien ne répondent pas aux impératifs de sécurité de nos compatriotes. À l’heure du bilan, jugent en définitive les autorités de la Transition, la Minusma n’a pas atteint son objectif fondamental.
Cette courageuse décision prise par les autorités conforte, à n’en pas douter, une frange importante de l’opinion nationale dont les récriminations contre les «Casques bleus» ont été nourries par l’absence de résultats de la Mission sur le plan sécuritaire. Les fortes mobilisations contre la Minusma qu’organisent constamment des organisations socio-politiques, dont Yerewolo débout sur les remparts, sont des indicateurs quant à la volonté de nombre de Maliens de voir cette Mission quitter notre pays.
Les ressentiments de nos compatriotes sont d’autant plus justifiés qu’il n’est guère compréhensible de constater que la Mission n’est pas prête de changer de posture dans un environnement où la lutte contre le terrorisme est une nécessité impérative. Le Mali, insistera Abdoulaye Diop, avait toujours plaidé pour un changement de posture de la Minusma afin de lui permettre de s’acquitter convenablement de son mandat et d’asseoir des actions de soutien aux efforts du gouvernement. En lieu et place, l’on constatera au fil des années, la Mission se muer progressivement en «une gigantesque ONG».
D’autres griefs qui apportent de l’eau au moulin des détracteurs de l’organisation onusienne ont trait à l’instrumentalisation de la question des droits de l’Homme et l’alimentation des tensions intercommunautaires. L’intervention du ministre Diop au Conseil de sécurité intervient quelques semaines après la publication par l’Onu du controversé rapport sur les événement de Moura. À ce propos, après le gouvernement, des experts et des observateurs indépendants, ce sont les témoignages faits il y a quelques jours à Bamako par des ressortissants de Moura qui sont venus davantage étayer les griefs formulés par les autorités maliennes contre ce rapport à l’évidence biaisé.
La demande du départ de la Minusma ne signifie pas la rupture de tout lien avec l’Onu dans la recherche de solutions idoines à la crise malienne. Le chef de la diplomatie malienne a assuré que le gouvernement est disposé à coopérer avec les Nations unies dans la perspective des efforts pour une paix dans notre pays.