L’aide publique au développement reçue par l’Afrique et l’appui à sa sécurité (coopération militaire, interventions d’armées étrangères, opérations de «maintien de la paix» de l’Organisation des Nations unies (ONU) sont-ils pertinents ? L’aide ne risque-t-elle pas de subventionner une inefficacité structurelle ou d’être gaspillée ? Ne fait-elle pas l’impasse sur les causes du sous-développement ? Les donneurs, voire les «faiseurs de paix», ne se substituent-ils pas aux décideurs africains ? Que penser par ailleurs des plans de l’Union africaine (UA) en matière de sécurité ?
Enfin, le cas des quelques États «faillis», qui cumulent l’absence de développement, l’inexistence de services publics et la guerre civile ou le chaos, tels la Somalie, le Soudan du Sud ou la Centrafrique, n’interpelle-t-il pas la communauté internationale au sujet de ses modes d’action ? Aurait-on paradoxalement négligé les États les plus fragiles ? Y a-t-il un pilotage réfléchi des interventions militaires étrangères ou sont-elles mues par la seule urgence ? Les agences de développement sont-elles surtout guidées par une logique technique et financière ou intègrent-elles pleinement la sociologie locale, ainsi que la géopolitique ? Il faut tirer les leçons des échecs de la «communauté internationale» dans les États malades qui ont conduit finalement à précipiter des expéditions militaires. Leur «service après-vente», souvent délégué aux Casques bleus de l’Organisation des Nations unies (ONU), peut s’avérer également incapable de traiter le problème. Les «faiseurs de paix» professionnels pensent pouvoir appliquer des modèles standardisés, comme si les sociétés des pays en développement réagissaient d’une manière semblable à celle des pays développés. Ces tâtonnements montrent que la justesse de l’analyse d’une situation est souvent le point faible de l’action. Après des erreurs occidentales dramatiques au Rwanda entourant le génocide de 1994, le cas du Mali, de 20212 à aujourd’hui, illustre à nouveau la faible compréhension des crises.
IL ÉCRIT:
«La Mémoire n’est pas l’histoire. L’historien est un peu comme un juge d’instruction: il travaille à charge et à décharge, alors que le mémorialiste et le témoin sont, par définition, en pleine subjectivité», Bernard Lugan.
RÉFLEXION:
«Les personnes honnêtes et loyales ne reçoivent jamais de mérites dans la vie, mais peuvent se regarder devant le miroir sans n’avoir honte de rien».
LA TOLÉRANCE RELIGIEUSE
Un facteur de cohésion sociale
25 février 2023 à Tombouctou
Parler de la tolérance religieuse comme un facteur de cohésion sociale, serait une grande aventure. Certes, les références des civilisations dans ce monde sont différentes, donc il est évident que la manière de tolérer est différente également.
La tolérance n’est pas un vain mot, mais c’est un comportement, c’est-à-dire c’est le respect de la liberté d’autrui, de ses manières de penser, d’agir, de ses opinions politiques et religieuses. (Larousse: Dictionnaire Encyclopédique Illustré, Paris 1997, p: 1572).
Alors, pourquoi entreprendre une étude sur la tolérance religieuse comme un facteur de cohésion sociale dans ce pays le Mali ?
En effet, le Mali est un pays multiconfessionnel, où musulmans, chrétiens et animistes vivent ensemble dans une République laïque. Face à cette situation, ces religieux sont invités à mener une bataille commune pour se développer, et pour que cette lutte dans la cohabitation soit sans aucune considération minoritaire et confessionnelle, il faut qu’ils s’acceptent les uns et les autres malgré leurs différences.
Nous parlerons de:
- L’existence de supports de la tolérance au Mali avant les indépendances.
- L’Intolérance souvent des missionnaires de religions monothéistes vis-à-vis de prénoms africains.
- Le sanaguya (cousinage à plaisanterie) comme un facteur de tolérance.
- Tombouctou rend la justice.
- Les morales laïques qui remplacent les morales religieuses dans les établissements Étatique.
- Les résultats attendus.
- L’existence de supports de la tolérance au Mali avant les indépendances.
La société Malienne est une société tolérante par sa nature, car il existait des signes qui sous entent la tolérance, comme Ngnamakalaya, celui qui est chargé d’instaurer la paix, la tolérance et le savoir vivre dans la société traditionnelle.
Le sanaguya (cousinage à plaisanterie) comme facteur de tolérance.
Au Mali, ils ne sont pas disparus pour le moment, l’attachement à la famille étendue, à la communauté de biens, l’appartenance aux clans, la fidélité aux rites, l’entre aide, entre autre le «Sanagouya», ou «Sonnogoya», (cousinage à plaisanterie).
Ce mot «sanagouya», vient du mot malinké (Bamanan), «Sanna», c’est qui reste après avoir préparé un repas. Le Sanagouya est une sorte de tolérance respectueuse qui régit les relations en harmonie entre les différentes couches composantes de la société malienne.
Dans la société malienne, c’est le «sannagou», le cousin à plaisanterie qui intervient quand il y’ a un conflit, et difficilement on peut refuser une demande à un cousin à plaisanterie, quand il y’a un problème à résoudre. Ce Sanagouya est instauré au Mande (Mali), par le roi Soundiata Kéïta, et a permis aux différentes ethnies de cohabiter et de se marier entre elles sans problème. C’est ainsi que les Malinkés ont comme cousin à plaisanterie les Sarakolés (Maraka), et le Peul le Forgerons, le Doghono (Dogon) le Songhoï au sorgho(Bozo), etc.
- L’Intolérance souvent des missionnaires de religions monothéistes vis-à-vis de prénoms africains.
Un prénom -ainsi qu’un nom- a beaucoup de significations en Afrique, Il sert à identifier l’homme au plus intime de son être. Il évoque un évènement important de la vie de la famille, ou du clan, ou de la société. Il exprime la joie, l’espérance, il est révélateur du destin de l’enfant, il rappelle un ancêtre ou un parent disparu. Comme vous le voyez, la signification du prénom ou du nom est très importante chez les africains. Son-diata par exemple est composé de «son», (accepter), et «Diata» (le lion) et veut dire «nous acceptons le brave», étant donné que le lion est brave, il est le maître de la forêt.
Boncana (o) en Songhoï signifie le chanceux, l’heureux, Soni en Songhoï (le libérateur), Nagnouma en Malinké ou Bamanan la bonne maman. Sanoukourou en Malinké (le caillou en or). Coumba, en peul, la deuxième fille, Samba en peul, le deuxième garçon, Lobo en peul, «la belle demoiselle».
Tous ses beaux prénoms ne veulent rien dire pour les missionnaires, qui n’étaient pas assez tolérant avec ses prénoms africains, il faut laver le front de ces africains avec l’eau baptismale afin de souiller les prénoms jugés par eux; indigènes. Pour les musulmans, on rase la tête. Une telle attitude contre les prénoms africains n’a rien de commun avec la religion. La preuve est que pendant les premiers siècles du Christianisme ou de l’Islam, ceux qui recevaient le message, ne portaient pas des prénoms chrétiens ou musulmans.
Les prénoms chrétiens n’apparaissent qu’à partir du IIIème siècle après Jésus Christ, des prénoms issus de vertus morales comme Bénédicta, Angélica, Maximus ou de nom de Dieux comme Théophile, Théodore qui sont des prénoms empruntés dans la culture romaine ou grecque avant qu’ils ne prennent l’étiquette chrétienne.
Quant aux arabes, ils ont gardé leurs prénoms de l’ère préislamique; sauf quelques prénoms que le prophète Muhammad (paix sur lui) à procéder à les changer puisqu’ils étaient injurieux, immoraux. Certains prénoms arabes sont restés valables comme: Fahd (panthère), Namr (tigre), Taoufique (la réussite), Haïfa (la belle taille), Basma, Ibtissam (le sourire), Bassam (le souriant). Donc on peut garder son prénom ou nom africains et être un bon musulman, ou chrétien.
Le phénomène de l’acculturation qu’ont joué le Christianisme et l’Islam, a subi les influences socioculturelles de l’Europe occidentale, et des arabes, et ont été transmis à l’Afrique dans ces halo socioculturelles, et malgré les efforts des missionnaires des deux (02) religions, ils ne sont pas parvenus à décoder ni à dépouiller l’Islam et le Christianisme de l’habit oriental ou occidental, et les faire s’incarner dans les milieux africains.
Tombouctou rend la justice:
Rendre justice fait partie de la tolérance de gouvernants de laisser les juges de travailler librement et dans la légalité.
Nous sommes à la fin du 15ème siècle et le début du 16ème siècle dans l’Empire Songhoï au vivait Mouhamad al Maghili qui était l’ami du roi Askya Mouhamed, c’est érudit avait des problèmes avec les Juifs du Touat qui finirent tué son enfant, du coût il ordonna à Askya Mouhamed d’emprisonner tous les commerçants Juifs qu’était à Gao, les juge Mahmoud ben Oumar de la famille Agit de Tombouctou une fois entendu ce fait il demanda à Askya Mouhamed de le libérer immédiatement car ses commerçant Juifs n’ont rien fait pour mériter cela ou parce qu’ils sont des Juifs:
- Les morales laïques qui remplacent les morales religieuses et l’éducation civique dans les établissements Étatiques.
L’application du principe de la laïcité dans le cadre malien implique:
- l’inexistence d’une religion d’État;
- la possibilité pour chaque citoyen d’adhérer à la religion de son choix;
- l’interdiction absolue de discrimination fondée sur la religion dans la gestion publique;
- le non immixtion de l’État dans la gestion des cultes;
- les respects des convictions religieuses de chaque citoyen.
La création de l’école laïque mixte et ses structures au Mali, nous parait le point de départ de l’apparition de morales laïques dans les comportements des élèves formés dans ces écoles, qui seront les futurs dirigeants de ce pays. Et même si l’école laïque est un lieu d’apprentissage de beaucoup de choses…elle permet à tous les enfants maliens, quelle que soit leur classe sociale, ou leur religion de se connaître, et de s’accepter, sa permet ; garçons et filles de recouvrir la même éducation, ce qui facilitera l’unité, de l’unité de couple à celle du pays. Mais cette morale laïque n’enseigne pas l’éducation civique les comportements vestimentaires et l’éthique sexuelle, car l’habillement que portent certaines filles aux Lycées et aux facultés, offense la morale de beaucoup des garçons, et certains enseignants sont également offensés moralement, un comportement toléré par la morale et les gouvernants laïques.
Ce phénomène engendre souvent de problèmes, notamment la délinquance sexuelle, l’acculturation est vivace dans ces écoles. Et beaucoup d’entre eux ne respectent pas les normes du mariage.
Jadis, la connaissance traditionnelle au Mali se transmettait régulièrement de génération en génération par des rites d’initiation, et par différentes formes d’éducation. Cette transmission régulière s’est trouvée interrompue du fait d’une action extérieure, extra africain: l’impact de la colonisation. Celle-ci venant avec sa technologie, suivi par le christianisme, a imposé ses méthodes et ses idéales de vie propre à elle.
Au Mali, il y’a une certaine interpénétration culturelle entre les musulmans et les chrétiens, les deux (02) communautés religieuses du Mali, et surtout dans le comportement quotidien. Il y a bien la pression du milieu qui amène les chrétiens à faire beaucoup de concessions aux modes de vie musulmane, façon de se vêtir, façon d’égorger les bêtes domestiques, imposition du nom aux enfants, récitation de la Fatiha lors de la célébration des évènements familiaux entre autre, un musulman peut marier une fille chrétienne comme coépouse de sa première femme musulmane. Beaucoup de chrétiens désiraient l’adoption de la polygamie et du divorce par l’église comme leurs frères musulmans.
D’autre part, il y a des chrétiens qui consultent constamment des marabouts. De même certains musulmans se retrouvent avec leurs frères chrétiens dans la fête de Noël et autres fêtes pour échanger la fraternité, souvent ils boivent du «dolo» ensemble (la bière de mil).
À l’occasion des fêtes musulmanes, nombre de chrétiens rendent visitent à leurs compatriotes musulmans pour les féliciter. Cela signifie que la fraternité et les liens familiaux d’avant les religions monothéistes remportent plus souvent le pari qui sont des signes de tolérance dans la société malienne.
Si l’intolérance est constatée au Mali en 2012 et que la situation socio-politique s’est gravement dégradée au Mali avec la crise du Nord survenue alors que cette partie du pays fut envahie par des groupes Djihadistes islamistes qui réclamaient entre autres la création d’un État indépendant, l’AZAWAD, qui devait être régi par la loi islamique.
Et que de 2019 à 2021, il y a eu beaucoup de troubles sociaux avec de grands soulèvements populaires, signes d’un mécontentement général, qui ont amené à des coups d’état militaire et l’instauration d’un régime politique militaire. Les conflits internes, surtout entre Peulhs, Dogons et Bambara, éleveurs et agriculteurs, se sont compliqués et ont occasionné des affrontements armés, des pertes de vies humaines et des déplacements de populations, tous ces ci ne sont que des problèmes extras maliens, notamment la guerre en Lybie par l’occident à sa tête la France.
Il est bon qu’un pays importe des plantes étrangères pour les adapter sur son sol, s’il s’y prête, il en est de même de son devoir de tout faire pour mettre sa terre en valeur afin qu’elle donne de bons fruits. Le danger, c’est de vouloir changer sa terre et mettre une autre à sa place, c’est vouloir, par exemple, amener une terre orientale ou occidentale au Mali ou en Afrique pour y faire pousser du mil ou autre grain. Il est fort probable qu’il n’en sortira rien de bien nourrissant pour la population.
- Les résultats attendus.
En conclusion, la paix est possible et la consolidation de la tolérance, si on aide le Mali honnêtement à décider de son avenir et de l’organisation de sa société comme il entend à l’organiser sans contrainte.
Les autorités ont compris que la laïcité de l’État ne signifie pas une indifférence de ce dernier par rapport aux phénomènes religieux, à fortiori une confrontation entre le temporel et le spirituel, c’est pourquoi il a autorisé cette assise sur la tolérance aujourd’hui. L’État malien œuvre pour la tolérance et le développement libre de la Religion qui n’exclue pas son contrôle dans l’espace Religieuse.
Nous devons tous lutter contre la pauvreté, car la religion est capable de se nourrir de la misère, et de la pauvreté pour former des fanatiques désespérés, perturbateurs de la paix, qui refusent la tolérance également.
Évitons le copier-coller dans la laïcité et dans la constitution malienne.
La religion n’acquiert force de droit que par le décret de ceux qui ont le droit de commander, et que le pouvoir politique en est aussi l’interprète, puisqu’il juge qu’obéir à Allah doit se régler sur la paix de l’État républicain en obéissant la constitution et les lois laïques.
L’éducation civique et morale doit retourner dans les écoles afin de consolider la tolérance au Mali.
La tolérance est un garant économique pour un avenir lointain, aide aussi à garantir la paix.
Merci de votre aimable attention !!!
Dr Issa NASSOKO
Tombouctou, le 25/02/2023
Prière pour le Mali en ce moment difficile:
Qu’ALLAH fasse que,
Tous ceux qui veulent ta destruction, assiste à ta construction dans tous les domaines,
Tous ceux qui veulent ton malheur, assistent à ton bonheur,
Tous ceux qui veulent ton humiliation, assistent à ton honneur ou ta grandeur,
Tous ceux qui veulent ta pauvreté, assiste à ta richesse éternelle,
Tous ceux qui veulent ton échec, assistent toujours à ton succès sur le plan national et Mondial ou international,
Tous ceux qui veulent ta division, assistent à ton unité et cohésion nationale,
Tous ceux qui veulent ta faiblesse, assistent à tes forces inébranlables, et ou feux de ton armée toujours triomphante.
Dr Issa NASSOKO, Bamako, juillet 2013